L'islamiste Fadel Chaker diffuse une chanson sur... Jésus

A une semaine de Noël, l'ancien chanteur Fadel Chaker, un proche du cheikh islamiste Ahmad el-Assir, diffuse une chanson sur Jésus.

Il y a quelques années encore, la voix de Fadel Chaker faisait craquer ses admiratrices, qui rêvaient sur ses chansons d'amour. Mais depuis les affrontements meurtriers en juin dernier avec l'armée libanaises à Abra, une banlieue de Saïda (Liban-Sud), l'ex-crooner libanais est en cavale.

La chanson, intitulée "Jésus est béni", a été cliquée plus de 50.000 fois depuis sa diffusion sur YouTube, mardi dernier.
"Jésus est béni et nous sommes tous ses bien-aimés. Il est le porteur de la foi véritable", chante le salafiste sur un fond de mélodie qui rappelle les chants islamiques traditionnels. Evoquant la conception de Jésus, il dit : "Elle lui a donné naissance, elle était enceinte du Créateur de l'Univers".
 

Selon les enseignements musulmans, Jésus est vénéré comme étant un prophète et le Coran reconnaît la conception miraculeuse de Jésus par "l'action du souffle de Dieu".

Dans un tweet publié mercredi, l'ex-chanteur afirme que personne ne peut prétendre être un musulman sans la foi en Jésus.

Né d'une mère palestinienne et d'un père libanais dans le misérable camp palestinien d'Ain Héloué, à Saïda, ce quadragénaire a eu une enfance difficile qui explique, selon un ancien ami du chanteur, son parcours où se mêlent les lumières de la scène et l'extrémisme le plus sombre.

Fadel Chmandour, qui changea ensuite son nom en Chaker, a débuté en poussant la chansonnette dans des mariages du camp palestinien. "Il avait une très jolie voix et l'écouter chanter en acoustique était bien plus beau que ses enregistrements", confie à l'AFP cet ancien ami, qui ne veut pas être identifié. "Mais il a toujours été naïf et crédule. Avec le succès, il s'est éloigné des gens qui l'aimaient vraiment, et terminait toujours en mauvaise compagnie", ajoute ce quadragénaire qui a perdu contact avec lui il y a plusieurs années.

Son premier album fut commercialisé au milieu des années 90 et au temps de sa gloire, toutes ses chansons connurent l'engouement du public, jusqu'à ce qu'il mette fin à sa carrière en 2011.

Ses plus grands succès comme Bayyaa al-Qouloub (le briseur de coeur), Ya Ghayeb (Toi qui es loin de moi) et Law Ala Albi (Mon coeur fond avec ton amour), sont toujours interprétées dans les mariages.

Mais vers le fin des années 2000, le chanteur a commencé à prendre du champ par rapport à sa carrière. L'artiste avait ouvert un restaurant à Saïda et pensait souvent à quitter sa carrière musicale pour une vie plus tranquille auprès de ses trois enfants. Son frère, musulman de stricte observance, tentait depuis des années de le convaincre d'abandonner la musique. La révolte en Syrie en mars 2011 contre Bachar el-Assad a marqué une rupture, et il s'est mis à penser que chanter était haram, interdit par l'islam.

Il s'est laissé pousser la barbe et est devenu l'attraction du petit mouvement salafiste mené par cheikh Assir, qu'il appelait "le lion des sunnites" en raison de ses diatribes enflammées contre le Hezbollah chiite, favorable à Bachar el-Assad.

Les militants anti-Assad mettaient souvent en ligne des vidéos montrant Fadel interprétant des chants religieux en l'honneur des rebelles syriens.

Cette année, lors d'une interview à la télévision, Fadel avait troqué ses chansons d'amour pour l'appel au jihad et à la mort. Cheikh Assir assis à ses côtés, il chantait d'une voix suave : "Dieu invite moi à rejoindre le jihad (...) Mère ne pleure pas pour moi.. Je n'ai pas peur de la mort et mon désir est de devenir un martyr".


Pour mémoire

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