Le Parlement israélien a commencé hier à se prononcer sur des projets de loi pour limiter, voire interdire, les appels à la prière dans les mosquées. Les députés ont approuvé en vote préliminaire deux textes qui seront présentés devant une commission du Parlement afin de les fondre en un seul projet de loi qui ne pourra avoir force de loi qu'après trois lectures. Le premier texte interdit les appels des muezzins de 23h00 à 07h00. Il a été présenté par le Foyer juif, un parti nationaliste religieux membre de la majorité, et adopté dans une atmosphère très tendue par 55 voix contre 47. Il est conforme à la proposition adoptée par le gouvernement en février. Le deuxième est plus restrictif puisqu'il prévoit une interdiction totale du recours à des haut-parleurs de mosquées dans les zones urbaines. Il est défendu par Israël Beiteinou, un parti nationaliste laïc lui aussi membre de la majorité. Il a été approuvé par 55 voix contre 48. Les initiateurs de ces projets de lois ont invoqué la nécessité de réduire « les souffrances quotidiennes de centaines de milliers d'Israéliens exposés aux nuisances sonores des haut-parleurs des mosquées ». « La liberté de culte ne doit pas être appliquée au détriment de la qualité de la vie », défend l'un des textes. L'un des initiateurs des projets de loi, le député Motti Yogev du Foyer juif, a affirmé durant les débats houleux que les haut-parleurs n'avaient « pas toujours existé ». Et il a affirmé que « tous ceux qui veulent se lever pour se rendre à la mosquée » pouvaient utiliser un réveil.
Ahmad Tibi, un député arabe d'opposition de la Liste unifiée, a pour sa part qualifié ces projets de loi « d'actes racistes ». Les appels à la prière font partie « d'une importante cérémonie religieuse musulmane et la Knesset n'est jamais intervenue pour se mêler des cérémonies religieuses juives », a-t-il affirmé. « Cette loi ne porte ni sur le bruit ni sur la qualité de vie. Il s'agit d'une incitation raciste contre une minorité nationale », a quant à lui dénoncé Ayman Odeh, chef de file de la Liste unifiée.
Le texte s'appliquerait également à Jérusalem-Est, la partie de la ville occupée et annexée par Israël où vivent plus de 300 000 Palestiniens, mais pas à la mosquée al-Aqsa, le troisième lieu saint de l'islam et objet de tensions, selon un responsable israélien.
(Source : AFP)