USA: controverse sur une prison à vie pour quelques plants de cannabis

La Cour suprême des Etats-Unis s'est réunie vendredi pour décider si elle examinerait la peine très controversée de réclusion criminelle à perpétuité réelle infligée à un septuagénaire qui avait fait pousser quelques plants de cannabis pour soulager ses douleurs chroniques.

Lee Brooker, né en 1939, est voué à terminer ses jours derrière les barreaux en raison d'une loi très répressive de son Etat méridional de l'Alabama. Débouté par les juridictions d'appel locales, il place désormais ses derniers espoirs dans la haute cour de Washington.

Cet ancien combattant handicapé avait fait pousser trois douzaines de plants de cannabis dans le jardin derrière la maison de son fils, dans la ville de Dothan où il résidait.

En juillet 2011, des policiers enquêtant sur un vol de bicyclette étaient tombés sur ces pousses de marijuana, que M. Brooker destinait à son usage personnel. Selon la loi locale, une personne déjà condamnée pour certaines infractions se verra infliger la perpétuité incompressible si elle est trouvée en possession de plus de 2,2 livres (environ 1 kg) de cannabis, et cela même sans volonté d'en faire le commerce.

Or Lee Brooker a été condamné il y a un quart de siècle pour des vols à main armée, des faits qui lui ont valu dix années de réclusion. Et la pesée de son cannabis a affiché 2,8 livres, tiges comprises.
Il a donc été condamné de façon quasi-automatique à la deuxième sentence la plus sévère dans cet Etat où la peine capitale est toujours en vigueur.

"Une peine scandaleuse pour du cannabis", a titré le prestigieux New York Times, en appelant dans un éditorial la Cour suprême à s'emparer de ce dossier et à réviser la sentence.
Cet avis est d'ailleurs partagé par certains magistrats qui ont paradoxalement contribué à la disgrâce de Lee Brooker, a rappelé le quotidien. "Si je pouvais vous condamner à une peine inférieure à la réclusion à perpétuité incompressible, je le ferais", avait ainsi confié le premier juge devant lequel avait comparu le septuagénaire.

La peine de Brooker est "excessive et injustifiée", a de son côté estimé en septembre 2015 Roy Moore, le président de la Cour suprême de l'Alabama, cette instance confirmant néanmoins à sa majorité la sentence.
La sévérité de la peine reçue par Lee Brooker contraste radicalement avec une tendance de fond aux Etats-Unis allant dans le sens de la dépénalisation du cannabis.

Plus d'une vingtaine d'Etats acceptent désormais le cannabis à usage médical et, dans la capitale fédérale Washington ainsi qu'une poignée d'autres Etats, la possession de cannabis pour consommation privée est devenue légale. La Cour suprême des Etats-Unis devrait faire savoir dans les prochains jours si elle rajoutera le cas de Lee Brooker au calendrier déjà chargé de sa session annuelle.