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À La Une - Reportage

Réfugiés syriens en Bulgarie : "Les animaux vivent mieux que nous"

Plus de 11.000 migrants clandestins sont entrés dans le pays depuis le début de l'année en provenance de la Turquie.

Les 400 habitants du camp de réfugiés de Harmanli, répartis dans les tentes, se disputent six toilettes et huit douches. Photo AFP

"Si nous devons grelotter dans cette tente sous la neige, il vaut mieux retourner en Syrie, là où il y a la guerre", s'exclame Abd Al Jalil Bonja un réfugié au camp de Harmanli en Bulgarie, près de la frontière avec la Turquie.
Il partage le sort de milliers de migrants, pour la plupart syriens, rentrés clandestinement dans le pays balkanique, qui peine à faire face à l'afflux.
"Nous pensions que la Bulgarie, puisqu'elle est dans l'Union européenne, serait un pays normal comme l'Allemagne, la France, l'Italie... Si nous avions su ce que c'était, nous ne serions jamais venus ici", s'indigne-t-il, alors que sa femme et ses quatre enfants tremblent autour d'un poêle improvisé dans une tente déchirée qu'ils partagent avec une autre famille.


Plus de 11.000 migrants clandestins sont entrés dans le pays depuis le début de l'année en provenance de la Turquie. Leur nombre, même s'il n'est qu'une goutte dans l'océan des deux millions de réfugiés dans les pays voisins de la Syrie, dépasse largement les capacités de la Bulgarie, membre le plus pauvre de l'UE.
Les trois asiles existants se sont retrouvés débordés dès l'été. Les autorités ont alors aménagé à la hâte quatre nouveaux centres dans des écoles et des casernes depuis longtemps abandonnées, comme le camp militaire de Harmanli.


Des enfants toussant aux pieds nus, des femmes qui préparent de la nourriture sur des poêles improvisés posés dans la boue et laissant échapper une fumée noire, épaisse et suffocante. Nombreux sont ceux qui n'arrivent pas à se procurer des médicaments pour se soigner. Les habitants du camp n'ont pas le droit de sortir sauf pour acheter de la nourriture.
La neige mouille les tentes et les caravanes qui abritent 1.254 Syriens et Afghans, dont la plupart ont donné tout l'argent qu'ils possédaient à des passeurs pour traverser les pentes abruptes et boisées du mont Strandja, afin de pénétrer en Bulgarie.


Conditions "inhumaines"
Les 400 habitants répartis dans les tentes se disputent six toilettes et huit douches. Ils lavent leurs assiettes à l'extérieur et brûlent des portes et des cadres de fenêtres enlevés de l'édifice à côté, pour se chauffer et sécher leur linge.


Les ONG Amnesty International et Médecins sans frontières ont récemment qualifié les conditions à Harmanli d'"inhumaines" et "dégoûtantes", et ont appelé le gouvernement à loger les gens dans l'ancienne caserne en cours de réparation.

 

(Lire aussi : L'ère des "menaces ne reviendra jamais", assure Damas)


"Regardez l'état de cet édifice. Pensez-vous qu'il sera bientôt habitable?", demande Rasheed Jamil, 35 ans, un Syrien de Qamishli, montrant un bâtiment dépouillé de ses portes et de ses fenêtres.
"Les animaux vivent mieux que nous. Mais ce qui est pire, c'est que nous sommes oubliés, sans espoir", soupire Abdul Alghni, 35 ans, un avocat d'Alep. Il a tout abandonné en Syrie pour partir à la recherche d'une vie nouvelle avec sa femme et ses deux enfants. Il se dit maintenant dans l'impasse - sans argent et sans savoir quand il obtiendra une réponse à sa demande de statut de réfugié.


"Nous tous qui sommes ici, nous demandons des documents, un statut qui nous permette de partir", dit-il.
"Je veux aller en Allemagne chez mon frère", explique Siawash Askary, 32 ans, un Afghan de Herat, son bébé dans les bras.
"Nous comprenons que la Bulgarie soit très pauvre. Mais il n'est pas compréhensible que les autorités n'admettent pas leur incapacité à nous aider. Qu'on nous donne les documents et qu'on nous laisse partir en Europe, ou bien qu'on nous renvoie en Turquie", suggère Jamil.


Débordé par l'afflux d'immigrants, le gouvernement a disposé récemment quelque 1.100 policiers à la frontière bulgaro-turque longue de 274 km. Un déploiement de force qui semble fonctionner. Selon le vice-Premier ministre Tsvetlin Yovtchev, le nombre des entrées a drastiquement diminué. "Nous n'avons pas eu un seul migrant illégal ayant franchi la frontière ces dernières 24 heures", a-t-il déclaré jeudi lors d'une visite sur les lieux à Goliam Dervent.


Le pays veut renforcer son "verrouillage" par l'installation d'une clôture à la frontière d'ici la fin janvier. Quant aux immigrants économiques arrivés clandestinement dans le pays, ils sont désormais systématiquement expulsés.

 

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commentaires (3)

Encore une fois ce sont les innocents qui payent les pots cassés . Triste sort .

Sabbagha Antoine

17 h 07, le 01 décembre 2013

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Commentaires (3)

  • Encore une fois ce sont les innocents qui payent les pots cassés . Triste sort .

    Sabbagha Antoine

    17 h 07, le 01 décembre 2013

  • Mais ils aont où les amis de la Syrie virtuelle en 3D et les beaux et riches pétro-dollatatres du desert, ultra démocratiques évidemment aux yeux des occidentaux, pour donner un coup de main à ces enfants innocents et à ces pauvres grugés, tant épris de Liberté, certes, que l'on a souvent confessionnellement pompé et payé pour ce faire.. en sommes utilisés pour détruire leur propres pays qu'ils ne voient désormais que de loin, assis au froid sur une boite de conserve vide et renversée, dans le but de diminuer la pression galopante sur ces criminels envahisseurs de sionistes des terres amies de la Palestine, plusieurs fois saintes, pour retarder ainsi leur inéluctable fin dans notre région

    Ali Farhat

    11 h 42, le 01 décembre 2013

  • On est tellement desole pour ce peuple a qui on a rien demande, et pour qui des donquichottes se disant democrates du desert aides par des marchants de reve venus d'occidecadent et d'états usurpes , qu'a la fin on est tente de leur dire : mais allez donc chez les amis de la Syrie reclamer votre droit de parole pour un retour dans la paix au sein du gouvernement legitime pour organiser des elections justes et egales pour tous !! ca fait 2 ans et 11 mois qu'on vous conseille de ne pas ecouter les sirenes du desert , le resultat est que si vous n'agissez pas vite le drame va s'accentuer parce que les griffes de vos "protecteurs" ne se relacheront pas sur vous. Et celles de leurs ennemis aussi , mais sur eux , les laches !bandar degage !!

    FRIK-A-FRAK

    11 h 01, le 01 décembre 2013

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