Des milliers de bouddhistes, dont des moines, ont manifesté dimanche dans l'ouest de la Birmanie pour protester contre une décision du gouvernement de reconnaître la communauté musulmane dans cette région, ont affirmé les organisateurs à l'AFP.
Les tensions communautaires se sont aggravées récemment dans le pays, et deux mosquées ont été saccagées par des groupes de bouddhistes en colère au cours des huit derniers jours.
Les tensions sont vives dans l'Etat Rakhine, où vivent près d'un million de membres de la minorité musulmane persécutée des Rohingyas, considérés comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin.
Les bouddhistes de l'Etat Rakhine refusent de leur reconnaître le moindre droit et les désignent par le terme méprisant de "Bengalis".
Le nouveau gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi, pris en étau entre la communauté internationale et les nationalistes bouddhistes sur ce dossier sensible, a proposé de désigner cette minorité comme "les communautés musulmanes en Etat Rakhine".
Mais les manifestants ont affirmé dimanche que cette proposition était inacceptable car elle reconnaissait des droits au musulmans dans un Etat bouddhiste.
"Nous rejetons le terme de 'communautés musulmanes dans l'Etat Rakhine', a affirmé à l'AFP Kyawt Sein, organisateur de la manifestation à Sittwe, capitale de l'Etat, affirmant que plus de mille personnes, dont des moines, participaient au rassemblement.
"Protégez l'Etat Rakhine", scandaient les manifestants. Une autre marche s'est déroulée dans la ville de Thandwe avec un nombre similaire de manifestants.
"Les Bengalis doivent être appelés Bengalis," a affirmé à l'AFP Phoe Thar Lay, chef d'un groupe local de jeunesse en Etat Rakhine, ajoutant que 17 villes de cet Etat allaient se joindre aux protestations dimanche après-midi.
Le pays confronté à une montée du bouddhisme radical a connu en 2012 des violences intercommunautaires très violentes et des milliers de Rohingyas avaient dû fuir leurs villages et vivent toujours dans des camps.
Aung San Su Kyi, dont le parti a pris les rênes du pouvoir dans le pays début avril, est critiquée à l'étranger pour le silence qu'elle observe à ce sujet.
Même le prix Nobel de la paix rejette le mot de "Rohingya" dans une société sous la pression des nationalistes bouddhistes. Cette appellation reviendrait à reconnaître la légitimité de cette minorité sur cette terre.
D'où la recherche d'une troisième voie avec cette proposition de désigner les Rohingyas, qui ne sont pas reconnus par le gouvernement comme une minorité ethnique, par le terme de "minorités musulmanes".
Dans un rapport récent, l'Onu s'est inquiétée des violations des droits des Rohingyas en Birmanie, notamment le déni de citoyenneté, le travail forcé et des violences sexuelles, qui pourraient être considérées comme des "crimes contre l'humanité".
Yanghee Lee, rapporteur spécial de l'Onu sur les droits de l'Homme en Birmanie, avait estimé vendredi au terme d'une visite dans le pays que le gouvernement devait "mettre un terme à discrimination institutionalisée" contre les Rohingyas et qu'il s'agissait d'une "priorité urgente".
Dernières Infos
Birmanie : protestation de bouddhistes contre la minorité persécutée des Rohingyas
AFP / le 03 juillet 2016 à 14h41
Des milliers de bouddhistes, dont des moines, ont manifesté dimanche dans l'ouest de la Birmanie pour protester contre une décision du gouvernement de reconnaître la communauté musulmane dans cette région, ont affirmé les organisateurs à l'AFP.Les tensions communautaires se sont aggravées récemment dans le pays, et deux mosquées ont été saccagées par des groupes de bouddhistes en...
Les plus commentés
Au moins 25 personnes arrêtées après l'attaque contre un convoi de la Finul
Avion iranien : la tenaille de tous les dangers
Un officier de la Finul blessé dans l'attaque d'un convoi dans la banlieue sud de Beyrouth