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Liban - Recherche

Dix-neuf institutions s’engagent sur le respect des principes d’intégrité scientifique

Une vingtaine d'institutions de recherche, pour la plupart des universités, signent aujourd'hui une charte des principes éthiques élaborée à l'initiative du CNRS.

S'assurer du consentement éclairé d'une personne avant de la soumettre à un questionnaire, ou d'un patient avant d'essayer un nouveau médicament, respecter le travail des autres chercheurs ou encore ne pas omettre de nommer les chercheurs ayant contribué à une publication... Tels sont quelques-uns des garde-fous devant être pris en compte dans le domaine de la recherche. Une charte des principes éthiques en matière de recherche scientifique au Liban a été élaborée à l'initiative du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS), principal organe officiel de financement de la recherche au Liban, avec la contribution de plusieurs autres acteurs (universités et instituts de recherche).

C'est le premier texte de ce type dans le pays, qui servira de référence pour les différentes balises éthiques qui doivent marquer les travaux de recherche.
Le texte sera signé aujourd'hui par 19 institutions de recherche, pour la plupart des universités, lors d'une cérémonie au Grand Sérail en présence du Premier ministre, Tammam Salam.

Pourquoi une telle charte? « Nous avions besoin d'un cadre qui définisse la bonne conduite morale et éthique d'un projet de recherche, que ce soit dans sa conception, dans la méthodologie employée, dans le traitement et la publication des résultats, dans l'exploitation de ces résultats, etc., explique Mouïn Hamzé, secrétaire général du CNRS, dans un entretien avec L'OLJ. Ce texte engagera autant le chercheur que l'institution dans laquelle il évolue. »

En clair, le CNRS ne traitera plus qu'avec les institutions signataires de la charte, celles-ci devant s'engager à respecter les principes d'éthique de la recherche, sous peine de perdre le financement de leurs projets. Ces principes étaient déjà appliqués par le CNRS auparavant : M. Hamzé explique que le Conseil refusait ou retirait systématiquement les financements en cas de preuve d'un plagiat d'article, par exemple. Dans ce cas, que changerait la charte ? « Ce texte servira de cadre précis qui définira les règles de bonne conduite morale et éthique, explique-t-il. D'autant plus que la charte est une exigence des organisations internationales qui financent souvent la recherche au Liban. »

Le secrétaire général du CNRS souligne que cette charte libanaise a repris des éléments puisés dans les meilleures chartes du monde, tout en s'adaptant aux spécificités de la recherche au Liban. Elle implique que les établissements signataires forment des comités de suivi de son application. Elle instruit le chercheur sur ses devoirs, mais aussi sur ses droits.

Le père Michel Scheuer, vice-recteur de l'Université Saint-Joseph (USJ) et membre du Comité national d'éthique, qui a participé à la rédaction du texte, fait remarquer que toutes les universités qui font déjà de la recherche seront parmi les signataires. Cela pourrait encourager d'autres établissements, qui ont l'ambition d'obtenir des dons de recherche, de signer le texte à leur tour, ajoute-t-il, insistant sur le foisonnement d'établissements d'enseignement supérieur, qui justifie la mise en place de telles règles. « J'ai travaillé à l'élaboration du texte et je trouve que la démarche est saine, souligne-t-il. Le CNRS ne veut plus traiter avec des établissements qui n'auront pas pris ces engagements. »

Une future loi ?
Bien qu'il assure ne pas être au courant de manquements graves à l'éthique par des chercheurs libanais, le père Scheuer donne des exemples de garde-fous qu'apporte une telle charte, insistant sur le domaine biomédical (l'éthique de la recherche médicale et génétique fait l'objet d'un grand encadré dans le texte). À titre d'exemple, dit-il, jusqu'où peut-on aller dans l'assistance médicale à la procréation humaine, ou encore dans la conservation de tissus humains ? Il parle aussi du fait que les chercheurs doivent s'assurer du consentement éclairé d'une personne avant sa participation à une recherche, qu'elle soit appelée à remplir un questionnaire ou qu'elle soit un patient invité à essayer un nouveau médicament – en d'autres termes s'assurer qu'elle en a bien compris toutes les implications et qu'elle a trouvé une réponse à ses questions.

Mouïn Hamzé estime lui aussi que les cas d'entorses aux règles éthiques ne sont pas très nombreux au Liban, mais il souligne qu'il y a eu des plagiats, des cas (limités) où des chercheurs ayant participé à une étude n'y ont pas été cités, et d'autres où des noms cités dans une étude ne correspondent pas aux personnes qui y ont réellement contribué.
« Certains des établissements impliqués dans la conception de ce texte auraient même préféré que celui-ci devienne une loi, souligne-t-il. Cela impliquerait plus de responsabilité juridique pour les contrevenants. Pour ma part, je préfère qu'on expérimente ce texte sur le terrain avant d'en faire une loi. Un chercheur pris en faute sera assez sévèrement touché s'il est radié du cadre enseignant de son université. »

S'assurer du consentement éclairé d'une personne avant de la soumettre à un questionnaire, ou d'un patient avant d'essayer un nouveau médicament, respecter le travail des autres chercheurs ou encore ne pas omettre de nommer les chercheurs ayant contribué à une publication... Tels sont quelques-uns des garde-fous devant être pris en compte dans le domaine de la recherche. Une charte des...
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