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Culture - Festival al-Bustan

Katia Guerreiro, enchanteresse du fado

Dans sa tournée des reines et impératrices de l'Orient, le festival fait sa révolution des œillets et offre ce samedi soir une chanteuse de fado, Katia Guerreiro, héritière spirituelle de la légendaire Amalia Rodrigues.

La lumineuse Katia Guerreiro, nouvelle reine du fado.

Le fado est un genre musical portugais, très populaire, constitué de chants aux thèmes mélancoliques, accompagnés d'instruments à cordes pincées. La fadista, chanteuse de fado en portugais, décrit en chansons les thèmes récurrents : la saudade, l'amour inaccompli, la jalousie, la nostalgie des morts et du passé, la difficulté de vivre, le chagrin, l'exil, elle dépeint la vie quotidienne des quartiers pauvres de Lisbonne, où cet art a démarré dans les années 1820.

C'était bien avant la naissance de Katia Duarte d'Almeida d'Oliveira Rosado Guerreiro en 1976 à Vanderbijlpark, en Afrique du Sud. Ce sont ensuite les Açores qui l'accueilleront pour ses années de jeunesse et ses premiers pas dans la chanson au sein d'un groupe folklorique. Et c'est à Lisbonne qu'elle fera ses études de médecine de 1999 à 2005. Guerreiro ne suit pas un parcours balisé de jeune championne du fado, elle chante pour le plaisir et n'envisage pas du tout une carrière lyrique, puisqu'elle se voit en ophtalmologiste. Certes, elle avait intégré un groupe de reprises de tubes des années 60 en 1995 à son arrivée à Lisbonne, mais c'était plus comme passe-temps et soupape de pression aux études qu'elle s'apprêtait à suivre. Malheureusement pour elle, et heureusement pour nous, son ami João Veiga, qui l'a entendue chanter et a décelé le talent qu'elle gardait pour elle, lui lance un défi en lui demandant de participer à un concert hommage à Amalia Rodrigues, décédée un an plus tôt. En plus d'être une grande amoureuse du Liban, Amalia Rodrigues était une diva, une des 5 voix les plus importantes de l'art lyrique des années 50 avec Maria Callas, Ella Fitzgerald, Édith Piaf et Oum Kalsoum. Elle était une idole locale, une star internationale intouchable dont la notoriété était juste écornée par une supposée proximité avec la dictature de Salazar. Un peu comme pour Coco Chanel, l'histoire retiendra qu'elle s'est arrangée avec la situation pour pouvoir continuer à chanter.

 

(Pour mémoire : Buika et Carminho, entre duende et saudade...)

 

Un fantôme dans la salle
Participer à ce concert en 2000 a été un tremplin formidable pour la jeune chanteuse, la presse titrant le lendemain de sa performance « qu'un fantôme était dans la salle », faisant automatiquement de Katia Guerreiro l'héritière naturelle d'Amalia. Aussi passionnée de musique que de médecine, elle mène les deux carrières en parallèle, ne voulant quitter ni l'une ni l'autre. Tout en pratiquant la médecine en ophtalmologie, puis en chirurgie plastique, elle sort plusieurs CD, le premier Fado Maior en 2001, suivi de 8 autres jusqu'à aujourd'hui. Accompagnée d'une ou plusieurs guitares portugaises, en forme de larme et aux sonorités très lancinantes, Guerreiro fait évoluer l'art du fado et ses thèmes sombres. Alors que le chant lui servait d'exutoire, de moyen de sortir ses émotions et de les communiquer, maintenant qu'elle a fait la paix avec elle-même, qu'elle « a soigné son âme », elle inclut des partitions plus gaies et des textes moins sociaux pour parler de son bonheur de maternité, d'amour. Et étant plus une interprète qu'un véritable auteur, elle demande à des écrivains contemporains d'écrire des textes pour elle, modernisant ainsi un art finalement assez strict dans les thèmes abordés.

Le fado est, à l'instar du jazz, une conversation entre l'interprète et ses musiciens, aucun concert n'est le même, les discussions entre les artistes variant selon les humeurs des uns et des autres et les directions qu'ils donnent aux morceaux. Grands moments d'intimité et d'émotions, les concerts de fado ne laissent jamais personne indifférent, le chant devenant, par la magie de son interprétation, un langage universel compréhensible par tous, même au Japon où Katia Guerreiro fait régulièrement pleurer ce grand peuple qu'on dit timide et renfermé. Le concert de ce soir, à l'auditorium Émile Bustani, ne manquera pas de retourner le spectateur, qui ne pourra qu'apprécier à sa très grande valeur une artiste majeure, chevalier des Arts et des Lettres en France et présente régulièrement dans les plus grandes salles du monde.

 

Pour mémoire

La mélancolie portugaise charme les salles obscures

Le fado est un genre musical portugais, très populaire, constitué de chants aux thèmes mélancoliques, accompagnés d'instruments à cordes pincées. La fadista, chanteuse de fado en portugais, décrit en chansons les thèmes récurrents : la saudade, l'amour inaccompli, la jalousie, la nostalgie des morts et du passé, la difficulté de vivre, le chagrin, l'exil, elle dépeint la vie...

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