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Liban - Communautés

Edmond Farhat, « l’Araméen errant », une passerelle entre deux mondes

Le patriarche maronite a rendu hommage dimanche à un grand serviteur de l'Église catholique et du Liban, Mgr Edmond Farhat. On lui doit notamment le premier guide du Vatican en langue arabe.

Edmond Farhat (1933-2016). Venu pour servir et non pour être servi.

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a de nouveau rendu hommage, dimanche, à Mgr Edmond Farhat (83 ans), à l'occasion du quarantième de son décès à Rome (16 décembre 2016). Né au Liban, dans le village de Aïn Kfah, une perle cachée de la région de Byblos-Jbeil sertie dans un écrin d'oliveraies, cet évêque maronite était peu connu des fidèles du Liban, ayant été très tôt choisi par le Vatican pour être au service de l'Église à Rome même.

C'est ainsi qu'après un passage au service arabe de Radio-Vatican, Mgr Farhat allait passer près de vingt ans (1970-1989) comme membre, puis sous-secrétaire du synode des évêques, une structure créée par le pape Paul VI, dans le sillage du concile Vatican II, pour l'assister sur le plan pastoral, dans l'esprit de collégialité que le concile avait encouragé.

Par la suite, du fait de ses qualités de discrétion et de convivialité ayant fait leurs preuves et de sa familiarité avec le monde musulman, Jean-Paul II rattacha Edmond Farhat au corps diplomatique du Vatican. Ce fut d'ailleurs le grand pape qui l'ordonna évêque (il avait été consacré prêtre par le patriarche Méouchy en 1959). Mgr Farhat, proclamé archevêque titulaire (honorifique) de Byblos, fut nonce d'abord en Algérie, puis en Libye et en Tunisie, enfin dans des pays non arabes, comme la Turquie, le Turkménistan, la Slovénie et la Macédoine. Il termina sa carrière diplomatique en Autriche (2009).

Enfin libre de sont temps, Mgr Farhat se consacra à ce qui lui donnait le plus de joie, l'écriture. Ses efforts débouchèrent sur la réalisation de plusieurs livres, dont un ouvrage de référence sur Le Vatican, ses significations et ses monuments, premier guide du Vatican en langue arabe (2015), publié par la Librairie éditrice vaticane (LEV).
« Pourquoi le Vatican ? »

L'auteur s'en expliqua en déclarant : « Tout d'abord, parce que c'est un patrimoine universel, parce que le monde arabe est ouvert à la culture et en particulier à l'Église catholique dès le Moyen Âge. La Bibliothèque du Vatican contient plus de 2 500 manuscrits arabes : le plus ancien manuscrit arabe dans le monde est conservé au Vatican et probablement la plus ancienne copie du Coran est dans la Bibliothèque apostolique. Donc, l'intérêt envers le Vatican existe toujours. »
Le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, salua dans la publication de l'ouvrage « une passerelle vers la réalité culturelle du Vatican, et surtout vers la foi religieuse », soulignant l'importance de cette publication qui démontre la possibilité du « dialogue ouvert » entre les « communautés chrétiennes » et « les musulmans ».

Parmi les nombreux articles et discours prononcés par le nonce figure celui qui a marqué l'un des moments de la cérémonie d'installation d'une statue de saint Maron dans une niche de la façade extérieure de la basilique Saint-Pierre, sous le pontificat de Benoît XVI (2011).
Il y parla dans une langue dont il avait le secret de « l'Araméen errant » que fut saint Maron, moine du IVe siècle, père de l'Église maronite devenue nation, dont on fêtait cette année les 1600 ans. C'est qu'en dépit de son séjour prolongé au Vatican, où se déroula toute sa carrière ecclésiastique, Mgr Edmond Farhat avait gardé vivante la flamme de son attachement au Liban.
« Il a aimé et servi l'Église et le Liban de tout son cœur, à l'image du Christ qui est venu pour servir et non pour être servi », déclara le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'État du Vatican, lors de la cérémonie funéraire qui précéda, à Rome, le transfert de sa dépouille mortelle au Liban. Il repose aujourd'hui en terre de Jbeil, dans le cimetière familial.

« Il n'y a rien de plus fort qu'un homme qui joint les mains », écrit Kierkegaard. Cette phrase pourrait servir d'exergue à la vie d'Edmond Farhat. Rassemblant les plus belles prières des papes du XXe siècle, son livre Quand les papes prient (Téqui éditeur) nous plonge dans ce courant de grâces qui a conduit l'Église au grand jubilé de l'an 2000 et, au-delà, à l'entrée dans les turbulences du IIIe millénaire de l'histoire de l'Église catholique.

 

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