« Le père lui-même n'est pas impassible. » Origène
Je me dois de témoigner de la relation unique que j'avais avec le père Camille maintenant qu'il a quitté le monde des humains pour vivre véritablement en Christ.
Nous avons collaboré jusqu'à 2007, pendant une vingtaine d'années, lorsqu'il dirigeait Dar al-Machrek et que la Librairie orientale distribuait exclusivement pour cette maison. Nos rôles étaient divers, mais l'objectif unique était de diffuser le plus largement la bonne parole écrite dans le respect le plus absolu des règles et de la déontologie de la profession. En grand érudit, il avait une manière précise mais détachée de se pencher sur les affaires quotidiennes. Il m'écrivait d'ailleurs dans l'un de nos échanges épistolaires : « Ad augusta per angusta », me souhaitant bonne chance dans mes relations avec « ce monde de brigands » dont il parlait avec l'humour qui le caractérisait.
Mais ce que j'aurais le plus retenu, c'est sa passion de l'humain et sa volonté effrénée « d'humaniser » Dieu dans ses écrits. Il a choisi de traduire, en fin connaisseur en la matière et parmi d'innombrables autres, l'ouvrage de François Varillon La Souffrance de Dieu qui est devenu mon livre de chevet dans les jours sombres. Rendu en arabe dans un style charnel, il est rare d'accéder à l'esprit du texte français avec autant de bonheur et de vérité. « Car le Père lui-même souffre et n'est pas impassible. Si nous Le prions, Il souffre une passion d'amour. »
Il faut croire que le père Camille préparait déjà sa propre passion en traduisant ce livre et que la souffrance qu'il a vécue ces dernières années était l'incarnation heureuse de son cheminement intellectuel fait de foi, de raison et de compassion. J'ose croire que le Seigneur lui a accordé la chance unique de vivre l'amour du père pour le fils et d'élever le peuple des humiliés au niveau de l'humilité de Dieu.
Père Camille, vous qui accédez à la joie éternelle, faites que vos successeurs vous ressemblent un peu. Votre tâche, je le sais, est immense.
Agenda
Père Camille Héchaimé, un « aimant rigoureux »...
OLJ / Par Maroun B. NEHMÉ, le 08 décembre 2015 à 00h00
« Le père lui-même n'est pas impassible. » OrigèneJe me dois de témoigner de la relation unique que j'avais avec le père Camille maintenant qu'il a quitté le monde des humains pour vivre véritablement en Christ.Nous avons collaboré jusqu'à 2007, pendant une vingtaine d'années, lorsqu'il dirigeait Dar al-Machrek et que la Librairie orientale distribuait exclusivement pour cette maison. Nos rôles étaient divers, mais l'objectif unique était de diffuser le plus largement la bonne parole écrite dans le respect le plus absolu des règles et de la déontologie de la profession. En grand érudit, il avait une manière précise mais détachée de se pencher sur les affaires quotidiennes. Il m'écrivait d'ailleurs dans l'un de nos échanges épistolaires : « Ad augusta per angusta », me souhaitant bonne chance dans mes...
Les plus commentés
Entre pouvoir et agir : oser
Municipales : derrière les percées FL, des alliances parfois contre nature
Résolution bancaire : la BDL face à un nouveau dilemme