Des militaires polonais durant un entraînement de l’Otan le 7 juin 2016. Kacper Pempel/Reuters
L'Otan a annoncé hier l'envoi de quatre bataillons multinationaux en Pologne et dans les pays baltes, commandés par les États-Unis, le Canada, l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Il s'agit d'un déploiement destiné à rassurer l'Europe de l'Est, inquiète de la « menace » russe. L'annonce en a été faite par le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg au soir du premier jour d'un sommet de l'Otan à Varsovie.
Barack Obama avait auparavant fait état de l'envoi d'un millier de soldats américains pour un de ces bataillons, où ils se tiendront « côte à côte » avec leurs camarades polonais. Ils devraient fréquemment effectuer des missions d'entraînement et seront « mécanisés », autrement dit apporteront avec eux des équipements pouvant comprendre des transports de troupes blindés. La Grande-Bretagne s'est engagée à envoyer 650 hommes, 500 en Estonie et 150 en Pologne. L'Allemagne et le Canada, lequel, d'après les médias de ce pays, va envoyer mille hommes, doivent chacun assurer le commandement d'un bataillon multinational, en Lituanie et en Lettonie. La Belgique doit dépêcher 150 soldats, le même nombre que la France. Les unités, présentes dans le cadre de rotations, doivent dissuader la Russie de tenter une incursion. Elles seront appuyées par la force « fer de lance », une force de réaction très rapide, comptant quelque cinq mille hommes et capable d'arriver sur place en quelques jours.
L'objectif de l'Otan est d'éviter la répétition du scénario ukrainien et une hypothétique annexion par la Russie d'une partie du territoire de l'une des anciennes républiques baltes soviétiques. L'Alliance atlantique a multiplié les exercices dans l'est de l'Europe pour vérifier le niveau de préparation de ses troupes et rassurer certains de ses membres. Elle a en outre envoyé des avions supplémentaires pour assurer la police des airs, surtout le long des côtes des pays baltes. Dans le sud de l'Europe, l'Otan s'occupe de plus en plus de la sécurité de la Roumanie et de la Bulgarie, qui voient avec inquiétude le renforcement du dispositif militaire russe en mer Noire. Elle prévoit ainsi d'envoyer en Roumanie une force destinée à rassurer ce pays. « Nous percevons dans la zone de la mer Noire des signes d'intimidation », a dit un haut responsable américain.
Bouclier antimissile
En plus de leur contribution au sein de l'Alliance atlantique, les États-Unis comptent dépenser cette année 3,4 milliards de dollars pour des « mesures de réassurance ». Le Pentagone doit par ailleurs dépêcher en 2017 en Europe de l'Est une brigade blindée de 4 200 hommes, dont, a annoncé hier M. Obama, le quartier général sera situé en Pologne. « Autrement dit, la Pologne verra une présence accrue du personnel de l'Otan et des États-Unis, avec les équipements militaires les plus modernes », a souligné le président américain. Mais il n'a pas donné de détails sur l'endroit d'où viendront les troupes américaines, y compris celles faisant partie du bataillon de l'Alliance atlantique, ni où elles seront déployées.
Les États-Unis sont également en train de déployer un système antimissile en Europe, qui devrait relever à l'avenir de la compétence de l'Otan. Ces installations, basées en Turquie, en Roumanie et en Espagne, « sont maintenant en mesure de fonctionner sous un commandement et un contrôle de l'Otan », a annoncé Jens Stoltenberg.
La France, inquiète pour sa propre dissuasion nucléaire, demande toutefois que des conditions très strictes soient définies pour la mise en œuvre de ce système au nom de l'Alliance atlantique. Ce dispositif est destiné à intercepter des missiles à longue portée qui pourraient être tirés d'« au-delà de la zone euro-atlantique », autrement dit d'Iran ou du Proche-Orient, mais non de Russie. Toutefois, Moscou considère que, lorsqu'il sera opérationnel, ce système, jadis appelé « bouclier antimissile », modifiera en faveur de l'Occident l'équilibre en matière de dissuasion.
Thomas WATKINS/AFP