Le président afghan annule un contrat avec un banquier condamné pour corruption

Le président afghan Ashraf Ghani, qui a fait de la lutte contre la corruption une priorité, a annulé un contrat immobilier passé par le gouvernement avec un banquier lourdement condamné dans une affaire de corruption, a confirmé un conseiller présidentiel dimanche.

L'ancien directeur général de la Kabul Bank, Khalilullah Ferozi, a été condamné l'an dernier à dix ans de prison dans l'affaire de la Kabul Bank, qui a été la première banque privée d'Afghanistan avant que ne soient mises au jour les pratiques de détournement de fonds. Selon des sources proches du dossier, quelque 900 millions de dollars auraient ainsi disparu.

Mais, mercredi, lors d'une cérémonie télévisée à laquelle participaient des responsables gouvernementaux, M. Ferozi a fait une apparition surprise pour signer un contrat avec le gouvernement portant sur la construction de "Smart City", un complexe immobilier au coeur de Kaboul qui doit voir le jour sur un terrain appartenant au banquier déchu.

L'affaire a choqué l'opinion publique, irritée que le gouvernement afghan puisse faire affaires avec un détenu condamné pour détournement de fonds. Le député Daoud Kalakani a qualifié le contrat de "honteux", tandis qu'Integrity Watch Afghanistan, une ONG afghane qui traque la corruption, l'a jugé "scandaleux".

Samedi soir Ashraf Ghani a fait machine arrière et "a annulé le protocole d'entente" avec M. Ferozi, a confirmé à l'AFP Sayed Zafar Hachémi, un porte-parole du président afghan. En outre, M. Ferozi restera en prison pour y purger sa peine. M. Hachémi a reconnu que l'"opinion publique est importante", mais il a surtout mis en avant la "faiblesse de la base juridique" du contrat passé avec M. Ferozi.

Ashraf Ghani a été élu l'an dernier sur la promesse de ramener la paix dans un pays déchiré par plus de trois décennies de conflit et celle de s'attaquer à la corruption, endémique en Afghanistan.