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Moyen Orient et Monde - Justice

L’enquête sur Netanyahu, un défi à sa longévité politique

Le Premier ministre israélien est accusé d'avoir reçu des « cadeaux illégaux ».

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (à droite) avec un membre de la Knesset, le 2 janvier. Gali Tibbon/AFP

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu fait l'objet d'une enquête criminelle qui pourrait mettre en péril sa carrière politique même s'il s'est bien sorti d'affaires précédentes et qu'il reste la figure de proue de la scène politique.
La police l'a interrogé lundi soir durant trois heures dans sa résidence de Jérusalem et indiqué qu'il était soupçonné d'avoir reçu des « cadeaux illégaux », sans donner de détail. Le procureur général Avishai Mandelblit a par ailleurs confirmé que M. Netanyahu était « soupçonné d'avoir reçu des cadeaux d'hommes d'affaires ». Selon les médias, il s'agirait de présents d'une valeur de plusieurs dizaines de milliers de dollars, offerts par des partisans de M. Netanyahu en Israël et à l'étranger.
La police enquêtait sur cette affaire depuis plusieurs mois, qui n'a officiellement été requalifiée que lundi soir d'enquête criminelle par le procureur général. Cette requalification et l'annonce de l'interrogatoire de M. Netanyahu ont secoué la scène politique, provoquant des spéculations sur la possible chute de celui qui dirige Israël depuis 2009. Le Premier ministre a toutefois appelé lundi ses adversaires à ne pas se réjouir trop vite et d'« attendre pour les festivités ». « Il n'y aura rien car il n'y a rien », a-t-il assuré.
Mais selon certains experts, la menace est cette fois-ci plus sérieuse que par le passé. « Les dernières fois (...) il a essayé de dire "Vous vous en prenez à ma femme, vous vous en prenez à ma vie privée, c'est une manière illégale de tenter de revenir sur des élections démocratiques" », relève Gayil Talshir, professeure de sciences politiques à l'université hébraïque de Jérusalem. « Je pense que cela va être sa stratégie cette fois-ci aussi, mais ça a l'air plus sérieux », précise-t-elle à l'AFP.

Longévité politique
Pendant huit mois, les policiers ont mené des investigations en secret sur le dossier. Parmi les personnes interrogées figure Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial et membre de la famille de la fondatrice du groupe de cosmétique américain Estée Lauder. Il est considéré comme un allié de M. Netanyahu.
Le Premier ministre a par ailleurs reconnu avoir reçu 40 000 dollars de contributions du magnat français Arnaud Mimran en 2001, alors qu'il n'occupait pas de fonction officielle. M. Mimran a écopé en juillet d'une peine de huit ans de prison pour une escroquerie à la taxe carbone de 283 millions d'euros.
Dans ce contexte, les opposants de M. Netanyahu, à la fois à l'intérieur de son parti et dans l'opposition, sont en quête de signes d'affaiblissement du large soutien dont il bénéficie dans la population.
Selon les derniers sondages, celui que les Israéliens surnomment « Bibi » reste l'homme politique jugé le plus apte à diriger le pays et il n'a pour le moment aucun concurrent sérieux. Le prédécesseur de M. Netanyahu, Ehud Olmert, avait été forcé de démissionner en raison d'affaires de corruption pour lesquelles il purge actuellement 27 mois de prison.
Mais un tel scénario reste éloigné pour M. Netanyahu, estime Amotz Asa-El, ancien directeur du Jerusalem Post. « Ehud Olmert avait été lâché par ses soutiens, pourtant substantiels, lorsque les soupçons pesant sur lui avaient commencé à apparaître solides, mais je ne pense pas que cela se produira maintenant avec Netanyahu », explique-t-il, ajoutant toutefois que des révélations supplémentaires pourraient changer la donne.
M. Netanyahu et sa famille ont à plusieurs reprises été confrontés à des démêlés judiciaires. En 2000, lui et son épouse Sara avaient fait l'objet d'une enquête dans une affaire de corruption alors qu'il était au pouvoir entre 1996 et 1999. La justice avait finalement renoncé à les inculper faute de preuves. En 2015, Mme Netanyahu avait été interrogée sur des allégations accusant le couple d'avoir dépensé l'argent des contribuables pour des meubles de jardin et des réparations électriques dans leur villa personnelle de Césarée. M. Netanyahu dirige Israël depuis 11 années au total si on prend en compte son premier mandat, entre 1996 et 1999. Il se rapproche ainsi des 13 années de pouvoir du premier Premier ministre et fondateur de l'État hébreu, David Ben Gourion.
Mais cette longévité politique pourrait tourner court si des détails sordides filtraient de l'enquête en cours. De telles révélations pourraient « entacher son aura publique et le présenter comme un homme dans une quête désespérée et donc pathétique d'avantages », écrit ainsi Chemi Shalev dans Haaretz. « Lorsque cela arrivera, M. Netanyahu pourrait entrer dans une spirale de mort politique, et de nouvelles élections seront dans l'air ».
Mike SMITH/AFP

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu fait l'objet d'une enquête criminelle qui pourrait mettre en péril sa carrière politique même s'il s'est bien sorti d'affaires précédentes et qu'il reste la figure de proue de la scène politique.La police l'a interrogé lundi soir durant trois heures dans sa résidence de Jérusalem et indiqué qu'il était soupçonné d'avoir reçu des...

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