Stade Matmut Alantique, samedi soir. Accolade entre Buffon et Neuer avant leur duel à distance.
Entre ces deux références au poste de gardien, il ne pouvait en rester qu'un : c'est l'Allemand Manuel Neuer qui verra les demi-finales de l'Euro 2016 après avoir supplanté l'Italien Gianluigi Buffon samedi dans une séance de tirs au but hors norme.
Et, grâce à son portier porte-bonheur, l'Allemagne est enfin venue à bout de l'Italie (1-1 a.p., 6 t.a.b. à 5), qu'elle n'avait jamais battue jusque-là dans un tournoi majeur.
Avec un premier arrêt devant Leonardo Bonucci à 2-2 dans cette séance irrespirable, puis un second arrêt, déterminant, à 5 tirs au but à 5 devant Matteo Darmian, Neuer a su garder ses nerfs malgré un scénario irrespirable.
« Je n'ai jamais vécu un truc pareil. J'ai déjà fait quelques séances de tirs au but, mais autant de tireurs, c'était très particulier et vraiment dramatique », a commenté le portier, élu homme du match.
C'est cruel pour l'Italie, et notamment pour l'expérimenté gardien Gianluigi Buffon (38 ans), qui a lui aussi réalisé des arrêts précieux mais a insuffisamment dévié le tir victorieux d'Hector.
Mais dans le duel à distance entre le portier champion du monde 2006 et son cadet, champion du monde 2014, c'est Neuer qui l'a finalement emporté.
« Manuel Neuer ! Manuel Neuer », se sont époumonés les milliers de supporteurs allemands, heureux de disposer avec le joueur du Bayern Munich d'un dernier rempart de classe mondiale.
Ce n'est pourtant pas un match où les gardiens ont eu beaucoup d'arrêts à faire. Avec sa maîtrise habituelle, Neuer a été ce libéro-bis posté à l'entrée de sa surface et épaulant parfaitement la défense à trois innovante alignée par le sélectionneur Joachim Löw.
Certes, le portier a parfois joué avec le feu dans ses sorties au pied, avec des dégagements in extremis (36e, 37e).
Mais, sur sa ligne, « Manu » a été impeccable. La frappe un peu écrasée d'Alessandro Florenzi (15e) ? Captée. Le centre brûlant d'Emanuele Giaccherini (43e) ? Dévié sur le fil. Quant au tir à angle fermé de Lorenzo Insigne en prolongation (113e), Neuer l'a stoppé avec sang-froid.
Par ailleurs, on peut difficilement lui reprocher son attitude sur l'égalisation de Leonardo Bonucci sur penalty (78e) : le portier s'est parfaitement étiré sur son côté gauche, mais la frappe du défenseur italien était trop forte et trop bien placée pour faire quoi que ce soit.
Sauf que Neuer avait enregistré des informations précieuses sur ce tireur-là. Et lorsque Bonucci s'est à nouveau présenté devant lui lors de la séance décisive, l'Allemand s'est cette fois bien détendu sur sa droite pour stopper le ballon et offrir une première balle de match à 2-2 que Bastian Schweinsteiger a malencontreusement ratée.
À ce moment-là, Neuer ne s'est pas déconcentré pour autant. Et quelques minutes plus tard, arrivé au stade de la mort subite, il a repoussé la tentative de Darmian pour donner un avantage décisif à l'Allemagne, confirmé ensuite par Hector.
« Ce n'était pas si simple, ça a été une guerre des nerfs, a raconté Neuer. Je devais me concentrer sur mon rôle de gardien, mais j'espérais aussi à chaque fois que nos tentatives entrent. Je ne devais pas me laisser déconcentrer. J'étais préparé, évidemment. »
Ces derniers jours, « Gigi » Buffon avait rendu le plus beau des hommages à son jeune confrère en estimant que Neuer était meilleur que lui, « un gardien extraordinaire à tous les points de vue ».
Tellement extraordinaire que l'Allemagne a évité samedi de subir son naufrage ordinaire contre l'Italie. Voilà la Mannschaft dans le dernier carré, avec Manuel Neuer comme redoutable totem.
(Source : AFP)