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Filière jihadiste: les prévenus marquent leur distance avec Benghalem

"Folie", "barbarie", "déshumanisation" et même blasphème: six hommes jugés au procès d'une filière d'acheminement de jihadistes vers la Syrie ont vigoureusement marqué leurs distances mercredi à l'égard du principal prévenu, Salim Benghalem, en fuite et jugé en son absence.

Au deuxième jour du procès devant le tribunal correctionnel de Paris, le président a évoqué des déclarations recueillies durant l'enquête, fin janvier 2014. Selon ces propos rapportés, Benghalem, Français de 35 ans installé en Syrie depuis 2013, ne comptait pas revenir en France. Et s'il le faisait, ce serait pour commettre un attentat, "faire un maximum de dégâts", "les attentats n'étaient plus trop d'actualité, c'étaient les tueries en série qui étaient préconisées". Mais un tel projet ne semblait pas d'actualité.

Puis le président a évoqué une vidéo de propagande dans laquelle Benghalem exprime sa joie après les tueries de Paris, invoque Merah, appelle ses "frères" à des actions similaires.

Pour ses co-prévenus, l'évocation de ces éléments a érigé Benghalem en épouvantail. Invités à réagir tour à tour, les six prévenus présents ont vigoureusement pris leurs distances et condamné. "Je me désavoue de tout le mal qu'il a fait et de tout le mal qu'il compte faire", a déclaré l'un, reprenant la formule alambiquée qu'il avait employée la veille devant le tribunal. "Je ne vais rien commettre en France", a-t-il tenté de rassurer.

Un autre a dit prendre connaissance des propos tenus dans la vidéo "avec effroi", "quoi qu'il en soit j'ai rien à voir avec lui", "il était pas comme ça avant". Selon lui, "un tel degré de folie peut être atteint si la personne reste des années" en Syrie. "Il trouvera aucun texte qui légitime ces propos, ces actions".

Même explication reprise par un autre encore, qui a évoqué une "barbarie, une déshumanisation qui est progressive". Lui ne voit "pas comment on défend la religion" en tuant des "gens en terrasse", allusion aux attentats sanglants du 13 novembre à Paris. "Folie meurtrière", "paroles blasphématoires", ou "mauvaises références religieuses", ont interprété les autres prévenus.

Inscrit sur la liste des jihadistes recherchés par les Etats-Unis, Benghalem sous le coup d'un mandat d'arrêt international, est considéré comme l'un des bourreaux de l'organisation Etat islamique (EI).

Il a fréquenté le groupe des Buttes-Chaumont (du nom de la filière du XIXe arrondissement organisant l'envoi de jihadistes vers l'Irak) et y a rencontré les futurs assassins de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher, les frères Kouachi et Amédy Coulibaly. Il a été avec Mehdi Nemmouche, le tireur présumé du Musée juif de Bruxelles, un des geôliers des quatre journalistes français libérés en avril 2014 après avoir passé dix mois comme otages en Syrie.

Selon le journal Le Monde, il a été ciblé le 8 octobre par un bombardement de l'armée française à Raqqa, le fief de l'EI en Syrie. Déjà condamné à cinq reprises, dans des affaires de stupéfiants, de violences, mais aussi à onze ans de prison pour tentative de meurtre, il se trouve en état de récidive légale et encourt 20 ans de prison, le double des six autres prévenus.

"Folie", "barbarie", "déshumanisation" et même blasphème: six hommes jugés au procès d'une filière d'acheminement de jihadistes vers la Syrie ont vigoureusement marqué leurs distances mercredi à l'égard du principal prévenu, Salim Benghalem, en fuite et jugé en son absence.Au deuxième jour du procès devant le tribunal correctionnel de Paris, le président a évoqué des déclarations...