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Voyage au Liban-Nord sur les traces de la langue syriaque

Manuscrit du XIe siècle (Sinaï) en alphabet syriaque, style Serto.

Demain dimanche*, Claude Abou Nader Hindi invite les téléspectateurs à entreprendre un voyage dans le temps pour renouer avec une de leurs langues-mère, le syriaque. Considérée comme une langue morte, elle est cependant toujours reprise d'une façon automatique dans la liturgie chrétienne maronite sans que les fidèles comprennent forcément le sens de ces mots qu'ils balbutient avec ferveur.
C'est à travers un voyage au Liban-Nord, où plusieurs villages portent un nom syriaque, que la journaliste promet de suivre les traces que cette langue a laissées sur nos syntaxes et dans notre entourage. Jugé désuet et inutile par certains, le syriaque est fondamental pour d'autres, qui s'acharnent à perpétuer cette langue et à la transmettre aux générations futures, considérant qu'elle fait absolument partie de leur culture et de leurs traditions.
Les langues araméennes appartiennent à la famille des langues sémitiques, parlées dès l'Antiquité au Moyen-Orient, au Proche-Orient et en Afrique. On les répartit dans deux groupes : l'araméen oriental, avec notamment le syriaque et le chaldéen, et l'araméen occidental, avec entre autres le samaritain et le nabathéen. Elles sont différentes de la langue arabe et de l'hébreu qui, pourtant, font partie de la même famille. L'arabe a d'ailleurs accéléré la disparition de l'usage des langues araméennes dans la région avec l'avènement de l'islam. Certaines de ces langues ont même complètement disparu, mais d'autres sont encore entendues en Israël, en Irak, en Turquie, en Géorgie, dans les Territoires palestiniens, en Iran et en Syrie.
Le syriaque (qui a pour origine la langue araméenne), comme son nom l'indique, était la langue courante parlée jadis en Syrie. Il s'étend ensuite, sous la domination des Assyriens, puis des Perses, non seulement à toute l'Assyrie, mais à l'ensemble de la Mésopotamie, jusqu'au golfe Persique, à la Palestine et à l'Arabie septentrionale. L'araméen, dans toutes ces régions, est restée la langue prédominante et commune jusqu'à l'époque où l'arabe a pris le dessus, avec l'islam, et s'est complètement substitué à lui.

Schismes
Le vocabulaire du syriaque est rempli de mots empruntés au grec. Sa littérature est singulièrement imbibée d'hellénisme et aurait servi en quelque sorte d'intermédiaire entre la science grecque et la science arabe, en opérant la transition de l'une à l'autre. Ainsi, presque toutes les traductions d'auteurs grecs en arabe ont été faites par des Syriens et sur des versions syriaques. Le syriaque s'est surtout répandu après l'apparition du christianisme. À partir du IIIe siècle, il devient la langue des chrétiens d'Édesse, en Turquie. La Bible est de même traduite en syriaque et sa généralisation va favoriser l'extension de cette langue, parallèlement au christianisme.
Après la conquête de la Syrie et de la Mésopotamie par Alexandre le Grand, le syriaque et d'autres dialectes araméens commencent à être écrits en réaction à un hellénisme de plus en plus dominant. Il va devenir même une langue officielle dans certaines parties de la région. Mais des schismes successifs ont lieu dès les premiers siècles entre les Églises de langue syriaque à propos de la nature du Christ. Pour résumer et simplifier, les Églises occidentales sont accusées d'adopter une théorie et les Églises orientales une autre, et ces doctrines sont elles-mêmes considérées comme hérétiques par l'Église grecque-orthodoxe. Les Églises syriaques sont persécutées pour cette raison par l'Empire byzantin. Bon nombre de chrétiens syriaques fuient alors vers la Perse et la Mésopotamie pour échapper aux persécutions byzantines. La division orientale-occidentale (Église maronite) va perdurer et le syriaque littéraire va évoluer ainsi en deux courants différents du point de vue phonétique et typographique.
Après la conquête arabe au VIIe siècle, le syriaque va perdre définitivement son rôle de langue d'échange. L'usage de l'arabe, langue du Coran, se répand dans les villes et cantonne progressivement les dialectes araméens à des zones très réduites. Vers le Xe siècle, le syriaque lui-même semble disparaître pratiquement de l'usage parlé.

*Tehkik, dimanche à 18h45 sur la MTV.

Demain dimanche*, Claude Abou Nader Hindi invite les téléspectateurs à entreprendre un voyage dans le temps pour renouer avec une de leurs langues-mère, le syriaque. Considérée comme une langue morte, elle est cependant toujours reprise d'une façon automatique dans la liturgie chrétienne maronite sans que les fidèles comprennent forcément le sens de ces mots qu'ils balbutient avec...

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