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Moyen Orient et Monde - Brexit

L’UE refuse un divorce « à la carte »

Bruxelles presse Londres d'engager au plus vite la procédure ; le Royaume-Uni et les Européens sont invités à négocier à Maastricht.

Inquiets du flottement qui s'installe, les dirigeants européens ont exhorté hier les Britanniques à engager au plus vite leur procédure de divorce avec l'UE, avertissant qu'ils ne bénéficieraient d'aucun traitement de faveur.
Le Royaume-Uni et l'UE ont été invités par les autorités locales à mener leurs négociations sur le Brexit à Maastricht, au sud des Pays-Bas, 25 ans après la signature du traité du même nom sur l'Union européenne et la monnaie unique.
Le gouverneur de la province du Limbourg, Theo Bovens, a lancé cette invitation à l'occasion de la présentation du programme « Europe Calling ! Maastricht Treaty 25th Anniversary ». Le dialogue sur l'avenir de l'Europe est le thème principal de cet événement qui commence le 9 décembre.
Cinq jours après le référendum qui a vu son pays choisir de quitter le navire européen, le Premier ministre David Cameron a appelé à une procédure « aussi constructive que possible », tout en maintenant qu'il ne l'enclenchera pas lui-même. Londres et l'UE devront bâtir une « relation la plus étroite possible » une fois la séparation effective, a-t-il plaidé en rejoignant un sommet européen réuni sous tension à Bruxelles, car les 27 autres pays européens resteront « des voisins, des amis, des alliés, des partenaires ».
De l'autre côté de l'Atlantique, le président américain Barack Obama a appelé au calme, estimant qu'une « hystérie » avait suivi le vote pour le Brexit, « comme si en quelque sorte l'Otan avait disparu, l'alliance transatlantique s'était dissolue et chaque pays se recroquevillait dans son coin ».

Prise d'otage
L'UE est « prête à commencer la procédure de divorce dès aujourd'hui », a affirmé à Bruxelles le président du Conseil européen, Donald Tusk, proposant la tenue en septembre d'un nouveau sommet, à 27 cette fois, et probablement à Bratislava, sur l'avenir de l'Union.
Pour la chancelière allemande Angela Merkel, « l'UE est assez forte pour surmonter le départ de la Grande-Bretagne et continuer à aller de l'avant même à 27 ». Elle a surtout prévenu le gouvernement britannique qu'il ne choisirait pas « à la carte » ses futures relations avec l'UE. « Celui qui sort de la famille ne peut pas s'attendre à ce que tous ses devoirs disparaissent et que ses privilèges soient maintenus. » Une autre façon de traduire le cinglant « les déserteurs ne seront pas accueillis à bras ouverts » qu'avait lancé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avant le référendum britannique.
Avant d'entrer dans ce débat sur les futures relations UE-Londres, David Cameron devait donner des « explications » à ses partenaires sur son humiliant échec, lors d'un dîner hier dans la nuit à Bruxelles. Malgré les pressions, selon une source gouvernementale britannique, le leader conservateur a prévu de réaffirmer qu'enclencher la procédure de séparation incomberait à son successeur, dont le nom devrait être connu d'ici au 9 septembre. Les candidatures s'ouvriront aujourd'hui et seront closes demain, a ajouté cette source. Le Royaume-Uni doit « clarifier le plus rapidement possible » sa situation car sans « notification, pas de négociation », a cependant martelé M. Juncker, résumant la position commune des dirigeants européens.
C'est le président du Parlement européen, Martin Schulz, qui a eu les mots les plus durs. « Attendre pendant plusieurs mois cette notification » et « prendre le destin d'un continent entier en otage pour des raisons relevant purement de la politique interne d'un parti serait inacceptable », a-t-il dit à M. Cameron.

« Tirer les leçons »
Les députés européens, réunis en session extraordinaire, ont adopté hier une résolution enjoignant à Londres de notifier son départ « aussi rapidement que possible ». En attendant, les Européens sont décidés à « tirer les leçons » du Brexit pour éviter une contagion dans une Union affaiblie par une succession de crises, notamment migratoire, et où l'extrême droite et les mouvements populistes ont le vent en poupe.
L'Allemagne, la France et l'Italie, les trois poids lourds fondateurs de l'UE et principales économies de la zone euro, ont plaidé pour donner une « nouvelle impulsion » au projet européen, aux contours encore flous. « Tout le monde a les yeux tournés vers l'Europe », qui doit être « suffisamment forte pour agir », a déclaré le président français, François Hollande, à Bruxelles. Parmi les chantiers à engager, il a insisté sur « la sécurité, la lutte contre le terrorisme, la croissance et l'emploi, avec le soutien à l'investissement et l'aide à la jeunesse ». Mais alors qu'une initiative franco-allemande était attendue, Paris et Berlin n'apparaissent pas encore sur la même longueur d'onde quand il s'agit de détailler un projet commun.
Les pays fondateurs de l'Union « ne sont pas les seuls à porter le projet », a mis en garde M. Juncker, dans un appel à peine voilé à ne pas négliger la voix des pays d'Europe de l'Est, froissés de ne pas être suffisamment associés. Ces questions sur l'avenir à 27 doivent être discutées ce matin à Bruxelles, sans M. Cameron. « Le but doit être d'arriver à un résultat commun au plus tard pour le 60e anniversaire du traité de Rome en mars de l'année prochaine », a expliqué Mme Merkel, en référence au texte fondateur de la construction européenne.

L'Écosse déterminée à rester
« Le Royaume-Uni ne sera pas le dernier État membre à quitter l'UE », a de son côté prédit, devant ses collègues européens, l'eurodéputé europhobe britannique Nigel Farage. Au Royaume-Uni, le Brexit a cependant toujours du mal à passer chez ceux qui ont voté contre. La tourmente politique y est d'autant plus dévastatrice que revient au premier plan la menace d'une sécession de l'Écosse, qui s'est prononcée à 62 % pour le maintien dans l'UE. La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon s'est dit « complètement déterminée » à défendre, malgré le Brexit, la place de sa région dans l'UE. Elle a prévu de venir plaider sa cause aujourd'hui à Bruxelles.
À Londres, le nouveau maire de la ville, Sadiq Khan, a réclamé que la capitale britannique dispose d'une « place à part entière à la table des négociations » sur la sortie du Royaume-Uni, exigeant également davantage d'autonomie vis-à-vis du gouvernement (59,9 % des Londoniens se sont prononcés pour un maintien dans le giron européen).
Enfin, l'opposition travailliste est au bord de l'implosion. Son chef, Jeremy Corbyn, accusé d'avoir trop tièdement défendu le maintien dans l'UE, a refusé hier de démissionner malgré une motion de défiance votée un peu plus tôt à son encontre par les députés du Labour.
(Source : AFP)

Inquiets du flottement qui s'installe, les dirigeants européens ont exhorté hier les Britanniques à engager au plus vite leur procédure de divorce avec l'UE, avertissant qu'ils ne bénéficieraient d'aucun traitement de faveur.Le Royaume-Uni et l'UE ont été invités par les autorités locales à mener leurs négociations sur le Brexit à Maastricht, au sud des Pays-Bas, 25 ans...

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