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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Jeb Bush, la déception du Parti républicain

Deux chiffres illustrent la désaffection des conservateurs américains pour le candidat : son score dans les sondages et les sommes récoltées pour financer sa campagne.

Jeb Bush, candidat républicain à la présidentielle américaine. David Becker / Getty Images / AFP

L'héritier de la dynastie Bush aux États-Unis, Jeb, est passé en un an du statut de favori des primaires républicaines pour la présidentielle de 2016, à celui de candidat de second ordre, déphasé par l'humeur révolutionnaire de l'électorat républicain.
« Tout le monde doit passer l'examen, personne n'est favori », déclarait en juin dernier Jeb Bush, 62 ans, à Miami en confirmant sa candidature à la Maison-Blanche. Quatre mois plus tard, « l'examen » n'est certes pas achevé, mais il est mal engagé. Chose autrefois impensable, l'équipe Bush a annoncé des mesures d'austérité pour réduire de 40 % sa masse salariale et s'adapter à des temps difficiles. « Il s'est fait "Trumper", comme les autres », dit le sondeur Tim Malloy, de l'institut de l'université de Quinnipiac, en évoquant le rouleau-compresseur Donald Trump, le milliardaire dont beaucoup prédisaient qu'il ne durerait pas mais qui reste toujours en tête des sondages. « Tout le monde pensait que (Bush) serait le meilleur candidat républicain, mais il en est réduit à se séparer de collaborateurs et à se battre pour survivre », a-t-il relevé.
Deux chiffres illustrent la désaffection des conservateurs américains pour le frère cadet de l'ancien président George W. Bush : son score dans les sondages et les sommes récoltées pour financer sa campagne. Il se trouve aujourd'hui en quatrième place des enquêtes d'opinion, avec environ 7 % des intentions de vote des électeurs républicains, loin derrière Donald Trump et le médecin à la retraite Ben Carson. Même le sénateur quadragénaire de Floride Marco Rubio le devance, selon la moyenne calculée par le site RealClearPolitics. En décembre dernier, longtemps avant le chambardement Trump, il dominait ses autres rivaux avec entre 15 et 17 % des intentions de vote.
Jeb Bush attisait les espoirs du parti, désireux d'effacer l'échec de Mitt Romney en 2012, avec sa promesse de ne pas draguer les ultraconservateurs aux primaires, une tactique qui a forcé dans le passé des candidats à effectuer ensuite un maladroit recentrage pour l'élection présidentielle. Plein d'assurance, il expliquait qu'il fallait être prêt à perdre les primaires pour gagner la Maison- Blanche. Le message épousait l'autocritique des chefs républicains qui, en 2013, appelaient un parti refermé sur lui-même à l'ouverture.

Le « flirt » Trump dure
L'autre chiffre qui inquiète dans le camp Bush est celui des rentrées d'argent, un autre baromètre de popularité. Les grands donateurs – riches particuliers, chefs d'entreprises, lobbyistes, un réseau tissé depuis 30 ans du Texas à la Floride – continuent à libeller des chèques à l'ordre de Jeb Bush, selon les comptes déclarés le 15 octobre. Mais ils sont quasiment les seuls : les petits dons de moins de 200 dollars ne représentent qu'une fraction des rentrées totales (7 %), bien moins que la démocrate Hillary Clinton ou que Ben Carson (Donald Trump ne lève pas activement de fonds et affirme s'autofinancer). Cet indicateur est crucial car il révèle le décalage entre la personnalité sur laquelle l'establishment parie et la préférence de la base du parti – les électeurs qui voteront dans quelques mois.
La raison ? Passade ou pas, la majorité des républicains rejettent les candidats expérimentés, qu'ils soient gouverneurs ou sénateurs, anciens ou actuels, Tea Party ou pas. Or Jeb Bush a fait de son expérience de gouverneur de Floride (1999-2007) un argument central, pour ne pas se présenter comme un héritier dont ce serait le tour, après George W. et leur père George. Selon Politico, le doute s'immisce chez ses grands donateurs, réunis à Houston dimanche et hier. L'un d'eux, un lobbyiste joint par l'AFP, veut croire que la présidentielle est un « triathlon » et que son candidat n'en est qu'à la première épreuve, la natation. « Après le flirt Trump et le rancard avec Carson, je suis sûr que les électeurs des primaires reviendront à Bush », dit-il.
Faute de mieux, Jeb Bush s'accroche à sa stratégie initiale : rompre avec la négativité et l'obstructionnisme des républicains, être un candidat optimiste, capable de réconcilier les Américains. « Je peux faire plein d'autres choses cool au lieu de rester tristement dans mon coin à écouter les gens qui disent du mal de moi et à me sentir obligé de dire du mal d'eux », a-t-il dit, un brin exaspéré, en Caroline du Sud samedi. « Élisez Trump si c'est ce que vous voulez. »
Ivan Couronne / AFP

L'héritier de la dynastie Bush aux États-Unis, Jeb, est passé en un an du statut de favori des primaires républicaines pour la présidentielle de 2016, à celui de candidat de second ordre, déphasé par l'humeur révolutionnaire de l'électorat républicain.« Tout le monde doit passer l'examen, personne n'est favori », déclarait en juin dernier Jeb Bush, 62 ans, à Miami en confirmant...

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