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Moyen Orient et Monde - Reportage

À Gaza, des Syriens essayent de reconstruire leur vie en ruine

Les réfugiés seraient entre 150 et quelques centaines dans l'enclave palestinienne.

Anas Qaterji prépare le repas dans son restaurant situé dans le camp de réfugiés de Nousseirat, dans la bande centrale de Gaza, le 3 janvier 2017. Photo Mahmud Hams/AFP

Quand le restaurant familial a été écrasé sous les bombes à Alep, Anas Qaterji n'a eu d'autre choix que de fuir la Syrie. C'est par un tunnel sous la frontière égyptienne qu'il est entré dans la bande de Gaza sous blocus.

Depuis son arrivée en 2013, il a retrouvé dans le territoire palestinien un peu de la vie qui était autrefois la sienne dans la prospère capitale économique syrienne. Il a ouvert un restaurant identique à celui qu'il a laissé derrière lui près de la citadelle d'Alep.

Dans le camp de réfugiés de Nousseirat, au sud de la ville de Gaza, Anas Qaterji, 29 ans, a acheté un local de 50 mètres carrés pour 50 000 dollars. D'Alep, il a sauvé un panneau de bois, vieux selon lui de 500 ans, sur lequel sont calligraphiés des versets coraniques. Le vestige trône désormais au milieu de la petite cantine de l'immense camp où près de 160 000 réfugiés s'entassent dans la misère. Au-dessus de cafetières traditionnelles et d'antiques tasses en cuivre, un panneau proclame : « Restaurant Jar al-Qalaa 2 : on vous emmène à Alep ».

Difficile de dénombrer les Syriens de Gaza. Beaucoup sont arrivés là faute de trouver de quoi vivre en Égypte et pensant qu'ils ne resteraient pas. Ils sont entrés illégalement par l'Égypte pendant la brève présidence de l'islamiste Mohammad Morsi, destitué en 2013. Depuis, l'armée égyptienne a détruit la grande majorité des tunnels qu'ils avaient empruntés. Ils seraient entre 150 et quelques centaines dans l'enclave palestinienne tenue sans partage par le Hamas islamiste, selon des sources locales. Aucun d'eux n'est enregistré ou n'a déclaré officiellement son entrée.

 

Pauvreté endémique
Warif Qassem Hamido, à la tête d'une association de familles syriennes, a lui aussi tout quitté à Alep. Il est arrivé un jour de 2013, avec 11 autres familles syriennes. À Gaza, il a ouvert son restaurant, Souriana. Seuls quatre Syriens sont parvenus à rebondir, relève-t-il. Pour les autres réfugiés, la vie est « très dure ». La bande de Gaza a été ravagée par trois guerres avec Israël entre 2008 et 2014. Le chômage caracole à 45 %, l'inflation ne cesse de grimper.

L'agence de l'Onu en charge des réfugiés palestiniens, l'Unrwa, est un soutien vital pour une grande partie de la population, mais elle ne prend pas en charge les Syriens. Ces derniers « n'ont aucun moyen de payer leur loyer, de se soigner ou de payer les frais d'université de leurs enfants », déplore Warif Qassem Hamido.
Pour les situations d'urgence, l'association de cet animateur d'une émission télévisée sur les Syriens de Gaza lance des appels à l'aide sur les réseaux sociaux. Elle vient de rassembler une collecte pour financer l'appendicectomie du petit Issam, trois ans.

 

« Mêmes souffrances »
Le restaurateur Anas Qaterji se languit de ses vieux parents, restés à Alep, mais il ne rentrera pas. Car à Gaza, il a rencontré celle qui est devenue sa femme. Les clients se succèdent chez lui pour acheter des chawarmas et autres délices syriens à des prix abordables.

Comme Nadia Baraka, 20 ans, qui vient autant pour le plaisir du ventre que pour l'acte militant. « Je montre ma solidarité avec les Alépins qui vivent les mêmes souffrances que nous durant les offensives israéliennes », explique cette étudiante, en admirant l'élégante décoration de la salle où des employés en tenue ottomane servent les clients. « Ici, tout le monde parle d'Alep, les Palestiniens suivent de près l'actualité syrienne », assure Anas.

Mais un tel soutien ne suffit pas à Majed al-Atar, 47 ans, arrivé de Damas durant l'été 2012 via un tunnel. Il a quitté le conflit syrien pour vivre deux offensives israéliennes sur Gaza. Incapable de trouver autre chose que de petits boulots, il ne peut payer ni l'école des enfants ni l'opération de sa femme pour des problèmes de vue. Sans aide des autorités, il est tributaire des associations de bienfaisance. « Les instances en charge des réfugiés doivent nous faire sortir de Gaza et nous relocaliser ailleurs car la situation empire de jour en jour », s'alarme-t-il.

 

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