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Économie - Liban - Social

Grille des salaires : la cristallisation des positions à son paroxysme

La grande manifestation organisée par le CCS aujourd'hui coïncide avec la séance plénière de la Chambre axée sur la grille des salaires. Si le projet de loi est voté sous sa forme actuelle, les syndicats sont catégoriques : ils appelleront à une grève ouverte et au boycott des examens officiels.

« Si les responsables politiques veulent que les étudiants obtiennent leurs diplômes, il faudra qu’ils nous rendent justice, entièrement, c'est-à-dire une grille complète, à 121 % », a clamé hier le président du CCS, Hanna Gharib. Photo Annahar/ Hassan Assal

La séance plénière convoquée aujourd'hui par le président de la Chambre, Nabih Berry, pour poursuivre les discussions portant sur le dossier de la grille des salaires ne marquera certainement pas la fin de la longue lutte syndicale qui dure depuis bientôt trois ans, et cela quelle que soit l'issue de la réunion.

Même si le projet de loi venait à être approuvé, comme le laissent entendre des sources proches de la sous-commission parlementaire en charge de l'étude du dossier, sa mouture finale est loin de satisfaire les exigences des principaux concernés, à savoir les fonctionnaires et les enseignants. Par ailleurs, l'augmentation de la TVA demeure un des principaux sujets de discorde entre les députés. Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a assuré que son bloc parlementaire (berryste) n'accepterait aucune version du projet qui inclut une hausse de la TVA.

Le 15 avril dernier, le Parlement avait voté le report pour une période de 15 jours du débat sur la grille des salaires du secteur public, ainsi que la formation d'une commission chargée de réexaminer le projet de loi. Cette sous-commission est composée des députés Alain Aoun, Georges Adwan, Ibrahim Kanaan, Ghazi Youssef, Jamal Jarrah, Henri Hélou et Samer Saadé, les ministres des Finances, de l'Économie, de l'Éducation et d'État pour la Réforme administrative ainsi que du gouverneur de la Banque du Liban. Le président de la sous-commission, le député Georges Adwan, avait présenté la semaine dernière son premier rapport au Parlement.
Parmi les modifications qui y étaient apportées, la première consiste en une baisse de la valeur totale de la grille, qui passerait de 2 400 milliards de livres à 1 800 milliards de livres. Vingt-quatre nouvelles taxations ont par ailleurs été soumises afin de lever environ 1 742,2 milliards de livres supplémentaires annuellement.

 

(Pour mémoire : Grille des salaires : Les Finances et l'ABL campent sur leurs positions)

 

« Sur ce montant, 60 % seront prélevés aux dépens de la consommation des ménages tandis que les gains sur les transactions immobilières ou bancaires ne seront concernés par ces taxes qu'à 40 % », a accusé un communiqué du Comité de coordination syndicale (CCS).
Ainsi, le président du CCS, Hanna Gharib, a appelé mercredi dernier à une grève générale d'une semaine, protestant contre un texte qu'il qualifie d'« insultant, charcuté, vidé de sa substance et qui met à mal nos droits et acquis les plus élémentaires ». Écoles, administrations publiques, ministères, municipalités ont donc, pendant une semaine, fermé leurs portes, partiellement ou entièrement.

 

Le début d'une intifada populaire ?
Cette grève d'une durée inhabituelle marque son point culminant aujourd'hui, jour de la séance plénière, avec ce que le CCS appelle « la journée de la colère pacifique ». Mais derrière cette dénomination planent également les spectres d'une grève ouverte et surtout du boycott par les enseignants des examens officiels qui doivent se tenir très bientôt. « Si les responsables politiques veulent que les étudiants obtiennent leurs diplômes, il faudra qu'ils nous rendent justice, entièrement, c'est-à-dire une grille complète, à 121 % », a clamé hier M. Gharib, appelant à une intifada populaire.

 

(Pour mémoire : Au Liban, le corps enseignant au bout du rouleau)

 

Même son de cloche du côté du président du syndicat des enseignants des écoles privées, Nehmé Mahfoud, qui a rejeté sur les députés la responsabilité d'une « année scolaire sabotée ». « Quand 100 000 personnes dans la rue vous demandent non pas un miracle, mais juste une plus grande justice sociale, votre refus serait criminel », a-t-il martelé. Pour la ligue des fonctionnaires administratifs, « si la grille n'est pas approuvée selon la version que nous avons distribuée aux députés, nous annoncerons une grève ouverte à partir de demain jeudi ».


Ainsi, entre les avertissements à répétition des organismes économiques et des instances internationales concernant les dangers de l'approbation de la grille sur les finances et l'économie du pays et la réponse du CCS – « l'argent existe, mais il est gaspillé et pillé » – le dialogue a toujours du mal à avancer. Et ce n'est pas demain la veille que les réformes, les vraies, vont être entamées.

 

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