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Économie - Liban - Économie numérique

Le monde arabe, eldorado des développeurs libanais de jeux mobiles ?

Un engouement certain pour les jeux vidéo et la téléphonie mobile, un pouvoir d'achat très élevé dans les pays du Golfe... Ces ingrédients font de la zone Mena une cible de choix pour les développeurs de jeux sur Internet ou « smartphones ». Un créneau sur lequel des sociétés libanaises ont commencé à se positionner.

Selon les données communiquées par l’IFP Group, la moitié des détenteurs arabes de terminaux de poche téléchargent des jeux.

Et si la zone Mena s'affirmait comme la nouvelle terre promise pour l'industrie du jeu vidéo ? C'est le pari fait par la trentaine de professionnels venus d'une douzaine de pays pour tenter de décrypter ce marché lors de la première édition de la conférence Mega, organisée sur deux jours depuis ce jeudi à l'ancienne station ferroviaire de Mar Mikhaïl, à Beyrouth, par l'IFP Group. Avec un chiffre d'affaires cumulé estimé, selon les sources, dans une fourchette comprise entre 1 et 2,6 milliards de dollars (en l'absence de statistiques fiables) et un pouvoir d'achat particulièrement élevé dans les pays du Golfe, la région suscite de plus en plus de convoitises. Les géants vidéoludiques sont sur les rangs, certes, mais aussi les quelques dizaines de développeurs de jeux libanais. Car, si les millions de dollars nécessaires pour développer les superproductions sur console et ordinateur sont a priori hors de leur portée, ces derniers peuvent tabler sur une niche à très fort potentiel : les jeux sur plateformes Internet et mobiles.

 

(Pour mémoire : Deux jeunes Libanais à la conquête de la Silicon Valley)


Là encore, plusieurs facteurs suscitent leur enthousiasme : d'abord, un taux de pénétration de la téléphonie mobile qui a dépassé les 110 % dans la zone Mena en 2014, et devrait encore connaître une croissance à deux chiffres cette année. Ensuite, le fait que près de la moitié des détenteurs de terminaux de poche téléchargent des jeux, selon les données communiquées par l'IFP Group. Enfin et surtout, la multiplication des « success stories » internationales dans le segment des jeux sur Internet, réseaux sociaux et mobile ; en particulier dans les pays scandinaves qui ont très tôt flairé le filon : certains studios comme Supercell (éditeur de « Clash of Clans »), King (« Candy Crush ») ou Riovo (« Angry Birds ») sont ainsi parvenus à générer des millions de dollars avec un seul jeu.


« Les plateformes mobiles devraient bientôt rivaliser technologiquement avec certaines consoles. Et l'arrivée de géants comme Nintendo ne devrait pas empêcher de petits acteurs de chercher à percer avec des produits à moindre coût », anticipe Paul Chucrallah, directeur du fonds d'investissement Berytech Fund II. Une stratégie qui a réussi au Libanais Paul Salameh : conçu initialement comme un passe-temps, son « pet game » Pou a été téléchargé à plusieurs centaines de millions d'exemplaires depuis sa sortie en 2012. « Mais il faut garder en tête que le succès est quasi impossible à prévoir : Riovo a sorti "Angry Birds" après une cinquantaine d'échecs... » avertit Paul Chucrallah.

 

(Pour mémoire : Cofondée par un Libanais, SportEasy, l'appli qui monte, qui monte...)

 

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Pour imposer la prochaine pépite sur le marché arabe, les développeurs libanais peuvent puiser certains ingrédients du succès dans l'expérience de leurs pairs. D'abord en ce qui concerne la monétisation de leur œuvre : les grands succès du jeu mobile reposent sur un modèle économique spécifique, baptisé « freemium » ou « free to play ». Gratuits lors du téléchargement – pour augmenter rapidement la base d'utilisateurs –, ces jeux sont fournis dans une version bridée afin de pousser le joueur à payer des options permettant de débloquer des bonus. « Mais, en moyenne, seuls 5 à 7 % des joueurs achètent ces options. Pour générer de l'argent, il faut donc concevoir le placement dans le jeu de ces achats "In App" afin qu'ils soient incitatifs sans altérer l'expérience du joueur », explique Lara Noujaïm, directrice marketing de Game Cooks qui a édité une dizaine de jeux sur mobile depuis 2012.


Autre facteur clé de succès dans la région, l'adaptation aux spécificités et aux codes culturels de la clientèle arabe. Il ne s'agit pas là seulement d'autocensure sur le scénario ou les formes des personnages... « Les joueurs de la région ont besoin de contenus qui s'adressent directement à eux. Or, très peu de jeux sont édités en langue arabe et ils sont encore moins nombreux à exploiter le formidable réservoir d'histoires, de mythes et de légendes que compte la région », explique Vince Ghossoub, cofondateur de Falafel Games qui développe depuis la Chine des jeux web et mobile avec « un twist arabe » et prévoit de générer « quelques » millions de dollars de chiffre d'affaires en 2015. « De plus, le succès de notre jeu « Run for Peace », qui a été téléchargé à 1,6 million d'exemplaires dans le monde, a prouvé qu'il est tout à fait possible de séduire une audience internationale avec un jeu pensé au départ pour une cible arabe », ajoute Lara Noujaïm. À bon entendeur...

 

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