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Diaspora - Réunion de famille

Revenir au Liban pour y fêter ses 60 ans

Sylvia Ghosn se décrit comme une vraie Carioca. Pour la première fois depuis 36 ans, elle est de retour au pays de ses racines.

Les descendants de Abdo et Émilia Bichara Ghosn.

Trente-six ans qu'elle n'avait pas remis les pieds au Liban et qu'elle rêvait d'y retourner, rien que pour marcher sur les pas de son enfance. Trente-six ans qu'elle reportait ce long périple, depuis le Brésil, sa seconde patrie, par peur de mal gérer émotionnellement ses retrouvailles avec son pays d'origine, sa langue natale et une partie de sa famille restée sur place. Alors pour ses 60 ans, Sylvia Ghosn a reçu de ses frères et sœurs, Claudine, Carlos et Nayla, le cadeau de ses rêves, un séjour d'une dizaine de jours au Liban, et une mégaréunion de famille en leur compagnie, dans les jardins du domaine d'Ixsir, à Besbina.
L'émotion était donc à son comble, le 15 octobre dernier, au vignoble d'Ixsir, où une bonne centaine de membres des deux familles Ghosn et Jazzar, paternelles et maternelles, étaient conviés à déjeuner autour de la reine de la fête. Frères et sœurs, cousins et cousines, oncles et tantes du Liban et des quatre coins du monde, même les plus âgés, descendants de Abdo et Émilia Bichara Ghosn, d'une part, de Maroun et Marie Jazzar, d'autre part, n'ont pas hésité à faire le déplacement avec leurs conjoints, histoire de célébrer ces retrouvailles après tant d'années, se remémorer les souvenirs d'enfance, partager un repas traditionnel libanais, esquisser ensemble quelques pas de dabké ou de samba brésilienne.

La promesse d'un prochain retour

De purs moments de bonheur pour une Sylvia bouleversée, riant et pleurant à la fois en soufflant ses bougies d'anniversaire, serrant chacun fort dans ses bras, comme pour bien s'en imprégner. Et qui se promettait déjà d'être de la fête à chaque prochaine réunion de famille. « Je ne raterai plus jamais ça. Je reviendrai », lançait-elle à la ronde. Ses impressions sur le pays ? « Il a changé, certes, mais il reste le Liban que j'ai toujours connu, avec ses qualités et ses défauts », disait-elle, relatant son séjour, ponctué de promenades touristiques, de visites familiales et de virées dans les quartiers de son enfance.

Revenir au Liban après toutes ces années d'exil, même pour quelques jours, n'était pas une décision facile pour celle qui se considère désormais comme une pure Carioca et qui affirme ne jamais s'être sentie déracinée. « Je n'étais pas sûre d'être capable de parler l'arabe de nouveau. Mais les mots me reviennent si facilement », notait-elle aisément en libanais.

Alors, pour faciliter cette première réinsertion, ses frères et sœurs l'ont accompagnée dans son périple, Claudine Bichara, l'aînée, présidente de la Chambre de commerce France-Brésil de Rio, Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, et Nayla Beydoun, la benjamine, qui vit entre Pau, les États-Unis et les pays arabes. Une préparation psychologique et physique a même été nécessaire, le pays ayant tellement changé, Sylvia aussi. « J'avais pris énormément de poids. J'ai suivi un régime alimentaire strict. Je voulais que mes proches me revoient telle que j'étais. »

Pari réussi pour l'émigrée aux cheveux poivre et sel, mais aussi pour ses frère et sœurs qui ont relevé le défi, en lui permettant de renouer avec ses racines dans la joie et la réunion. « Pour son premier retour au Liban, il fallait que notre sœur soit soutenue. La force du clan donne beaucoup d'énergie, soulignait l'aînée. Nous sommes tellement heureux d'avoir réussi à joindre les deux familles Ghosn et Jazzar autour de notre sœur Sylvia. » Un bonheur tel que la famille se prépare déjà aux prochaines retrouvailles.


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