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Moyen Orient et Monde - Reportage

« Les houthis et les partisans de Saleh bloquent les routes. Alors, nous sommes forcés de passer à travers les montagnes »

Au Yémen en guerre, certains affrontent des routes dangereuses pour briser le siège de Taëz.

Des habitants de Taëz empruntent souvent de dangereux sentiers de montagne pour y faire entrer des vivres. Ahmad al-Basha/AFP

Pour briser le siège que les rebelles chiites houthis imposent depuis des mois à Taëz, des habitants de cette grande ville du sud-ouest du Yémen empruntent de dangereux sentiers de montagne pour faire entrer des vivres.

Titubant sous le poids d'une bonbonne de gaz ou d'un gros sac en plastique chargé de produits de première nécessité, des hommes et des femmes, certains âgés, mais aussi des enfants, entament l'ascension ardue de cette montagne aride. Les plus vulnérables chargent leurs produits à dos d'âne ou de chameau. Mais la traversée se révèle aussi périlleuse pour ces quadrupèdes qui trébuchent sur les blocs de pierre, le long du sentier de terre. Un âne s'effondre. La foule se précipite pour le remettre sur pied. Essoufflé, comme son maître, l'animal reprend courageusement la route pour enfin entamer la descente vers un quartier de Taëz, au pied de la montagne.

Pris au piège d'une guerre sans fin entre les forces loyales au président yéménite Mansour Abd Rabbo Mansour Hadi qui défendent la ville et les rebelles qui l'encerclent, les quelque 600 000 habitants de Taëz manquent de tout. L'aide humanitaire, dont l'Onu a ordonné la distribution, ne leur est jamais parvenue. Alors, certains gravissent la montagne pour aller chercher des vivres. « Nous essayons de livrer ces produits alimentaires à Taëz pour alléger les souffrances des habitants assiégés », explique Adel al-Shabie, un habitant de la ville qui effectue ces allers-retours périlleux. Il en veut aux houthis et à leurs alliés, les militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui, selon lui, empêchent l'entrée de l'aide à Taëz, troisième ville du Yémen. « Les houthis et les partisans de Saleh bloquent les routes. Ils ont entravé les routes pavées. Alors, nous sommes forcés de passer à travers les montagnes pour atteindre » la ville, dit-il. La mission n'est pas facile pour ces Yéménites, pourtant habitués au relief montagneux. Les étroits sentiers rocheux sont bordés de profonds ravins, et tout faux pas peut être fatal.

« Difficile de respirer »

Haletant, Omar Hazaa, un autre habitant, résume la situation : « Il est difficile de respirer en empruntant ce chemin glissant de la montagne tout en étant chargés de produits. » « Comme vous voyez, la route est rocailleuse. Nous devons parcourir six kilomètres sous un soleil brûlant. Nous souffrons de faim et de soif » avant d'arriver en ville, explique Sultan Abdo, un autre résident qui affronte la montagne.

La région est le théâtre de combats et de bombardements quotidiens, et les « snipers » constituent une autre menace pour les civils et les volontaires humanitaires. Le 17 décembre, l'Onu avait annoncé un accord entre les parties en conflit au Yémen, censé permettre « la reprise complète et immédiate de l'assistance humanitaire à la ville de Taëz ». Mais il n'a pas été suivi d'effet. Depuis le mois de mars et l'entrée dans la guerre d'une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite aux côtés des forces loyalistes, le conflit au Yémen a coûté la vie à près de 6 000 personnes et contraint 2,5 millions de personnes à quitter leur foyer.

 

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