Des manifestants lors de la marche anti-Trump à Mexico, hier. Ronaldo Schemidt/AFP
En pleine crise diplomatique entre Mexico et Washington, les Mexicains ont été appelés hier à manifester contre le président américain Donald Trump et son projet de construire un mur à la frontière. Sous le mot-clé #VibraMéxico (Vibre, Mexique), largement relayé sur les réseaux sociaux, les habitants d'une vingtaine de villes ont défilé à la mi-journée, vêtus de blanc ou arborant le drapeau rouge, blanc et vert du Mexique. « Il est temps que nous, les citoyens, nous unissions nos forces et nos voix pour manifester notre rejet et notre indignation face aux intentions du président Trump, tout en cherchant des solutions concrètes au défi que celles-ci impliquent », clament dans un communiqué les organisateurs, près de 80 associations civiles, entreprises et universités. Cet appel survient au moment où les États-Unis et le Mexique traversent leur plus grave crise diplomatique depuis des décennies.
Le décret du président Trump en vue de faire construire un mur à la frontière, censé freiner l'immigration illégale, et son intention de le faire financer par Mexico ont poussé le président mexicain Enrique Peña Nieto à annuler sa visite à Washington prévue pour le 31 janvier. Depuis, les deux hommes se sont parlés au téléphone et ont convenu que leurs équipes se réuniraient pour sortir de l'impasse. Le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Videgaray, s'est d'ailleurs rendu à Washington mercredi. Il s'est félicité d'une « bonne première réunion (...) cordiale (...) respectueuse et (...) constructive » avec le nouveau secrétaire d'État américain Rex Tillerson, annonçant à des médias hispanophones que le ministre américain irait « au Mexique dans les prochaines semaines ».
Arrestations en série
Malgré un coup de frein judiciaire et les protestations de l'opposition, Donald Trump entend poursuivre sa politique d'expulsion de clandestins et le refus des étrangers venant de pays assimilés à des viviers terroristes et des réfugiés. Après une vague d'arrestations de clandestins au cours de la semaine écoulée, la Maison-Blanche a confirmé hier sa volonté d'accélérer l'expulsion des sans-papiers. « La répression contre les clandestins criminels n'est que l'application de ma promesse de campagne, a écrit le président américain sur Twitter. Des membres de gangs, des trafiquants de drogue et d'autres sont en train d'être expulsés ! »
Une grande opération de plusieurs jours baptisée « Cross Check » a permis d'arrêter des centaines de clandestins dans plusieurs grandes villes des États-Unis. Les autorités insistaient samedi sur le caractère routinier de ces opérations. Mais la Maison-Blanche a affirmé hier qu'il s'agissait d'une montée en gamme de la répression contre les clandestins. « Sur ordre du président, des opérations de contrôle d'immigration fortement élargies et plus vigoureuses ont été lancées », a expliqué Stephen Miller, conseiller de Donald Trump, sur la chaîne Fox. « Il est vrai que les opérations Cross Check sont menées chaque année. Mais cette année, nous avons pris des mesures nouvelles et plus importantes pour expulser les étrangers délinquants », a-t-il précisé.
Nouveau décret ?
Sur le décret migratoire suspendu par la justice, la Maison-Blanche a envoyé hier un message de défi, indiquant que M. Trump pourrait signer dans les prochains jours une version modifiée du décret initial, qui résisterait cette fois à l'examen des tribunaux. La cour d'appel fédérale de San Francisco a en effet estimé jeudi que l'exécutif n'avait pas une autorité absolue dans le domaine migratoire et que les droits des étrangers détenteurs de visa devaient être respectés. « Les juges se sont approprié un pouvoir qui appartient clairement au président des États-Unis », a déploré Stephen Miller sur la chaîne NBC. « Aucun étranger venant du Yémen ou d'ailleurs n'a un droit constitutionnel à entrer dans notre pays », a-t-il martelé, en soulignant que la sélection des sept pays était basée sur leur situation sécuritaire. « La Syrie est une zone ravagée. La Libye est en ruine. Le Yémen fait face à la résurgence d'un grand mouvement terroriste », a-t-il justifié.
Vendredi, Donald Trump avait évoqué la possibilité d'un nouveau décret, « peut-être lundi ou mardi », une option qui restait sur la table hier. Même si la bataille peut également se poursuivre devant les tribunaux, voire la Cour suprême, a indiqué Stephen Miller. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger notre pays du terrorisme », a-t-il dit.
(Source : AFP)