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Liban

La culture du dialogue, ou les solutions pour un dialogue réussi

Le dialogue suit les mêmes règles dans tous les conflits, mais avec des spécificités selon les pays.

Quand on est face à un conflit et qu'on veut atteindre l'objectif pour le résoudre, il peut y avoir plusieurs solutions, et certaines seront plus optimales que d'autres ; mais, dans tous les cas, avant les solutions, il aura fallu au préalable appréhender l'historique et l'ensemble des facteurs inhérents à ce conflit, en faire un constat pour que des solutions possibles puissent émerger.
Le dialogue, en général, suit les mêmes règles dans tous les conflits, mais avec des spécificités particulières, selon les pays, la culture et l'histoire. Le Liban n'échappe pas à ces règles.
Le dialogue est à l'image des troisièmes voix, qui proposent une alternative quand l'enlisement et la bipolarisation politique s'emparent de la situation d'un pays. Ces alternatives sont souvent similaires dans leurs revendications, mais en même temps très différentes dans leurs spécificités nationales, culturelles, sociales et économiques.
Le conflit russo-ukrainien, où le dialogue est toujours en cours, est un exemple de dialogue à ne pas suivre ; en effet, les médiateurs, en l'occurrence la France et l'Allemagne, sont parties prenantes au conflit. On pourrait donc affirmer que ce dialogue a très peu de chance d'aboutir, un médiateur ne devant en aucune façon être impliqué dans un conflit dans lequel un dialogue est en cours. Ce conflit est aussi l'exemple même d'intérêts économiques, stratégiques et historiques, qu'il faut prendre en considération lors d'un dialogue ; économiques, par rapport à l'exportation de gaz russe vers l'Europe, stratégiques, par rapport à la possibilité de la présence de l'Otan aux portes de la Russie, et enfin historiques, par rapport aux relations de l'ex-URSS avec ses anciens satellites comme justement c'est le cas pour l'Ukraine.
Ce qu'il faut pointer du doigt, c'est que les partisans du dialogue en général doivent être de fins stratèges autant que les politiciens eux-mêmes sinon plus. Ces partisans du dialogue ne sont pas des enfants de chœur ou des baba-cool qui prônent le dialogue et la paix sans prendre en considération l'ensemble des éléments.
Revenons au Liban. Il faut savoir qu'il y a des dialogues en cours au Liban, entre les différents partis, le CPL et les FL, et le courant du Futur et le Hezbollah, comme ce fut le cas en mars 2006. Tout ce que nous pouvons espérer, c'est que contrairement au dialogue de 2006 qui a échoué, ceux d'aujourd'hui réussissent ; mais il y a peu d'espoir, parce qu'on prend les mêmes et on recommence, d'autant plus qu'il n'y a pas eu de règles adoptées au préalable pour régir ces dialogues et que les causes de l'échec n'ont pas été analysées par les protagonistes. Les questions donc qu'il faut légitimement se poser sont les suivantes:
a- Quelles sont les différentes raisons qui mènent à l'échec d'un dialogue ?
b- Quelles sont les différentes règles à observer pour qu'un dialogue ait toutes les chances de réussir ?
Une étude avait été menée sur le dialogue de mars 2006 qu'on a appelé Le Dialogue national, par Aimée Karam, psychologue clinicienne à l'hôpital Saint-Georges, professeur à la faculté de médecine de Balamand, et également présidente de l'association « La Troisième Voix pour le Liban ». Ce dialogue avait réuni tous les partis politiques libanais, 14 représentants politiques, chrétiens et musulmans, pour trouver un compromis aux conflits qui avaient paralysé le pays et qui l'avaient mené à un niveau de polarisation sectaire jamais vu depuis les guerres libanaises de 1975 à 1990.
Pour qu'il y ait des chances de succès, il faut que les participants au dialogue sachent que ce qui semble être bon ou juste pour les uns peut être mauvais ou faux pour les autres. La question de savoir qui a raison ou qui a tort peut sembler légitime, mais la réponse est que les uns et les autres ont raison. Pourquoi ?
Parce que des arguments très forts et très légitimes peuvent être présentés par les deux camps. Donc soutenir un camp ou l'autre n'est pas la solution, la solution, c'est en effet le dialogue en lui-même, mais sous certaines conditions.
Nous n'avons pas la prétention d'apporter des solutions miracles, il n'y en a pas. En revanche, nous avons l'ambition d'apporter des suggestions, pour en discuter, les affiner, les proposer et enfin les mettre en place.
On a donc beau tourner le problème dans tous les sens, il n'y a qu'une seule solution qui s'impose à nous si on veut d'un Liban uni, indépendant, souverain et sans ingérences extérieures : c'est le dialogue, c'est la politique de la main tendue, c'est mettre de l'eau dans son vin pour chacune des parties, c'est rapprocher les visions, trouver des points communs et les renforcer.
Pour mettre donc toutes les chances du côté du dialogue, pour qu'il réussisse et qu'il aboutisse, Il faudrait respecter ces 13 points:
1) La présence d'un médiateur ; il doit être farouchement indépendant, sa seule préoccupation doit être l'intérêt général ; il doit être à équidistance de chaque parti et en connaître l'historique.
2) Établir une charte de prédialogue ; elle devra être signée par l'ensemble des protagonistes avant le dialogue et elle stipulera de ne pas couper la parole d'un intervenant, d'avoir une écoute active, d'attendre que le médiateur donne la parole, d'accepter de bannir l'impulsivité et le jugement.
3) La présence de la société civile ; elle doit figurer à la table de dialogue au même titre que les partis politiques. Normalement, les partis politiques représentent le peuple et la société civile, mais dans le cas du Liban, le Parlement – le siège des partis politiques – s'est autorenouvelé sans élections et à deux reprises ;
il ne représente donc pas fidèlement le peuple et n'est donc pas légitime. C'est la raison pour laquelle la société civile doit être présente à la table de dialogue.
4) Tenir compte de la force et de l'influence de chacun des partis et convaincre le plus fort et le plus influent qu'il est normal qu'il fasse plus d'efforts et de concessions que les autres, parce que justement il est plus fort et plus influent.
5) Aller du principe qu'il vaut mieux une mauvaise paix qu'une bonne guerre.
6) Souligner qu'avec le dialogue, il est permis d'arriver à une paix sans faire couler du sang.
7) Souligner qu'on ne peut pas effacer l'histoire et il ne faut en tenir compte que pour corriger et avancer et non pas pour critiquer et blâmer.
8) Souligner qu'on ne peut pas reconstruire un pays avec la moitié de sa population sur les ruines de l'autre moitié.
9) Vouloir pour les enfants des autres ce que nous voulons pour nos propres enfants.
10) Procéder à un travail de mémoire de la guerre pour avancer et pour aplanir les ressentiments négatifs des uns envers les autres qui existeront tant que ce travail de mémoire n'a pas été entrepris.
11) Instrumentaliser la citoyenneté au service de la communauté pour mettre en lumière les composantes fédératrices et unificatrices, au service de tous et pour le bien de TOUS, simultanément. La responsabilité relève de l'adhésion de tous aux principes de lois, sans exceptions aucunes.
12) Favoriser l'équité et les principes de la justice, une justice juste et égale envers tous.
13) Accepter de redéfinir l'identité du tissu libanais. Qui sont les Libanais d'aujourd'hui et comment faut-il les définir ? Comment ont-ils évolué ?
Le dialogue national pourra alors débuter avec l'espoir de le voir aboutir...

La Troisième Voix pour le Liban
Groupe de réflexion et d'actions, issu de la société civile, indépendant, non confessionnel et apolitique

Quand on est face à un conflit et qu'on veut atteindre l'objectif pour le résoudre, il peut y avoir plusieurs solutions, et certaines seront plus optimales que d'autres ; mais, dans tous les cas, avant les solutions, il aura fallu au préalable appréhender l'historique et l'ensemble des facteurs inhérents à ce conflit, en faire un constat pour que des solutions possibles puissent émerger.Le...

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