Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Un peu plus

Jouer à chambre noire

On leur répète souvent à nos pauvres gamins qu'ils n'ont rien compris à la vie. Que c'était mieux avant. Avant internet, les téléphones mobiles, YouTube, iTunes, Facebook, Snapshat, Instagram, Netflix. Avant WhatsApp, iMessage. Les émoticônes et leurs danseuses de flamenco, leurs écureuils, œufs au plat, kimonos, sculptures de l'île de Pâques ou leurs CD (totalement inusités aujourd'hui).

C'était mieux avant, parce qu'on parlait aux gens et qu'il y avait l'attente. L'attente d'une réponse, d'un rappel, d'une ligne téléphonique qui ne se libérait pas. L'attente d'une lettre. On parlait aux gens quand ils étaient avec nous au lieu d'être scotchés sur nos téléphones à parlotter avec d'autres gens. C'était mieux, parce qu'on écrivait des phrases et pas des jetm, lol ou autres xxx . Mieux, parce qu'on se foutait du nombre de likes générés par une photo de nos jambes à la plage et de la pizza qu'on a ingurgitée la veille. Qu'on se foutait de savoir où se trouvaient les gens pour leurs vacances, qu'on ne prenait pas des selfies avec nos vieux appareils photo argentique parce qu'on était en amoureux et qu'il n'y avait personne pour immortaliser notre visite au Grand Canyon.

Mieux, parce qu'on savait s'ennuyer. Qu'on feuilletait les beaux livres sur Renoir et Monet que nos parents possédaient. Qu'on savait lire surtout. Même si on n'aimait pas Zola, qu'on n'avait pas compris Madame Bovary, que Le Grand Meaulnes ne ressemblait en rien à notre jeunesse et que l'étude de L'Albatros nous semblait inutile.
Mieux, parce qu'il n'y avait qu'une émission pour enfants et que le reste du temps, on inventait des jeux, on construisait des châteaux avec des cubes de bois pour nos cow-boys de Playmobils. On faisait des parties de Monopoly, on jouait aux dominos, à chambre noire.
Mieux, parce qu'on regardait la télé en famille et qu'on découvrait les vieux films. Casablanca, Fort Alamo, The King and I. Qu'on savait qui étaient Johnny Weissmuller ou Yul Bryner. Mieux, parce qu'en matant une série, on retardait le plaisir en attendant une semaine avant de savoir si Alexis Colby allait arnaquer Blake Carrington, en attendant de savoir si Brenda Walsh allait céder aux avances de Dylan. Mieux, parce qu'on connaissait tous les morceaux des chanteurs qu'on aimait. Qu'on écoutait tout un album, qu'on savait qui avait écrit les paroles et qu'on aimait le bruit de l'aiguille sur le sillon.
Mieux, parce qu'on savait ce qu'était de faire la cour et de se faire courtiser. Que les hommes étaient plus galants, les femmes plus difficiles. Qu'ils venaient chercher leur flirt de chez elle en disant bonjour aux parents. Mieux, parce qu'on ne souffrait pas de voir son ex avec son nouveau mec, allongés sur une plage aux Maldives.

Nous sommes une génération nostalgique d'une autre époque. Nous sommes les témoins du passage d'une époque à une autre. Témoins de la naissance de Google quand nous, nous devions aller à la bibliothèque. Nous avons vu les vinyles céder la place aux CD puis aux MP3. Nous avons connu Pacman et Atari, et nous connaissons la Virtual Reality de la Playstation. Nous sommes passés du combiné du téléphone de la maison au petit Nokia, au iPhone 7 et aux tablettes. Des pellicules Kodak à développer et qu'on craignait de voir brûlées aux 1 000 instantanés de notre gin basil sur la table d'un bar à New York.

Nous ne pourrons jamais les convaincre que c'était mieux avant, parce qu'ils ne connaissent pas cet avant dont on parle. Et qu'eux, ne sont pas nostalgiques. Et que, finalement, c'est peut-être mieux après. Que ce sont eux qui ont tout compris. Que leur vie est plus sympa que la nôtre. Qu'elle est plus riche. Et que s'ils lisent moins ou pas, c'est parce qu'ils découvrent beaucoup d'autres choses différemment. Parce qu'ils ont le choix. Que c'est plus marrant de chater que de ne pas trouver son pote à la maison quand on l'appelle. Que retrouver sa famille au Mexique via Facebook, c'est génial. Bien mieux que de ne jamais savoir ce qu'ils sont devenus. Mieux de Shazamer le dernier morceau de Jain au lieu de le fredonner chez Disco Number 1, de le downloader et de mettre repeat au lieu de rembobiner sa K7.
Ils ne sont pas nostalgiques et ne le seront probablement jamais parce qu'ils sont nés maintenant. Et c'est bien mieux comme ça.

On leur répète souvent à nos pauvres gamins qu'ils n'ont rien compris à la vie. Que c'était mieux avant. Avant internet, les téléphones mobiles, YouTube, iTunes, Facebook, Snapshat, Instagram, Netflix. Avant WhatsApp, iMessage. Les émoticônes et leurs danseuses de flamenco, leurs écureuils, œufs au plat, kimonos, sculptures de l'île de Pâques ou leurs CD (totalement inusités...

commentaires (3)

"Ils ne sont pas nostalgiques, et c'est bien mieux comme ça." ! En effet. Parce-qu’on en a marre de cette pseudo-Nostalgie, qui n'est en réalité que "Pur!" conServatisme !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

10 h 33, le 25 février 2017

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • "Ils ne sont pas nostalgiques, et c'est bien mieux comme ça." ! En effet. Parce-qu’on en a marre de cette pseudo-Nostalgie, qui n'est en réalité que "Pur!" conServatisme !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 33, le 25 février 2017

  • TOUS CES NOUVEAUX ATOUTS NE SONT QU,AU SERVICE DE FACONNER ET DE DIRIGER LES LOBES QUI NE PEUVENT EN RESISTER... DES MACHINES PILOTEES ! BIEN SUR QUE C,ETAIT TANT MIEUX AVANT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 19, le 25 février 2017

  • Très bien!!!!

    NAUFAL SORAYA

    08 h 03, le 25 février 2017

Retour en haut