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Liban - Loisirs

Les créateurs libanais de jeux vidéo ont le vent en poupe

Alors qu'aucune école spécialisée dans la création de jeux vidéo n'existe dans le pays, beaucoup de créateurs libanais dans ce domaine apprennent la programmation par eux-mêmes. Tous sont des joueurs expérimentés et passionnés.

Plusieurs start-up de jeux vidéo partagent des locaux rue Béchara el-Khoury.

Au quatrième étage de l'immeuble Berytech de Beyrouth, sur la rue Béchara el-Khoury, trois start-up partagent un local, séparées les unes des autres par des vitres. Toutes travaillent dans le secteur du jeu vidéo, en pleine expansion au Liban. « Nous nous sommes lancés mi-avril, explique Joseph Saadé, directeur d'une société de programmation. Nous étions trois, nous sommes désormais six, et notre premier jeu pour téléphone portable sort bientôt. »

Si l'immeuble Berytech conserve une apparence classique de bureaux, les locaux de l'entreprise de Lebnan Nader, à Mansourieh, sont nettement plus déjantés. Une manette de jeu est posée sur un bureau, les murs sont recouverts de posters, de figurines, et même d'une maison approximativement dessinée par le patron de l'entreprise. Cela doit beaucoup à la physionomie de l'équipe : ce sont surtout des jeunes hommes, qui travaillent dans une ambiance détendue. Lebnan et son frère Arz Nader ont plus d'expérience : ils avaient sorti dès 2011 un jeu intitulé Birdy Nam Nam, après avoir passé quatre mois sur le projet, en parallèle de leur emploi d'alors.

Un apprentissage sur le tas
La multiplication de ces start-up est surprenante à première vue, car le Liban ne dispose d'aucune école de formation tournée vers la programmation ou le graphisme de jeux vidéo. « Il y avait une école de programmation de jeux vidéo par le passé, dont j'ai suivi les cours, mais elle a fermé », se souvient Joseph Saadé. Marc Ibrahim, directeur du Centre informatique de l'Université Saint-Joseph, explique que son université n'offre aucun cours dédié aux jeux vidéo. Selon Sanaa Charafeddine, professeure d'informatique et directrice du Software Institute à la Lebanese American University, « il n'y aurait pas assez d'étudiants dans un tel cursus ».

« Cela ne fait pas partie de nos projets à court terme, précise-t-elle. Cependant, nous avons un cours optionnel qui est assez prisé des étudiants. De plus, beaucoup choisissent de créer un jeu vidéo pour leur projet final en informatique. Nous leur donnons les bases et ils peuvent ensuite apprendre par eux-mêmes. »
De ce fait, de nombreux programmeurs et graphistes de jeux vidéo ont suivi des cursus d'informatique ou de graphisme classique à l'université, avant de se spécialiser par eux-mêmes. « Après avoir quitté l'université, je créais des logiciels d'entreprises, mais cela ne me convenait pas. J'ai interrompu cette activité et appris la programmation de jeux vidéo avec des livres et des tutoriels en ligne », raconte George Habr, programmeur. L'apprentissage en ligne est très répandu. Il est surtout gratuit, en raison de la solidarité qui existe au sein de la communauté des passionnés de jeux vidéo.

Ce processus d'apprentissage est en réalité très adapté au domaine : « On ne devient pas un expert en jeux vidéo à l'université, on ne fait que gratter la surface », selon Vince Ghossoub, fondateur d'une entreprise de jeux multijoueurs en ligne. « C'est un domaine qui change en permanence », souligne quant à lui Lebnan Nader, précisant qu'il faut rester à la page. Car « il y a toujours quelque chose de nouveau. Nous voyageons partout, à San Francisco, à Paris, au Canada, car il faut suivre ce qui se passe ailleurs. Il y a aussi des conférences quotidiennes. Nous ne pouvons certes pas tout suivre, mais nous faisons le maximum ». Comme pour les joueurs, il existe côté développeurs des compétitions de jeux vidéo, tels les Game Jams, où il s'agit alors de s'enfermer pendant deux jours pour créer des jeux, ce qui renforce les motivations de ces créateurs.

 

Des joueurs passionnés
S'ils ont tous choisi ce domaine, c'est avant tout car ils jouent eux-mêmes. Samir Kazah, graphiste, raconte : « Je me souviens qu'enfant, à l'école, j'avais des cours d'informatique. Il y avait des jeux basiques, que l'on retrouve sur tous les ordinateurs, et c'est là que j'ai commencé à jouer. » Vince Ghossoub souligne : « Un réalisateur de cinéma doit regarder des films, c'est pareil avec les jeux vidéo. Il faut être passionné et sérieux, car le secteur du jeu vidéo est un secteur violent. »

Tous montrent un certain enthousiasme quant à l'avenir. Ainsi, Lebnan Nader se projette déjà dans les jeux en réalité virtuels et espère devenir l'un des leaders mondiaux du secteur. Il participe d'ailleurs actuellement à un grand concours à San Francisco. « Nul besoin d'avoir d'importantes infrastructures dans ce domaine, ce qui pénalise habituellement notre pays, rappelle Vince Ghossoub. Si des bombes se mettaient à tomber, on pourrait continuer à fabriquer des jeux vidéo et à y jouer. » La plupart des entreprises sont de petites tailles, moins de 20 personnes, sur un marché très segmenté, entre jeux à destination du Moyen-Orient et jeux à destination des pays occidentaux, ou encore entre jeux sur mobile et jeux sur ordinateur. C'est d'ores et déjà au Liban que se tient chaque année la Mena Games Conference, événement le plus important du monde arabe en termes de jeux vidéo.

 

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