La Grèce a un besoin "urgent" d'aide pour identifier les migrants qui ont péri

La Grèce a un besoin "urgent" de matériel médico-légal et de formation de médecins légistes, surtout sur les îles, pour pouvoir identifier les migrants qui périssent en tentant de fuir leur pays, ont alerté mardi la Croix Rouge et la police grecque.

Les autorités grecques, comme le reste de l'Union européenne, ont été prises de court par l'ampleur du flux migratoire en 2015: environ 870,000 migrants et réfugiés ont traversé la mer Egée, a rappelé une responsable de la police Zacharoula Tsirigoti, lors d'une conférence conjointe à Athènes avec Sari Nissi, chef de la section grecque du Comité international de la Croix rouge (CICR) et des experts légistes.

De janvier à septembre, 386 migrants sont morts ou portés disparus en mer Egée, principale porte d'entrée de migrants en 2015 en Europe, selon l'Organisation international pour les migrations (OIM).
"Le défi d'identification des personnes mortes ou portées disparues sera de plus en plus pressant à l'avenir quand les migrants seront installés" dans des pays d'accueil et "commenceront à chercher leurs proches", a relevé Sari Nissi.
Or, seul un médecin légiste travaille actuellement en plein temps sur chacune des îles qui recueillent les migrants: Lesbos, Samos ou Chios. Et au cours des 20 dernières années, environ un millier des migrants et réfugiés n'ont pas été identifiés en Grèce, a souligné Sari Nissi.

L'identification sur les îles grecques est particulièrement difficile car le personnel local est surchargé et ne recueille pas systématiquement des échantillons ADN, des empreintes digitales ou des fiches dentaires.
"Dans de nombreux cas, l'identification se fait encore de manière visuelle (...) et il n'existe pas d'organisation centrale pour rassembler l'ensemble des données" et coordonner les différentes services compétents, a déploré Constantina Tsekoura, lieutenant-colonel de la police.

L'accord UE-Turquie du 18 mars a limité le flux migratoire vers la Grèce, ce qui a permis aux autorités de se réorganiser et créer des installations d'enregistrement et de logement pour les migrants et les réfugiés.
Mais il n'y a pas encore de normes et de moyens officiels pour coordonner la police grecque et les services de médecine légiste en cas d'urgence, souligne le CICR.