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Moyen Orient et Monde - Reportage

Le piège se referme sur les migrants à la frontière gréco-macédonienne

Plusieurs centaines de demandeurs d'asile sont coincés après la fermeture de la route des Balkans.

Plusieurs dizaines de migrants manifestaient hier à la frontière gréco-macédonienne pour dénoncer leur blocage après la fermeture de la route des Balkans. Sakis Mitrolidis/AFP

« Ma femme et mes enfants sont passés cet été sans problème, et sont en Suède. Comment les rejoindre ? » : au poste-frontière gréco-macédonien d'Idomeni, Ali se retrouve, comme des centaines de migrants, pris au piège de la fermeture de la route des Balkans. « Cela fait cinq jours que je suis ici, et je ne sais pas quoi faire. S'ils ne me laissent pas continuer, ma vie s'arrête ici », ajoute ce Yéménite de 49 ans, tout entier tendu vers son objectif de retrouver sa famille.
Autour de lui environ un millier et demi de compagnons d'infortune errent dans les champs longeant la frontière, fermée depuis jeudi dernier par les autorités macédoniennes à ceux qui ne viennent pas de zones de guerre. Iraniens, Pakistanais, Marocains, Algériens, Bangladais ou Somaliens, ce sont pour la plupart des jeunes hommes seuls. En signe de protestation, une centaine d'entre eux ont investi la voie ferrée qui passe par Idomeni pour relier Athènes à Skopje, où le trafic est bloqué. Et une dizaine, s'affirmant iraniens, se sont cousu la bouche devant les médias, résolus à mener une grève de la faim. Amir, qui se présente comme un de leurs compatriotes, tient dans ses bras sa fillette de 18 mois, sur la joue de laquelle il a inscrit l'appel à l'aide « Help ». « Nous voulons aller en Allemagne, nous ne pouvons pas rentrer en Iran, nous sommes chrétiens et chez nous cela pose énormément de problèmes », affirme-t-il. « Pourquoi ne nous laissent-ils pas passer, nous ne sommes peut-être pas des êtres humains, nous aussi ? » s'énerve ce trentenaire, qui pensait avoir fait le plus gros en arrivant en Grèce après avoir franchi en bateau l'Égée depuis les côtes turques. « Afghanistan, Iraq, Syria, they are human. Bangladesh Pakistan Iran, we aren't human, why ? » lui fait écho une pancarte en anglais accrochée à un barbelé frontalier.

À la recherche d'une autre route
Quelque 12 000 ressortissants des trois premiers pays, les seuls autorisés à poursuivre leur route vers l'Europe, sont passés depuis samedi, selon une source policière. Pour les autres, c'est l'attente, dans l'incertitude et le froid qui gagne. Autour de cinq grandes tentes installées au plus fort du flux, des ONG et agences onusiennes distribuent un peu de nourriture et entretiennent quelques sanitaires, mais « les conditions sont misérables », s'indigne Amir. Certains du coup cèdent et se résignent à rejoindre Thessalonique, la grande ville proche du nord de la Grèce, par où la plupart ont transité, ou encore reviennent vers Athènes, au sud. « Nous avons payé 50 euros pour retourner à Athènes, car ils ne laissent pas passer les Africains. Une fois là-bas, nous aviserons. Nous voulons aller en Europe », affirme un jeune Ougandais, prêt à monter à bord d'un car.
Depuis lundi, la police laisse ces véhicules reprendre des passagers, même si officiellement les laissez-passer délivrés aux migrants leur enjoignent de quitter le territoire grec sous un mois, et proscrivent leur séjour dans ces centres urbains. Avec l'aide des volontaires sur place, les autorités « tentent de les convaincre peu à peu qu'il est improbable qu'ils puissent passer », a affirmé hier le ministre à la Politique migratoire, Iannis Mouzalas, qui s'était rendu sur place samedi. Un message qui commence peut-être à se propager parmi les candidats à l'Europe massés en Turquie, et leurs passeurs : les arrivées en Grèce se sont ralenties ces derniers jours, même si les autorités grecques n'excluent pas qu'il s'agisse seulement d'une pause due au mauvais temps.
Par Catherine BOITARD, Vasilis KYRIAKOULIS/AFP

« Ma femme et mes enfants sont passés cet été sans problème, et sont en Suède. Comment les rejoindre ? » : au poste-frontière gréco-macédonien d'Idomeni, Ali se retrouve, comme des centaines de migrants, pris au piège de la fermeture de la route des Balkans. « Cela fait cinq jours que je suis ici, et je ne sais pas quoi faire. S'ils ne me laissent pas continuer, ma vie s'arrête...

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