Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - Élie Michel NASARD

Loi électorale vs seigneurs féodaux

Mohammad Azakir/Reuters

À peine ont-ils senti que le nouveau régime est sérieux et déterminé à faire voter une nouvelle loi électorale équitable et moderne, malgré toutes leurs manigances et manœuvres visant à faire traîner indéfiniment l'étude de la loi en question, et à maintenir simultanément et indéfiniment le Parlement actuel, à coups de prorogations illégitimes ; donc à peine sommes-nous arrivés à ce stade, qu'ils se sont démasqués pour livrer, cette fois-ci à visage découvert, leur ultime bataille, dans l'espoir de maintenir, sinon tous leurs privilèges tribaux, féodaux et ancestraux, du moins une certaine partie, afin de ne pas se retrouver dans les rangs des déshérités(?), privés de l'afflux de leurs louches ressources pléthoriques traditionnelles. Parce qu'il semble, en effet, que leurs sources de revenu traditionnelles se sont toutes subitement taries, surtout celles de certaines monarchies, lesquelles, avec les nouveaux cours bas du pétrole et leurs dépenses extraordinaires pour financer et attiser les guerres perdues (pour elles) déclenchées successivement en Irak (en 2003), puis en Libye, Syrie et Yémen, se sont retrouvées avec d'énormes déficits budgétaires. Sans parler de la nouvelle loi américaine Jasta, qui ne se priverait pas d'autoriser les parents des victimes américaines du 11/09/2001, le cas échéant, à puiser dans les énormes réserves saoudiennes accumulées et entassées dans les banques américaines, particulièrement dans le cas où l'idée d'un rapatriement éventuel de ces fonds effleurait l'esprit de leurs détenteurs.
C'est comme cela que raisonnent nos zaïms-beys communautaro-féodaux (y compris ceux qui prétendent vouloir une nouvelle loi, mais qui, sournoisement, travaillent dans le sens opposé), parce que le pays leur appartient, puisqu'ils se le sont partagés depuis longtemps. Ils n'arrivent donc pas à gober l'idée d'en être dépossédés, quitte à abuser de toutes sortes de slogans, sans se priver de déclarations confessionnelles, du genre : Il faut tenir compte de la situation spéciale ou exceptionnelle de la communauté « X »... Comme si celle-ci (ou d'autres) ne peut être représentée (en général) que par des dynasties déterminées, sinon en ligne droite verticale (de père en fils ou de grand-père en petit-fils) et pourquoi pas horizontale (via l'épouse ou le frère), oblique (père-neveu par exemple), ou autre forme de géométrie variable ? Pourtant, ils portent des titres de bourreaux du peuple, lesquels furent accordés jadis à certains de leurs ancêtres, pour services rendus. Mais rendus à qui ?
Devant ces requins, le président Aoun n'aura évidemment pas la tâche facile, mais combatif et combattant qu'il est, et comme il l'a toujours été pour défendre l'image d'un certain Liban sain, le peuple compte sur cet homme exceptionnel pour réaliser son rêve de vivre dans un pays normal parmi le monde civilisé, c'est-à-dire moralement et matériellement propre, débarrassé de ses parasites, souverain et indépendant (et non pas dans les paroles des discours et des chants patriotiques seulement), en récupérant tout ce qui serait récupérable de ce qu'il lui a été volé par les mêmes maîtres-chanteurs ; et en sanctionnant les responsables, tout en exploitant et distribuant nos richesses nationales honnêtement et équitablement, en menant les Libanais (tous les Libanais) vers une prospérité méritée, qui leur a été déniée depuis longtemps ! Malgré ses pouvoirs restreints, le président peut toujours faire beaucoup. Il demeure le chef suprême des forces armées et de la magistrature, et il est le seul à avoir juré de respecter la Constitution et les lois. Aussi, il ne faut pas négliger sa forte personnalité et son pouvoir moral considérable, d'autant plus que l'homme est propre et transparent. Par conséquent, on ne peut pas le faire chanter.
Ce président demeure le seul espoir qui reste pour sauver ce pauvre peuple, trahi, pillé, vendu et humilié par une classe politique qui a transformé ce si beau pays en un territoire aussi hideux qu'elle, ravagé par toutes sortes de pollutions morales et matérielles, où rien n'est régulier, et où tout se vend et tout s'achète. Ils ont rendu notre vie insupportable, surtout pour les gens modestes ou démunis, sans pistons. Même pour entamer la plus petite formalité administrative, il faut attendre des heures (au détriment du travail ou gagne-pain du solliciteur), dans d'interminables queues, où celui qui sait jouer des coudes ou le pistonné passent avant les autres et si vous essayez de les en empêcher, vous risquez d'essuyer des insultes et même des coups.

Élie Michel NASARD

À peine ont-ils senti que le nouveau régime est sérieux et déterminé à faire voter une nouvelle loi électorale équitable et moderne, malgré toutes leurs manigances et manœuvres visant à faire traîner indéfiniment l'étude de la loi en question, et à maintenir simultanément et indéfiniment le Parlement actuel, à coups de prorogations illégitimes ; donc à peine sommes-nous...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut