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Liban - Patrimoine

Un nouveau comité pour institutionnaliser la protection de la Qadicha

Selon la députée Sethrida Geagea, cette nouvelle institution attend simplement un permis officiel pour être mise sur les rails.

Les participants à la réunion de Dimane au cours de laquelle le règlement intérieur du nouveau comité de préservation de la vallée de la Qadicha a été signé. Photo Ani

Des routes ouvertes en pleine vallée protégée, des restaurants qui n'hésitent pas à mettre de la musique à tue-tête, des égouts et des déchets qui se déversent en pleine nature... Les abus n'ont pas épargné la Vallée sainte ces dernières décennies et sa nomination sur la liste du patrimoine mondial (dont l'Unesco menace régulièrement de la retirer, en raison de l'ampleur des irrégularités constatées sur le terrain) n'a pas réussi à la préserver de la cupidité des uns et des autres.

D'où l'intérêt de l'initiative lancée le 15 décembre 2015 dans un huis-clos à Bkerké, siège du patriarcat maronite, en présence du patriarche Béchara Raï, en vue de la formation d'un comité qui institutionnaliserait la préservation de la vallée de la Qadicha. Une initiative qui vise aussi à concevoir, pour ce site, un plan de tourisme qui respecte ses caractéristiques naturelles et patrimoniales, tout en profitant à ses habitants.
La finalisation de la création de ce comité a été au menu des discussions d'une réunion qui s'est tenue hier à Dimane, le siège d'été du patriarcat (situé sur les hauteurs qui surplombent la vallée), présidée une nouvelle fois par le patriarche Raï. La réunion a rassemblé le ministre de la Culture, Rony Arayji, les deux députés de Bécharré, Sethrida Geagea (très engagée depuis longtemps pour la création de ce comité) et Élie Keyrouz, l'ancien ministre Ziyad Baroud, qui a œuvré concrètement à la naissance de cette institution, les présidents des fédérations de municipalités de Bécharré, Élie Makhlouf, et de Zghorta, Zeeny Kheir – la vallée s'étend sur ces deux cazas –, ainsi que plusieurs prélats de la région, dont un représentant de l'Ordre maronite libanais.

 

(Lire aussi : Les travaux de construction d'une route arrêtés in extremis à Qozhaya)

 

Attendre le permis officiel
Mme Geagea a précisé à L'Orient-Le Jour que la création du comité a bel et bien été finalisée durant cette réunion, au cours de laquelle les différents acteurs concernés ont signé le texte du règlement intérieur : le patriarcat, les deux fédérations de municipalités (Bécharré et Zghorta), l'Ordre maronite libanais et l'Ordre mariamite. « Suite à cette mesure, M. Baroud transférera le dossier de ce comité au ministère de l'Intérieur en vue de l'obtention d'un permis officiel, poursuit-elle. Après cela, nous serons en mesure de nommer un directeur compétent qui mettra le plan de développement sur les rails. »

Le comité, lui, sera formé de l'évêque de Bécharré, Maroun el-Ammar, des présidents des fédérations de Bécharré et de Zghorta, de représentants de l'Ordre libanais maronite et de l'Ordre mariamite, ainsi que du vicaire patriarcal Tony el-Agha.
Interrogée sur le rôle des députés dans cette affaire, Mme Geagea insiste sur leur capacité « à mobiliser les esprits et faire en sorte que les décisions de ce comité soient respectées et acceptées de tous ». Elle dit avoir décelé, chez les responsables politiques des deux cazas, la même volonté de protéger la vallée et lui maintenir son statut dans la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, tout en protégeant les intérêts des habitants.

 

(Pour mémoire : Sethrida Geagea : Les sites de Qadicha prochainement répertoriés)

 

Dans ce contexte, les abus qui poussaient l'Unesco à menacer de retirer la vallée de sa liste devraient-ils bientôt cesser ? « Dès que nous aurons obtenu le permis officiel pour la création de ce comité, nous pourrons dire que ce sera le début de la fin de ces abus », affirme la députée de Bécharré.
Elle ajoute que son propre rôle sera aussi d'assurer un financement pour mettre en place ce plan de développement. « J'ai déjà frappé à plusieurs portes et je déclarerai tout en temps dû, fidèle à mes habitudes de transparence », poursuit-elle. Un financement pour quels projets ? Selon la députée, le premier projet à être mis sur les rails sera la construction d'une route agricole pour piétons qui entre dans les profondeurs de la vallée, jouissant d'un financement du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), et construite « conformément aux normes de l'Unesco », insiste-t-elle. Ce projet de 1,8 million de dollars comportera une route de quatre kilomètres, un système de lutte contre les incendies, des toilettes publiques et des bancs. À terme, le plan comprendra, entre autres, la restauration des églises de la vallée ainsi que des fresques murales, la détermination de l'emplacement des grottes et leur aménagement.

 

(Pour mémoire : Placer la vallée de la Qadicha sur la carte touristique mondiale)

 

« La vallée sans ses habitants n'a plus de valeur »
« Historique. » C'est par ce terme que le ministre Arayji, ainsi que Mme Geagea, ont qualifié la création de ce comité. « En tant que députés, que ministère et que notables, nous avions déjà mis au point, l'année dernière, un plan de gestion de cette Vallée sainte qui revêt une importance historique, environnementale et touristique très importante, a déclaré M. Arayji. Il s'agit aujourd'hui du premier pas pour décider quelles institutions officielles exécuteront le plan et superviseront la gestion de la vallée. »

Et d'ajouter : « En tant que ministère de la Culture, nous accompagnerons la mise en place de ce plan qui alliera protection du site et préservation des intérêts de ses habitants. En effet, la vallée sans ses habitants n'a plus de valeur et elle n'en a pas non plus sans ses composantes historiques, religieuses, touristiques et environnementales. Cette étape était essentielle, et à mon avis historique, dans la vie de la vallée : la création de ce comité, grâce aux efforts de Ziyad Baroud, a été mise sur les rails, mais il faut s'assurer de sa bonne mise en application. Toutefois, si j'en juge par l'atmosphère positive qui a régné lors de l'élaboration du plan, je me sens optimiste et je crois dans l'initiative des députés de la région, des fédérations de municipalités et de la Direction générale des antiquités. »

 

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commentaires (1)

En ce qui concerne les habitants, difficile d'en parler puisqu'il n'y a en tout et pour tout (mis à part le village de Fradis) que deux maisons habitées en permanence,4 ou 5 autres sont utilisées quelques semaines ou quelques jours par an. Le problème n'est pas de prendre des décisions, mais de les appliquer. En décembre dernier, ont été prises certaines décisions excellentes (qui ne faisaient, d'ailleurs que reprendre des décisions antérieures mises en veilleuse depuis 5 ans) prévoyant notamment une limitation de l'accès aux voitures. Or, non seulement rien na été fait dans ce sens, mais la route censée être interdite a été,au contraire, élargie! Les chasseurs continuent de pus belle, et ce, à 100m du poste de gendarmerie! Un bout de route vient d'être percé illégalement. La canalisation est en train d'être recouverte d'une chape en béton armé et munie d'un parapet pour la circulation des voitures. Il aurait été moins coûteux de simplement obliger celui qui a enlevé illégalement le bloc de béton qui en interdisait l'accès à le remettre en place. Qannoubine y aurait gagné en tranquilité et L'argent aurait pu être dépensé de façon plus utile pour la conservation de certains sites qui menacent ruine. Encore une fois, la caractéristique principale de la Vallée Sainte, est son isolement qui seul permet de conserver à Qannoubine l'atmosphère de silence indispensable.En conséquence, comme déjà écrit ici: TOUT CE QUI FACILITE L'ACCES A LA QADICHA CONTRIBUE A LA DETRUIRE.

Yves Prevost

07 h 15, le 16 septembre 2016

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Commentaires (1)

  • En ce qui concerne les habitants, difficile d'en parler puisqu'il n'y a en tout et pour tout (mis à part le village de Fradis) que deux maisons habitées en permanence,4 ou 5 autres sont utilisées quelques semaines ou quelques jours par an. Le problème n'est pas de prendre des décisions, mais de les appliquer. En décembre dernier, ont été prises certaines décisions excellentes (qui ne faisaient, d'ailleurs que reprendre des décisions antérieures mises en veilleuse depuis 5 ans) prévoyant notamment une limitation de l'accès aux voitures. Or, non seulement rien na été fait dans ce sens, mais la route censée être interdite a été,au contraire, élargie! Les chasseurs continuent de pus belle, et ce, à 100m du poste de gendarmerie! Un bout de route vient d'être percé illégalement. La canalisation est en train d'être recouverte d'une chape en béton armé et munie d'un parapet pour la circulation des voitures. Il aurait été moins coûteux de simplement obliger celui qui a enlevé illégalement le bloc de béton qui en interdisait l'accès à le remettre en place. Qannoubine y aurait gagné en tranquilité et L'argent aurait pu être dépensé de façon plus utile pour la conservation de certains sites qui menacent ruine. Encore une fois, la caractéristique principale de la Vallée Sainte, est son isolement qui seul permet de conserver à Qannoubine l'atmosphère de silence indispensable.En conséquence, comme déjà écrit ici: TOUT CE QUI FACILITE L'ACCES A LA QADICHA CONTRIBUE A LA DETRUIRE.

    Yves Prevost

    07 h 15, le 16 septembre 2016

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