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Moyen Orient et Monde - Syrie

Face à la révolte, Assad lâche du lest

Confronté à une révolte populaire sans précédent, le président Bachar el-Assad a fait savoir hier qu’il « va étudier » la levée de l’état d’urgence, tout en promettant une hausse des salaires et des mesures anticorruption. De leur côté, les militants, qui affirment que la répression a fait plus de 100 morts à Deraa, appellent à des manifestations massives dans tout le pays aujourd’hui pour refuser « l’injustice ».
Confronté à une révolte populaire sans précédent depuis plus de 20 ans, le président Bachar el-Assad a promis hier des réformes. Sa conseillère, Bouthaïna Chaabane, a déclaré lors d'une conférence de presse à Damas que les demandes de la population étaient « légitimes ». « La Syrie va étudier l'annulation de la loi sur l'état d'urgence » décrété à l'arrivée au pouvoir du parti Baas en 1963, a affirmé Mme Bouthaïna, en référence à une des revendications principales des protestataires. Elle a ajouté que de « nouveaux mécanismes pour lutter contre la corruption vont être mis en place », alors que l'agence de presse officielle SANA annonçait une augmentation des salaires des fonctionnaires de 30 %. Le pouvoir promet également une législation sur la liberté de la presse ainsi que sur les partis politiques.
Quelques instants plus tard, on apprenait toutefois qu'un jeune blogueur, Ahmad Hanifa, et le militant des droits de l'homme et défenseur de la liberté d'expression Mazen Darouiche avaient été arrêtés par la sécurité. Ce dernier avait participé la semaine dernière à une manifestation en faveur de la libération des prisonniers politiques, une des principales revendications des opposants syriens. Ceux-ci ont d'ailleurs rejeté comme trop timides les mesures annoncées par Mme Chaabane, insistant sur la libération rapide des milliers de détenus politiques, la levée immédiate de l'état d'urgence et le rétablissement des libertés d'expression et de réunion. Amnesty International a dressé une liste de 93 personnes arrêtées ce mois-ci dans le pays, tout en estimant que le nombre réel est « vraisemblablement beaucoup plus élevé ». La télévision d'État a cependant fait état hier soir de la libération de « tous » les militants arrêtés lors des « récents évènements ». Parmi les personnes libérées figure l'écrivain et militant Louaï Hussein, arrêté mardi par les services de sécurité.

Une « enquête en cours »
S'agissant des importantes manifestations se déroulant depuis vendredi à Deraa (100 km au sud de Damas), Mme Chaabane a voulu faire la distinction entre les habitants de cette ville et « les gens qui ont des armes (et) n'ont aucune revendication (et qui) essaient juste de causer des violences ». Elle a fait état d'une « enquête en cours » pour déterminer qui étaient les responsables de ces manifestations, évoquant un « financement étranger ». S'agissant du nombre de morts depuis le 15 mars, elle a indiqué qu'il y avait eu « 10 morts » et a reproché aux médias étrangers d'exagérer le nombre de victimes.
Au moins 100 personnes ont été tuées mercredi à Deraa par les forces de l'ordre, ont indiqué hier à l'AFP des militants et des témoins, joints par téléphone depuis Nicosie. « Il y a sûrement plus de 100 morts et la ville a besoin d'une semaine pour enterrer ses martyrs », a déclaré Ayman al-Assouad, militant des droits de l'homme. Un autre militant a affirmé que le nombre des morts à Deraa et dans les localités voisines « dépassait les 150 ».

« Ville fantôme »
Plus de 20 000 personnes ont participé hier aux funérailles des victimes à Deraa, selon des militants. Le cortège s'est mué en manifestation politique. « Le sang des martyrs ne sera pas versé en vain », ont scandé les participants. La mosquée al-Omari, qui était devenue le quartier général de la contestation dans cette ville, a été évacuée par les services de sécurité qui en ont pris le contrôle. Les rues de la ville étaient désertes, les magasins et les écoles fermés, alors que des milliers de soldats et unités antiterroristes patrouillaient dans la cité. Une habitante, Amal, a parlé d'une « ville fantôme ».
Le mouvement de contestation a débuté le 15 mars en Syrie à la suite d'un appel via une page Facebook intitulée « La révolution syrienne contre Bachar el-Assad 2011 ». Cette page a appelé à des manifestations aujourd'hui dans tout le pays pour refuser « l'injustice et la répression ».
« Selon Bouthaïna Chaabane, l'ordre de tirer sur les manifestants n'est pas venu du président Assad, mais des Martiens, des extraterrestres », indique un texte publié hier soir sur le groupe Facebook « Syrian News Network ». « Nous allons les tester vendredi lorsque les habitants de Damas, d'Alep, de Homs, de Hama, de Deir el-Zor et de Soueida sortiront dans les rues après la prière. Vont-ils nous réprimer dans le sang ou vont-ils nous laisser nous exprimer librement ? » ajoute le texte.

Le Golan soutient Deraa
Parallèlement, un groupe de Syriens du plateau du Golan, occupé par Israël, a exprimé hier son soutien au peuple syrien et son désir de se rebeller contre « ses tortionnaires ». « Quiconque attaque le peuple syrien (...) n'est en rien différent des occupants israéliens », dit un communiqué signé par le groupe qui se décrit comme non partisan.
Sur le plan international, la diplomatie américaine a réagi hier avec circonspection aux promesses de réformes des autorités syriennes, soulignant que Washington attendait « des actes » et condamnant à nouveau les violences. Paris a dénoncé des « violences inacceptables » et Londres a appelé la Syrie à « respecter le droit de manifester ».
(Source : agences)

Confronté à une révolte populaire sans précédent depuis plus de 20 ans, le président Bachar el-Assad a promis hier des réformes. Sa conseillère, Bouthaïna Chaabane, a déclaré lors d'une conférence de presse à Damas que les demandes de la population étaient « légitimes ». « La Syrie va étudier l'annulation de la loi sur l'état d'urgence » décrété à...

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