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Énergiquement nôtre...

Ce n'est pas la première fois que perdure une crise, et qu'il y a de l'électricité dans l'air (rien que dans l'air), parce que les exigences du ministre de l'Énergie ne sont pas satisfaites. Et qu'en dépit du noir dans lequel se trouve, par ses propres soins, plongé le pays, les éclatantes lumières de M. Gebran Bassil ne sont pas appréciées à leur juste valeur des faiseurs de gouvernements, pas plus d'ailleurs que des simples citoyens.

Pour réclamer ce qu'il estime être son dû, le gendre et dauphin virtuel du général Michel Aoun avance une série d'arguments qui, tous, ne font en réalité que se retourner contre lui. On passera sur l'immodestie sans bornes de l'intéressé, qui excipe sans aucun complexe de brillants états de service : lesquels, pourtant, n'ont jamais convaincu les électeurs qui, par deux fois plutôt qu'une, l'ont boudé. Passons aussi – car après tout, on est au Liban et non en Suède – sur les accusations d'enrichissement aussi rapide qu'illicite qui, telle une malédiction à haut voltage, n'ont cessé de poursuivre, l'un après l'autre, les patrons des Ressources hydro-électriques.

Difficile, en revanche, de passer sur le reste. Pourquoi donc, s'interroge ainsi Gebran Bassil, redécouvre-t-on soudain la nécessité, longtemps oubliée, d'une rotation des ministères : oui pourquoi, si ce n'est pour le déloger traîtreusement de ses terres, qu'il a cultivées avec amour et abnégation. D'autant que dans l'intervalle, n'omet-il pas de signaler, le florissant domaine s'est étendu à la mer où gisent d'importantes nappes de gaz naturel. Dès lors, ce ne sont plus ses seules et singulières compétences que brandit le ministre pour s'accrocher à son département, mais les intérêts d'une chrétienté libanaise injustement marginalisée au fil des ans !

À l'évidence pétri de populisme et de démagogie, l'argument gazeux – et vaseux ! – ne manque pas surtout de culot. Au vu de tout ce qui précède en effet, et en raison du profond clivage frappant leur communauté, ce n'est certes pas à ce ministre, et à nul autre que lui, qu'une bonne moitié des chrétiens iraient confier la gestion du magot sous-marin. Quant à la marginalisation des chrétiens elle résulte, c'est vrai, de l'accord de Taëf qui a sensiblement réduit les prérogatives du président de la République; mais elle est aussi l'implacable conséquence de guerres intestines dont le chef du CPL – il n'est pas le seul, c'est vrai – porte une part de responsabilité. Or ce n'est pas en s'évertuant à saper l'autorité du chef de l'État, en dénigrant le Premier ministre désigné, en alimentant le spectre d'un vide constitutionnel, en faisant des divers ministères la propriété exclusive de tels ou tels communautés ou partis, que l'on peut espérer rétablir l'équilibre rompu.

Que l'on cesse donc de dépouiller ce pays de ce qui fait sa richesse : il y a plus précieux que le gaz, que diable.

Issa GORAIEB

igor@lorient-lejour.com.lb

 

Ce n'est pas la première fois que perdure une crise, et qu'il y a de l'électricité dans l'air (rien que dans l'air), parce que les exigences du ministre de l'Énergie ne sont pas satisfaites. Et qu'en dépit du noir dans lequel se trouve, par ses propres soins, plongé le pays, les éclatantes lumières de M. Gebran Bassil ne sont pas appréciées à leur juste valeur des faiseurs de...