Il y a quelque chose de pourri dans la politique. Pour qui s'y intéresse un tant soit peu, la politique, dans son essence, la chose publique, est devenue quelque chose de nauséabond, de révulsif. Un peu partout, les nouvelles nous informent d'actes de corruption, de magouilles, de combines au plus haut niveau de l'État pour contourner les lois ou les principes. Ailleurs, Sarkozy, Fillon, Le Pen, etc. et au Liban aussi. Chez nous, un journaliste, Joe Maalouf, preuve à l'appui, a révélé la semaine dernière que 400 employés à une majorité écrasante chiite sont en charge de la sécurité du Parlement, et seul, Nabih Berry, président inamovible de la Chambre des députés, est en mesure de les recruter. Combien de ces employés se rendent effectivement au Parlement ? L'on sait qu'il s'agit d'un très petit nombre. Les autres y viennent une fois par mois pour toucher leurs salaires !
Ce qui est époustouflant, ce n'est pas la gravité de la nouvelle sur cette affaire, car, oui, il y a bien une affaire d'employés fictifs aux salaires bien réels divulguée sur une chaîne de télévision, la LBC, mais l'absence de réaction officielle, de recours, de sanction ! Ailleurs, dans un pays normal, la nouvelle aurait ébranlé le pays, et le président de la Chambre aurait été dans l'obligation de démissionner sur-le-champ pour un cas flagrant de népotisme et de dilapidation des deniers publics. Chez nous, rien, la nouvelle passe comme lettre à la poste! Incroyable tout de même !
D'autre part, le terme plus banal « hader », gaspillage, est le plus souvent usité pour masquer des vols de grande envergure, et des centaines de milliers de dollars évanouis irrémédiablement car ce n'est pas du gaspillage dont il s'agit, mais bien de vols en bandes organisées.
Il fut un temps où la politique était l'art de servir son pays et la nation parfois jusqu'à l'abnégation. Car « servir » est le mot-clé dans ce domaine, et les Anglo-saxons ne s'y sont pas trompés en usant de l'appellation « civil servant » pour tout fonctionnaire de l'État.
Au Liban, c'est tout le contraire qui se passe, au lieu de travailler pour nous, de progresser, de faire avancer les choses, d'être à notre service, nous finissons par nous préoccuper des politiques qui sont la source de nos problèmes et de nos malheurs à cause de leur incompétence et de leur cupidité.
Comment se fait-il que nous en soyons là ? Pourquoi cette indifférence synonyme de laisser-faire ? Jamais auparavant la banalisation de la corruption n'avait atteint un tel niveau !
Certes, les peuples ont le gouvernement qu'ils méritent. Mais allons-nous continuer à subir de tels actes de clientélisme indifférents et détachés ? Avons-nous atteint un tel degré d'apathie, d'abâtardissement, de désespoir que nous nous détachons aussi irrémédiablement d'une affaire de corruption grave et évidente qui n'est que le sommet de l'iceberg de la dégradation et du pourrissement des affaires publiques au pays du Cèdre ?
Dounia MANSOUR ABDELNOUR
Londres, Royaume-Uni
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Presque la moitié des députés n'avait pas mis les pieds au Parlement et avaient continuer à percevoir illégalement leurs salaires et ce, durant deux ans et demi. Qui est le voleur dans dans ce scandale, est-ce le payeur ou les payés ? A mon avis les deux. C'est cela le Liban, la "Suisse de l'Orient".
Un Libanais
19 h 29, le 21 mars 2017