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Moyen Orient et Monde - Tribune

Contre les génocides et le négationnisme, les parlementaires d’Europe s’engagent

Syrie, Irak, Darfour, Burundi... L'insupportable liste des crimes de masse qui sont commis sous nos yeux, et dont certains pourraient se développer en génocides, est longue.
Par ailleurs, notre continent (l'Europe, NDLR) connaît une poussée de négationnisme, au niveau de partis politiques comme d'une certaine culture populaire, sous différentes formes : déni voire inversion des faits, relativisme, confusion, concurrence des victimes... Or, comme nous l'enseigne le prix Nobel de la paix Élie Wiesel : « Le tueur tue toujours deux fois, la seconde par le silence. » Le négationnisme est la continuation du génocide.
Ainsi, s'engager pour la prévention des génocides et des crimes de masse et contre le négationnisme constitue un seul et même mouvement. Il s'agit de préserver une valeur fondamentale, la vie, et d'un engagement qui transcende les appartenances communautaires ou nationales et les clivages partisans. Il nous concerne tous. Les parlementaires ont des possibilités d'action, donc une responsabilité particulière. Cette responsabilité nous oblige.
C'est pourquoi, venus de différents horizons et par-delà les désaccords qui parfois nous opposent, nous nous engageons ensemble, au nom d'une humanité partagée, pour la prévention des génocides et des crimes de masse et la lutte contre le négationnisme. Dans une démarche universaliste, nous agirons pour faire en sorte que le souci de l'autre l'emporte sur l'indifférence, la vérité sur le mensonge, le savoir sur l'ignorance, la solidarité sur l'égoïsme, la vie sur la destruction. Nous nous engageons pour la prévention des génocides et des crimes de masse en lien avec les différentes organisations internationales, régionales et nationales, gouvernementales et de la société civile qui y travaillent, afin que la responsabilité de protéger soit mise en œuvre avec rigueur et efficacité.
Concrètement, nous participerons tout d'abord à la documentation des faits, notamment en nous rendant sur le terrain. Nous informerons et alerterons sur les situations à risque tant le grand public que nos gouvernements, les institutions européennes, régionales et internationales, et les autres parlements. Nous agirons également pour que ces institutions, en premier lieu nos gouvernements, s'impliquent avec détermination pour mettre fin à toutes les situations potentiellement génocidaires, où qu'elles se déroulent sur le globe.
Enfin, nous travaillerons à la mise en place au sein des institutions, à commencer par les parlements dont nous sommes élus, de mécanismes de supervision des situations à risque et d'intervention pour prévenir les crimes de masse ou arrêter ceux en cours. Notre engagement contre le négationnisme des génocides, tels que définis par la convention de l'Onu de 1948 et reconnus par les institutions internationales et le monde académique, se déploiera sous différentes formes. Par l'intervention dans le débat public pour débusquer et combattre les différentes expressions de négationnisme, par l'élaboration de la loi quand ce sera l'outil le plus efficace.
La progression de la connaissance permet de faire reculer le négationnisme. Aussi, nous ferons en sorte que les historiens puissent travailler avec la plus grande liberté, notamment en œuvrant à l'ouverture de toutes les archives concernées et au soutien de la recherche dans ce domaine. L'éducation et la transmission sont fondamentales à notre combat partagé. La connaissance des histoires et des mémoires des génocides offrira aux générations actuelles et futures une ouverture sur le monde, une attention à l'autre, un surplus de lucidité et contribuera à une culture partagée des droits de l'homme.
Dans cette perspective, nous participerons aux commémorations des génocides dans les lieux où ils ont été commis ou avec les autorités qui représentent les victimes. Avec solidarité, nous soutiendrons les rescapés, les justes, les résistants, ainsi que leurs descendants, car les effets du génocide s'étendent avec les générations. De même, nous organiserons des actions de transmission au sein de nos parlements et nous soutiendrons celles de la société civile et des autres institutions publiques. Enfin, nous agirons pour que les histoires et mémoires des génocides occupent une place pertinente dans les programmes scolaire et nous soutiendrons le développement de leur étude au sein du monde académique.
Primo Lévi disait : « C'est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau : tel est le noyau de ce que nous avons à dire. Cela peut se passer, et partout. » Pour nos générations comme pour les suivantes, notre vigilance et notre engagement seront sans faille.

*Benjamin Abtan, fondateur et coordinateur du Réseau européen de parlementaires pour la prévention des génocides et des crimes de masse et contre le négationnisme, président du Mouvement antiraciste européen – Egam (www.egam.eu).
Cette tribune a été cosignée par 175 parlementaires de 24 parlements nationaux et du Parlement Européen venant de courants politiques variés et de 31 pays.

Syrie, Irak, Darfour, Burundi... L'insupportable liste des crimes de masse qui sont commis sous nos yeux, et dont certains pourraient se développer en génocides, est longue.Par ailleurs, notre continent (l'Europe, NDLR) connaît une poussée de négationnisme, au niveau de partis politiques comme d'une certaine culture populaire, sous différentes formes : déni voire inversion des faits,...

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