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Lifestyle - Positive Lebanese

Ali Sayed-Ali, décoder la ville

Photo Donna Ferrato

Le regard franc, le sourire emprunt de douceur et avec un calme qui n'est qu'apparent, Ali Sayed-Ali nous raconte la formidable aventure qu'il a imaginée dans Beyrouth et qu'il a décidé de se réapproprier après avoir vécu toute sa vie au Canada. Une ville qui a ses codes, ses secrets, ses habitudes mais aussi ses divisions, ses différences et ses contradictions. Et c'est dans une tentative de la saisir, de la décloisonner, d'en montrer toutes les facettes que le projet de Ali prendra forme.


L'idée de base du jeune homme passionné depuis toujours d'archives est de créer une plateforme accessible à tous et alimentée par de petits films sur Beyrouth. Autant de documents postés par ceux qui tentent depuis toujours de décrypter la ville. Autant de témoignages du regard de chacun sur ce lieu géographique si dense. Mais au détour d'une conversation avec son partenaire Maroun Sfeir, c'est le médium photo qui est finalement adopté pour saisir et refléter les réalités visibles ou subtiles. Une association, FRAME, est alors fondée. Le premier Beirut photo marathon se tiendra en juillet 2013. Plus de 80 photographes professionnels ou amateurs relèvent le défi de produire douze clichés en douze heures et sur douze thèmes différents comme l'héritage, les barrières, l'évasion, les tabous, les sons, les expressions, l'autre, la propagande, le chaos ou encore l'amour. L'expérience est édifiante sur plus d'un plan. D'abord parce que les différents quartiers de Beyrouth se sont rejoints dans la quête, transcendant ainsi les barrières invisibles encore présentes dans les mentalités. Parce que la ville s'est ouverte à tous, dépassant toutes les restrictions et les interdits en place. Et ensuite parce que sur les milliers de photos ainsi collectées, l'équipe de FRAME a constaté des similitudes très intéressantes sur la façon dont les jeunes perçoivent certains des thèmes dans Beyrouth. Ainsi le thème de l'héritage a donné lieu à des centaines de clichés de vieux immeubles délabrés et abandonnés, comme si l'idée de conservation n'avait plus lieu d'être dans la ville.


Au-delà de la publication de ces photos en ligne et sur différents supports, au-delà de la sélection des meilleures photos par un jury de photographes professionnels, c'est cette reproduction des interprétations qui a interpellé Ali Sayed-Ali. Plus qu'un marathon photo, c'est un débat sur la ville qui s'est alors installé. Ces mêmes thèmes auraient-ils eu le même résultat dans d'autres villes du monde ? Si l'évasion évoque la mer et les idées de partance pour la plupart des jeunes photographes libanais, qu'en serait-il pour des jeunes des autres villes de la Méditerranée ? Devant l'importance de ces rhétoriques et de ce que cela implique au point de vue identitaire, l'association FRAME décide alors d'aller plus loin. Continuer bien sûr chaque année le Beirut photo marathon mais également concevoir des Collective photo action. Une série d'interventions de spécialistes sur un thème donné devant un groupe de personnes qui auront quelques jours pour prendre des photos sur ce thème dans la ville. L'idée du marathon a tellement plu que d'autres villes ont voulu participer. Ainsi, en octobre 2015, plus de 170 photographes ont arpenté les rues de Beyrouth, Naples et Tunis en même temps et sur le même thème. De ces travaux est né un magazine, Frame Life, téléchargeable sur la plateforme Frame.life, et rassemblant les interventions et les photos sur la vie urbaine. La prochaine action collective, qui durera trois jours, débutera jeudi 7 avril 2016 à Beirut Digital District sur huit thèmes autour du « genre ». À cette occasion, Patrick Baz, Cosette Malouf et Dounia Salamé partageront leur expérience auprès du public. Explorer la masculinité et la féminité, et cette zone floue entre les deux promet d'être passionnante tant au niveau des interventions que des photographies.


Pour Ali Sayed-Ali, FRAME n'est pas juste un magazine ou un site. C'est un vrai témoignage, des archives et des documents historiques. C'est la vraie identité de Beyrouth. Et tout un chacun pourra créer son profil, poster ses photos et se réapproprier sa ville. L'événement est ouvert à tous et les inscriptions se feront sur www.frame.life

Positive Lebanon (voir ici et ici) met en avant les initiatives concrètes de la société civile, celles qui font que le pays tient encore debout. Derrière chacune se tient un Libanais courageux, innovant, optimiste et plein d'amour pour son pays. Un Libanais positif.

 

 

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