L’acceptation de la diversité culturelle et religieuse au cœur de l’amendement des programmes d’éducation civique

Redoutés par tous les élèves pour leur sécheresse, les cours d'éducation civique seront amendés, ainsi que ceux du cours de philosophie et de civilisations. Le coup d'envoi de la phase exécutive de ce chantier pédagogique de première importance vient d'être donné par le ministère de l'Éducation nationale, représenté par le Centre de recherche et de développement pédagogiques (CRDP) en coopération avec la Fondation Adyan. Au cœur des amendements, l'acceptation de la diversité culturelle et religieuse. Le lancement des travaux a été donné samedi dernier (13 février) au CRDP, en présence notamment d'une trentaine d'experts sélectionnés à l'issue de près de 500 entretiens. Le chantier est coordonné par Joseph Younès et bénéficie de l'appui financier de l'ambassade de Grande-Bretagne.
Intervenant en début de cérémonie, le fondateur d'Adyan, le P. Fadi Daou, n'a pas hésité à qualifier ce moment « d'historique ». « À l'heure où tout le monde sur le plan régional et international parie sur le rôle de l'éducation dans le renforcement de l'immunité des sociétés face aux défis actuels, le coup d'envoi de cette réforme pédagogique marque un moment historique », a-t-il assuré.
Relevant que la réforme répond aux besoins du moment, le P. Fadi Daou a ajouté qu'« il devenait urgent de faire évoluer des programmes établis dans les années 90 du siècle dernier ».
La pédagogie, a-t-il insisté, est considérée par beaucoup comme « la planche de salut contre la dérive régionale vers l'extrémisme, la violence et le raidissement confessionnel ».
« Ce sont là des travers graves qui conduisent aux affrontements armés, à une désintégration des sociétés, comme à un recul de la confiance que les particuliers ont dans leur patrie respective et dans leur rôle comme citoyens », a-t-il expliqué.
Et le P. Daou d'insister sur les dangers de l'extrémisme confessionnel « qui, d'une part, réduit la conscience citoyenne et l'esprit critique, ainsi que la capacité de nouer des rapports sains avec les autres et, d'autre part, fausse les rapports de l'homme à sa patrie et affaiblit sa confiance dans sa capacité de changement et dans l'avenir ».

Du slogan à la réalité
Pour Fadi Daou, il s'agit de conduire la société « du slogan du vivre ensemble vers l'espace de la rencontre publique et de la responsabilité collective », en vue de le faire parvenir à « la citoyenneté inclusive de la diversité culturelle et religieuse », un concept qu'elle a développé et qui commence à faire école. À titre d'exemple, l'Irak essaie de le reprendre dans ses programmes pédagogiques.
À son tour, la directrice du CRDP, Nada Oueijan, a annoncé que le centre veut aller « au-delà de l'amendement des programmes, vers l'amendement des manuels eux-mêmes, et jusqu'au livre numérique ».
Les travaux proprement dits se sont ensuite engagés, avec des témoignages des experts présents, sur la technique d'établissement des programmes et des études comparatives dans le domaine de l'éducation civique. Des interventions auxquelles ont pris part Antoine Tohmé, Suzanne Abourjeily et Mohammad Faour.
Rappelons qu'en 2013, la Fondation Adyan avait fait adopter par les secteurs pédagogiques du privé et du public une « charte nationale de l'éducation au vivre ensemble ».