Des Syriens cherchent des victimes sous les décombres d'un bâtiment démoli par une frappe aérienne, dans le quartier rebelle de Sakhour, à Alep, le 18 juillet 2016. Thaer Mohammed/AFP
Le groupe État islamique (EI) utilise des civils comme boucliers humains, a accusé hier un responsable militaire américain, alors que la coalition est accusée d'avoir tué des dizaines de civils dans des frappes près de Manbij en Syrie. L'EI a « utilisé des civils comme boucliers humains et comme appât (...) tentant d'attirer sur eux le feu des Forces démocratiques syriennes (FDS) », a accusé le colonel Chris Garver, porte-parole militaire de la coalition qui s'exprimait par vidéoconférence depuis Bagdad. Selon le porte-parole, la frappe de mardi, qui a tué 56 civils, dont 11 enfants, qui fuyaient un village près de Manbij, a été déclenchée quand les combattants des FDS ont « observé un nombre important » de jihadistes « dans un convoi qui semblait se préparer pour une contre-attaque ». Après la frappe, « nous avons ensuite reçu des informations, tant internes qu'externes selon lesquelles il y aurait pu y avoir des civils mêlés avec les combattants de l'EI », a-t-il indiqué. La première phase de l'enquête de la coalition s'achèvera au maximum « d'ici à une semaine et demi », a ajouté le porte-parole. Les responsables militaires de la coalition détermineront à ce moment-là s'ils lancent une enquête plus approfondie ou s'ils rejettent ces allégations, a-t-il dit.
Vieil Alep
Par ailleurs, près de 40 soldats syriens et combattants prorégime ont péri jeudi quand des rebelles ont fait exploser un tunnel à Alep, a rapporté hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les insurgés ont « creusé ce tunnel en dessous d'une position du régime dans la Vieille Alep et l'ont fait exploser, provoquant l'effondrement de l'immeuble » et tuant au moins 38 combattants prorégime, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. L'Observatoire avait avancé jeudi un premier bilan de 14 morts mais plusieurs autres corps ont depuis été retirés des décombres. L'explosion s'est produite dans le quartier de Bab Jneine. Les insurgés ont diffusé une vidéo dans laquelle on peut voir des combattants à l'intérieur d'un tunnel, affirmant qu'ils allaient viser « une importante position du régime » à Alep et menaçant de nouvelles attaques. La vidéo montre par la suite deux séquences d'une puissante explosion pulvérisant un bâtiment, suivie de tirs. L'une des séquences semble avoir été filmée par un drone.
De son côté, Human Rights Watch a exhorté hier les autorités syriennes à permettre l'entrée immédiate de nourriture et autres produits de première nécessité dans les secteurs assiégés d'Alep et à autoriser les civils à quitter cette ville.
Rencontre Kerry-Lavrov
Par ailleurs, des avions russes ont bombardé en juin un poste militaire en Syrie utilisé par des soldats d'élite américains et britanniques et en juillet un site lié à la CIA dans ce même pays, a rapporté le Wall Street Journal dans son édition d'hier, citant des responsables américains. Ces frappes, qui ont eu lieu respectivement le 16 juin et le 12 juillet selon ce quotidien américain, avaient pour but de faire pression sur les États-Unis pour qu'ils coopèrent plus étroitement avec la Russie dans le ciel syrien.
Ces attaques ont renforcé l'opposition de responsables, au Pentagone et à l'agence américaine de contre-espionnage, à une coopération avec Moscou, selon les responsables militaires et du renseignement cités par le quotidien. Mais la Maison-Blanche et le département d'État, désireux d'éviter une escalade militaire, ont convenu de continuer à rechercher un compromis. Moscou a botté en touche hier, le Kremlin assurant « ne pas être au courant » des accusations du Wall Street Journal.
Enfin, le secrétaire d'État américain John Kerry a annoncé hier qu'il s'entretiendrait de nouveau du conflit en Syrie avec son homologue russe Sergueï Lavrov en début de semaine prochaine au Laos.
(Source : AFP)