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Fin de la retransmission en direct de l’élection présidentielle...

Photo Thierry Ehrmann

Imaginons... C'est la retransmission en direct de la place de l'Étoile de l'élection présidentielle.

Dans l'hémicycle, les députés sont au complet. Nabih Berry, bien perché sur son nid d'aigle, toise d'un regard incertain l'Assemblée nationale, au chômage depuis quelques années, mais pourtant bien engraissée par les impôts des contribuables. Depuis octobre 1992, il joue au maître de cérémonie sans aucun concurrent à l'horizon. Il s'est conjugué à tous les temps, M. Berry : au passé durant la guerre libano-syro-palestino-libanaise, à la tête de son mouvement Amal et en fier successeur de l'imam Moussa Sadr, et au présent avec son Parlement qu'il dirige bien au chaud depuis sa forteresse de Ain el-Tiné ou de son palais à Msayleh – même si le futur reste néanmoins, pour le moment, du ressort du conditionnel. Rien ne semble plus incertain pour l'ancien seigneur de guerre que le lendemain de cette séance. Le senior semblerait-il enfin fatigué de toutes ces acrobaties politiques ?

Nabih Berry se lève, impatient. Il veut en finir avec ces élections. Tout le monde prend place et on procède au vote. L'air se fait pesant et les esprits se chauffent. Les blocs parlementaires sont prêts à reprendre le duel là où leurs prédécesseurs l'avaient laissé il y a plus de vingt ans. C'est comme si, depuis 1990, rien n'avait changé, n'était-ce quelques milliers de morts, des milliers d'handicapés, des centaines de disparus et les jeunes qui ont émigré à tout-va. Le bloc aouniste, banni durant des décennies de la vie politique, est aux anges. Confortablement installés auprès de leurs nouveaux camarades FL, les députés aounistes mettent de côté leur ancienne animosité qui n'a finalement coûté que quelques âmes maudites et des zones rasées et vidées. De grands chantiers ont permis cependant à la même tranche qui a guerroyé de s'enrichir davantage en reconstruisant ce qu'elle avait détruit, grâce à un financement dont le remboursement est échelonné sur la durée de vie active des citoyens, talonnés par une TVA aux dents bien aiguisées.

 

Semblant d'État
Il faut dire que le général, au caractère bien trempé, avait pour ambition de devenir président depuis longtemps. Il a fricoté avec de bonnes gens et de mauvaises gens, et s'est même lié d'amitié avec ses propres démons en espérant accéder ainsi à la plus haute magistrature tant prisée, mais ô combien vidée de son sens. Le nombre de voix qui échoit dans l'escarcelle du cher général, champion dans la catégorie persévérance, lui permet de devenir le treizième président de la République libanaise. Une République qui n'a pourtant plus rien de tel. Vide, corrompue, mutilée, violée, dilapidée, aliénée, elle ne ressemble plus à rien, encore moins à une entité démocratique. C'est un semblant d'État bien morcelé en plusieurs zones d'influences diverses.

Les applaudissements fusent de partout. La marée orange a déjà englouti les ruelles d'une toute petite partie bien délimitée du pays ne réussissant pas à se mélanger aux autres couleurs des secteurs, pourtant voisins du « palais du peuple ». Des secteurs où la population vit dans une autre dimension, hermétiquement fermée, et administrée par une autre sorte de hiérarchie.

Mabrouk très cher général, vous êtes enfin devenu président. Il est temps maintenant de vous créer une République à partir de ces fragments hétérogènes insolubles dans n'importe quelle formule étatique et que l'on appelle Liban.

Fin de la retransmission en direct.

 

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