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Économie - Focus

En Turquie, le tourisme ne se remet pas d’une année sanglante

Une guide touristique déposant hier des œillets rouges à Sultanahmet, sur le site de l’attentat-suicide qui a causé la mort de 13 touristes, le 12 janvier 2016. Ozan Kose/AFP

Depuis près d'un demi-siècle que Yavuz Indere travaille comme réceptionniste dans des hôtels d'Istanbul, il a été le témoin de coups d'État, de diverses vagues d'instabilité et de crises économiques. Mais la période actuelle est de loin la plus difficile pour le tourisme qu'il ait connue.
« Je fais ce travail depuis 45 ans, évidemment que j'ai déjà vécu des années difficiles, mais cette fois c'était différent », raconte-t-il, dans un minuscule hôtel au cœur du quartier historique de Sultanahmet. Il y a un an, le 12 janvier 2016, un attentat-suicide dans ce quartier très touristique a causé la mort de 13 touristes, dont 12 Allemands. Cet attentat a été le premier d'une série noire pour la Turquie également secouée par un coup d'État manqué. En conséquence, de nombreux hôtels ont dû mettre la clé sous la porte. « Le cœur du problème, c'est que les attaques terroristes ne s'arrêtent pas. Les gens qui partent visiter un pays veulent une garantie (...) qu'il ne se passera rien », ajoute le réceptionniste.
Le nombre de touristes étrangers à Istanbul, hub touristique avec ses mosquées historiques et ses palais ottomans, est tombé à 9,2 millions en 2016, en baisse annuelle de 26 %, selon la Direction de la culture et du tourisme d'Istanbul. La plupart des touristes viennent d'Europe, avec 3,9 millions d'arrivées, et du Moyen-Orient avec 2,3 millions. Le nombre de touristes en provenance des pays arabes a chuté de 22 % en 2016, alors que leur nombre avait presque triplé entre 2011 et 2015.
2016 a été une année sanglante pour la métropole turque s'étendant entre l'Europe et l'Asie. L'attentat de Sultanahmet, imputé au groupe État islamique (EI), a été suivi en mars d'un attentat sur l'avenue Istiklal, célèbre artère piétonne, qui a coûté la vie à trois Israéliens et un Iranien. Dix-neuf étrangers ont ensuite perdu la vie dans un attentat contre l'aéroport Atatürk, imputé aussi à l'EI. Alors que la Turquie se remettait du coup d'État manqué du 15 juillet, un double attentat revendiqué par un groupe radical kurde aux abords du stade de football de l'équipe de Besiktas a causé la mort de 46 personnes en décembre. Et le pays a accueilli le Nouvel An avec une nouvelle tuerie dans une discothèque d'Istanbul, le Reina, où 39 personnes ont été abattues par un homme armé qui est toujours en fuite. Ce massacre a été revendiqué par l'EI.

Lourd tribut en devises
Le secteur du tourisme a payé un lourd tribut et pas seulement à Istanbul : la Turquie a accueilli 42 millions de touristes en 2015 et s'attend à une chute de 10 à 12 millions de visiteurs en 2016, selon Cetin Gurcun, secrétaire général de l'Association des agences de voyage turques (Tursab).
« En termes de devises, les recettes représentaient 31,6 milliards de dollars en 2015 et nous avons une baisse de près de 10 milliards de dollars en 2016 », explique-t-il.
Dans les zones touristiques, des policiers lourdement armés patrouillent les rues, signe des mesures de sécurité renforcées à la suite des attaques. « Quand je les vois, je me sens en sécurité parce que ça veut dire qu'il y a des gens ici qui veulent nous protéger », dit Ümran Aslan, une guide touristique. « Cette année, personne n'est venu, déplore-t-elle néanmoins. C'est triste, parce que j'aime beaucoup mon travail. »
Fulya OZERKAN/AFP

Depuis près d'un demi-siècle que Yavuz Indere travaille comme réceptionniste dans des hôtels d'Istanbul, il a été le témoin de coups d'État, de diverses vagues d'instabilité et de crises économiques. Mais la période actuelle est de loin la plus difficile pour le tourisme qu'il ait connue.« Je fais ce travail depuis 45 ans, évidemment que j'ai déjà vécu des années difficiles,...

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