Indonésie: destruction d'églises après des violences religieuses

Les forces de sécurité indonésiennes ont rasé trois églises chrétiennes dans la province indonésienne d'Aceh, cédant aux exigences de musulmans radicaux après une flambée de violences religieuses.
Deux petites églises protestante et une église catholique -- de modestes édifices de bois et de tôle - ont été mises à terre à coups de massue sous le regard éploré des fidèles.

"Il n'y a pas eu de problèmes pendant les opérations de démolition car elles sont le fruit d'une décision conjointe avec la communauté chrétienne", a déclaré Abdul Manaf, représentant des autorités locales.
Il a évoqué l'absence de permis de construire adéquats pour justifier la démolition de ces édifices, qui se trouvaient dans le district d'Aceh Singkil, dans le sud de cette province elle-même située à la pointe nord de l'île de Sumatra.
Sept autres édifices chrétiens subiront le même sort dans les prochains jours à la suite de réunions entre responsables chrétiens et musulmans, ont déclaré les autorités.

Il y a une semaine, des centaines de personnes armées de bâtons avaient rasé une église du secteur avant de se battre avec des chrétiens. Un musulman avait été tué et quatre personnes blessées. La police et l'armée avaient été déployées pour rétablir l'ordre et des dizaines de personnes avaient été arrêtées.
Ces violences ont éclaté alors qu'une organisation pour la jeunesse islamiste a exigé récemment que les autorités mettent à terre les églises ouvertes sans permis.

L'Indonésie compte 225 millions de musulmans sur 250 millions d'habitants. Aceh est la seule province où s'applique la charia. De plus en plus de règles liées à la charia sont entrées en vigueur ces dernières années et les minorités - chrétiens, chiites et ahmadis - se sentent menacées par l'intolérance.
La plupart des musulmans indonésiens pratiquent une forme modérée d'islam.
La province d'Aceh avait commencé à mettre en oeuvre la charia après avoir obtenu un statut d'autonomie en 2001, accordé par le gouvernement central à Jakarta en vue de mettre fin à plusieurs décennies de rébellion séparatiste. Les relations homosexuelles, le jeu et l'alcool sont désormais passibles de coups de bâtons.