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À La Une - Révolte

Début d’année sanglant en Syrie

L’ONU recense le chiffre « choquant » de plus de 60 000 morts en 21 mois de conflit.

Mercredi 2 janvier 2013, des dizaines de personnes, dont plusieurs rebelles, ont été tuées ou blessées dans l’explosion d’une station d’essence touchée par un raid aérien à Milha, une région bordant la capitale où les rebelles ont installé leurs bases arrière. Image tirée d'une vidéo YouTube.

Les Nations unies ont annoncé hier la mort de plus de 60 000 personnes dans le conflit qui fait rage depuis 21 mois en Syrie. Le Haut- Commissariat de l’ONU aux Droits de l’homme a ainsi affirmé à Genève avoir recensé 59 648 personnes tuées entre les premières manifestations lancées dans le sillage du printemps arabe, le 15 mars 2011, et la fin novembre 2012. « Étant donné que le conflit s’est poursuivi sans relâche depuis fin novembre, nous pouvons supposer que plus de 60 000 personnes ont été tuées jusqu’au début 2013 », a dit la haut-commissaire Navi Pillay, estimant ce nombre « bien plus élevé qu’attendu et réellement choquant ». « On assiste à une prolifération de crimes graves par les deux parties, y compris des crimes de guerre et, très probablement, des crimes contre l’humanité », a-t-elle dénoncé.


Le bilan de l’ONU est supérieur à celui de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une organisation qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers le pays et qui chiffre le nombre des morts à plus de 46 000 personnes. Mais le bilan de l’OSDH ne recense ni les milliers de personnes disparues ou en détention, ni la plupart des morts parmi les chabbiha, les miliciens du régime de Bachar el-Assad, ni les combattants étrangers. De plus, « les rebelles et l’armée ne révèlent pas le nombre de morts dans leurs rangs pour ne pas porter un coup au moral des troupes », explique le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, qui estime qu’en totalisant toutes ces catégories, le nombre de morts pourrait dépasser les 100 000 personnes.

Raid meurtrier
Sur le terrain, devant le blocage des efforts internationaux pour un règlement politique du conflit, la Syrie a débuté l’année 2013 dans la violence avec l’aviation, le principal atout du régime dans la guerre, lançant de nouveaux raids sanglants.

 

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Des dizaines de personnes, dont plusieurs rebelles, ont été tuées ou blessées dans l’explosion d’une station d’essence touchée par un raid aérien à Milha, une région bordant la capitale où les rebelles ont installé leurs bases arrière, selon l’OSDH. L’ONG a précisé ne pas être en mesure de fournir dans l’immédiat un bilan plus précis. Une vidéo mise en ligne par des militants a montré des habitants pris de panique courant au milieu des flammes à la recherche de survivants. Sur d’autres images, un homme hurle en tenant dans ses bras un corps, dont ne restent que la tête et une partie du torse ensanglantées. Le réseau de militants antirégime des Comités locaux de coordination (LCC) a estimé qu’au moins 50 personnes y avaient été tuées et des dizaines d’autres blessées, précisant que le bilan pourrait augmenter car des corps étaient encore sous les décombres et que d’autres avaient été réduits en cendres.

 

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Une famille décimée
Toujours dans la ceinture sud de la capitale, 12 membres d’une même famille, en majorité des enfants, ont été fauchés par une bombe larguée par l’aviation à Mouadhamiyat al-Cham, a encore rapporté l’OSDH. L’artillerie du régime a également bombardé les localités de Douma et de Harasta, au nord-est de Damas, ainsi que le quartier de Qaboun dans la capitale. Dans la nuit de mardi, plusieurs localités proches de Damas ont été bombardées. Les provinces de Deraa, d’Alep et de Deir ez-Zor ont également été bombardées cette nuit-là.


En outre, de violents combats opposaient hier l’armée syrienne à des rebelles, en majorité jihadistes, autour de l’aéroport militaire de Taftanaz dans la province d’Idleb, faisant des morts des deux côtés. D’autres combats avaient aussi lieu près de Wadi Deif, l’une des dernières places fortes militaires encore aux mains de l’armée dans le nord-ouest du pays, sur laquelle le Front jihadiste al-Nosra a lancé il y a près d’une semaine une offensive, selon l’OSDH. Toujours dans la province d’Idleb, des hélicoptères ont largué des barils bourrés d’explosifs sur la localité de Binneche. Et, pour la première fois depuis le début de la révolte en mars 2011, les autorités ont fermé mardi un aéroport international, celui d’Alep. Selon un bilan provisoire, au moins 69 personnes ont péri hier. Mardi, 104 personnes avaient péri.

Nouvelles défections
Par ailleurs, un nouveau groupe d’une vingtaine de militaires syriens ont fait défection en Turquie mardi, a indiqué un diplomate turc. « Parmi les militaires (...) se trouvent un général, trois colonels et plusieurs autres officiers et sous-officiers », a précisé cette source sous couvert d’anonymat. Les soldats déserteurs et des membres de leurs familles, une quarantaine de personnes en tout, ont traversé la frontière turco-syrienne à Reyhanli, dans la province turque de Hatay.


D’autre part, des heurts ont éclaté hier dans un camp de réfugiés syriens dans le nord de la Jordanie, lors d’une distribution de couvertures. La police antiémeute jordanienne a dû faire usage de tirs de gaz lacrymogènes pour séparer les belligérants, a-t-on appris auprès d’un responsable et d’un témoin.
Sur le plan diplomatique, le régime syrien a dit lundi accueillir « favorablement toute initiative régionale ou internationale pour une solution à la crise par le dialogue et des moyens pacifiques et sans ingérence étrangère ». L’émissaire international Lakhdar Brahimi avait annoncé dimanche avoir un plan « susceptible d’être accepté par la communauté internationale ». L’opposition syrienne, de son côté, refuse de s’asseoir à la table des négociations tant que le président Assad n’aura pas quitté le pouvoir.

 

Reportage

Dans l'atelier de fabrication d'armes des rebelles syriens


La vieille ville d'Alep est devenue un champ de ruines

 

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