De retour à Montréal après des vacances à Beyrouth, je trouve le rétroviseur de ma voiture pulvérisé. Pas un de mes cils n'a frémi, pas une insulte : je suis restée indifférente, ce qui est contraire à mon caractère.
Voici pourquoi : je rentre du Liban, mon pays maternel qui a une grande place dans mon cœur, à qui je dois beaucoup de belles valeurs et là où vivent des milliers de gens que j'adore. Ce petit pays est pulvérisé, écorché, insulté, violé, trahi, sali. J'ai eu honte d'y être si heureuse, je ne fais que passer après tout... J'ai eu les larmes aux yeux devant les montagnes de poubelles, j'ai eu la rage au cœur devant les odeurs nauséabondes qui se mêlent aux parfums de luxe des femmes, soulignant un écart social creusé par la guerre. J'ai eu peur devant la férocité des conducteurs, usés par tant de problèmes qu'ils vivent au quotidien. J'ai eu des angoisses devant tant de chaos sans solutions, tant de folie imposée par ce non-gouvernement sans scrupules. J'ai eu peur pour mon petit pays dont le peuple se bat 1 000 fois par jour, dans un espace si petit où 1,5 million de réfugiés vivent, produisant chacun un sac de poubelles par jour, utilisant le peu d'eau et d'électricité si mal répartis depuis des années.
J'ai presque eu la nostalgie des bombardements quand l'ennemi était plus simple à comprendre... Je me suis rappelée des centaines de manifestations et gestes activistes posés ici et ailleurs, j'ai voulu hurler encore... Mais quel slogan ? Alerter la communauté internationale face à cette catastrophe causée par des brigands... élus ? Alors voici ma petite goutte dans cet océan d'injustice : aux Libanais de la diaspora, continuez d'aller au Liban, s'il vous plaît, non pas pour y injecter vos dollars, mais juste vos espoirs. Beyrouth, je te reviendrai, promis, juré.
Nos Lecteurs ont la Parole - Lamia GHANTOUS CHARLEBOIS
Continuez d’aller au Liban, s’il vous plaît...
OLJ / le 11 mars 2016 à 00h00
commentaires (5)
Bravo Lamia! rien a ajouter, merci.
Christine KHALIL
10 h 14, le 12 mars 2016