Au Meyerson Symphony Center, dans le centre de Dallas, Barack Obama a rendu hier un vibrant hommage aux cinq policiers tués. Tom Pennington/Getty Images/AFP
Ému et grave, Barack Obama a rendu hommage hier à Dallas aux cinq policiers abattus par un tireur embusqué, appelant l'Amérique à la « réconciliation » dans un climat de tensions entre minorités et forces de l'ordre. Dans l'auditorium du Meyerson Symphony Center, les cinq policiers abattus – Brent Thompson, Patrick Zamarripa, Michael Krol, Lorne Ahrens et Michael Smith – étaient chacun représentés par une chaise vide sur lesquelles étaient déposés des drapeaux américains pliés et une casquette de policier.
« Je suis ici pour dire que nous devons rejeter le désespoir. Je suis ici pour insister sur le fait que nous ne sommes pas aussi divisés qu'il y paraît », a déclaré le président des États-Unis, lors d'une cérémonie « œcuménique » en présence de son prédécesseur républicain George W. Bush. En permanence à la recherche d'un équilibre entre gestes de soutien aux forces de l'ordre et appui aux militants des droits civiques, qui dénoncent les excès de ces dernières, M. Obama, qui quittera prochainement la Maison-Blanche, a appelé à « briser un cycle dangereux ». « Même ceux qui n'aiment pas la phrase Black lives matter (nom du mouvement à la pointe des dénonciations des bavures policières à l'encontre des Noirs) devraient être capables d'entendre la douleur de la famille d'Alton Sterling », a-t-il lancé, évoquant ce jeune homme abattu par la police à Baton Rouge, en Louisiane.
Mais le président américain, qui était accompagné de sa femme Michelle, vêtue d'une robe noire, a aussi laissé percer une forme d'impuissance, de lassitude. « Je ne suis pas naïf. (...) J'ai parlé à trop de cérémonies, serré dans mes bras trop de familles qui avaient perdu des proches (...). J'ai vu comment l'esprit d'unité né d'une tragédie pouvait se dissiper peu à peu (...). J'ai vu combien mes propres mots étaient inadaptés », a-t-il reconnu.
David Brown, chef de la police de la ville, a lui cité la chanson de Stevie Wonder, I'll be loving you always, avant de saluer « cinq hommes qui ont donné leur vie pour nous tous ». Depuis le drame, cet homme noir, qui est à la tête d'une des polices les plus importantes du pays, a trouvé un ton et un message qui ont résonné bien au-delà des frontières du Texas.
Avant l'allocution de M. Obama, George W. Bush, qui vit au Texas depuis son départ de la Maison-Blanche, avait également saisi l'occasion pour appeler le pays à s'unir : « Trop souvent nous jugeons les autres groupes par leur pire exemple alors que nous nous jugeons nous-mêmes par nos meilleures intentions. » « La douleur de Dallas est la douleur de tout le pays », avait affirmé peu avant le maire démocrate de la ville, Mike Rawlings, lançant un appel à l'unité « entre la police et les citoyens, unité entre les responsables politiques ».
Lors du vol à bord d'Air Force One qui le menait à Dallas, M. Obama avait appelé la famille d'Alton Sterling et celle de Philando Castile, abattu dans sa voiture par la police sous les yeux de sa compagne et de sa fillette, près de Saint Paul dans le Minnesota. Le président américain rassemblera aujourd'hui à la Maison- Blanche des représentants des forces de l'ordre, des militants des droits civiques, des universitaires et des élus locaux pour « dégager des solutions concrètes », selon les termes de l'exécutif, face à la méfiance et la crainte qui dominent dans de nombreuses communautés.
(Source : AFP)