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À La Une - Crise

La Grèce s'apprête à renvoyer des centaines de migrants en Turquie

Les autorités turques affirment avoir arrêté 1.715 passeurs depuis le début de l'année.

Des enfants manifestent dans un camp de réfugiés sur l'île de Chios contre la décision de la Grèce de renvoyer des centaines de migrants en Turquie. Photo AFP

Les autorités grecques et de l'UE peaufinaient dimanche dans la discrétion l'opération censée permettre le renvoi en Turquie dès lundi de centaines de migrants, aux termes d'un accord critiqué par les groupes de défense des Droits de l'Homme.
Les autorités étaient réticentes à livrer des détails de l'opération, qui devrait commencer lundi matin à Lesbos. Elle pourrait concerner l'ensemble des îles de la mer Egée situées face à la Turquie, où sont encore arrivées depuis le 20 mars, date d'entrée en vigueur de l'accord, quelque 6.000 personnes.
Selon l'agence de presse grecque ANA, 750 migrants seront renvoyés entre lundi et mercredi.

"Nous avons dit aux autorités grecques que nous pouvions prendre 500 personnes (lundi) et elles nous ont donné 400 noms. Demain il est possible que le chiffre change", a indiqué de son côté à l'agence turque Anatolia le ministre de l'Intérieur turc Efkan Ala.

L'UE envoyait pour sa part des forces pour encadrer l'opération. Une journaliste de l'AFP a vu arriver dimanche sur l'île de Chios une vingtaine d'agents de Frontex, l'agence de surveillance des frontières de l'UE. La France a prévu l'envoi de 200 CRS, policiers et gendarmes notamment.

Des sources policières sur Lesbos dimanche ont fait état d'une vague de demandes d'asile de dernière minute, puisque l'accord prévoit un examen individuel de chaque cas.

(Lire aussi : Après des rixes entre réfugiés, des centaines de migrants quittent le camp de Chios)

L'accord signé le 18 mars pour endiguer la vague qui a vu arriver en UE plus d'un million de migrants et réfugiés l'an dernier, et encore 150.000 en Grèce cette année, prévoit que pour chaque Syrien renvoyé, un autre Syrien sera réinstallé depuis la Turquie vers l'UE, dans une limite de 72.000 personnes.
Parallèlement, l'UE se préparait donc à recevoir ces premiers Syriens. Le ministère de l'Intérieur allemand a annoncé dimanche qu'un premier groupe de 35 était attendu lundi en Allemagne. Une source gouvernementale allemande a évoqué par ailleurs l'arrivée de quelques dizaines d'autres en France, en Finlande et au Portugal lundi également.

Réticences

Elle n'en suscite pas moins une forte opposition des défenseurs des droits de l'Homme. Samedi, Peter Sutherland, conseiller spécial de l'ONU sur les migrations, s'est inquiété d'un accord potentiellement "illégal" s'il met en pratique des "expulsions collectives sans regard pour les droits individuels de ceux qui affirment être des réfugiés".
Le président autrichien Heinz Fischer a déclaré qu'il était "sceptique" sur la réussite de l'accord, tout en exprimant son inquiétude sur le respect des droits de l'Homme en Turquie.

Amnesty International de son côté a accusé Ankara de forcer une centaine de Syriens par jour à rentrer dans leur pays ravagé par la guerre, accusation rejetée néanmoins par la Turquie.
Le président du Parlement européen Martin Schulz s'est néanmoins montré plutôt "optimiste" sur l'application de l'accord. "Une fois que nous aurons réussi à répartir un premier groupe dans l'UE, je suis confiant que tout marchera bien ensuite", a-t-il déclaré au journal allemand Bild am Sonntag, prédisant une moindre pression migratoire en 2016.



Le ministre de l'Intérieur turc a aussi défendu dimanche l'action de son pays pour ralentir la vague migratoire. Il a mentionné l'arrestation de 1.715 passeurs depuis le début de l'année, dont 351 ont été emprisonnés. Par ailleurs, 65.000 personnes auraient été empêchées par la Turquie de traverser l'Egée depuis le 1er janvier, 4,5 fois plus qu'à la même période l'an dernier, selon M. Ala.
Il a précisé que les Syriens renvoyés de Grèce seraient placés dans des camps de réfugiés en Turquie, tandis que les Afghans, Irakiens ou Pakistanais seraient renvoyés par la Turquie dans leur pays respectif.

Reste à connaître la réaction des personnes concernées par cette opération. A Lesbos, elles sont consignées depuis le 20 mars dans le camp de Moria, mais à Chios plusieurs centaines d'entre elles sont à présent dans le port après avoir réussi à s'extraire du camp de rétention. Parmi elles, beaucoup ont déclaré qu'elles comptaient ne pas se laisser remmener.
Enfin, l'accord ne résout pas le problème des près de 50.000 autres migrants et réfugiés arrivés en Grèce avant le 20 mars et qui y stagnent depuis la fermeture de la route des Balkans.


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