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Sport - Arts martiaux

Le jiu-jitsu brésilien lutte pour une place sur la scène mondiale

Dans un gymnase bondé de la banlieue nord de Rio, une vingtaine d’hommes et de femmes s’entraînent au jiu-jitsu brésilien. Christophe Simon/AFP

Plaqué au sol à plat ventre dans un gymnase de Rio, Jason Lee a le bras pris par son adversaire dans une clé douloureuse. Mais ce Néo-Zélandais de 26 ans est content. Il a traversé la moitié de la planète pour vivre ça.
Tout comme les chefs pâtissiers font des pèlerinages en France ou les mystiques en Inde, des jeunes du monde entier viennent à Rio de Janeiro apprendre le jiu-jitsu brésilien, un art martial peu connu, mais en passe de devenir un produit d'exportation recherché. Autrefois pratiqué presque exclusivement au Brésil, le jiu-jitsu brésilien est l'une des formes de combat sans arme qui augmente le plus dans le monde. Il est à l'origine du phénomène de lutte MMA (arts martiaux mixtes) très populaire aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Asie.
Dans le gymnase bondé de la banlieue nord de Rio, un quartier boudé des touristes, Lee est l'un des quatre étrangers sur la vingtaine d'hommes et de femmes qui s'entraînent. Il est évident que les « gringos » ne sont pas venus pour la modernité des installations : le gymnase donne sur une rue bruyante, dispose de toilettes sordides et est si exigu que les combattants rebondissent littéralement sur les murs revêtus de tissu matelassé. Mais la moitié des sportifs qui sont dans la salle détiennent la ceinture noire de l'élite de ce combat.
« Ici, c'est connu pour être la fabrique de champions », déclare fièrement Lee. Mince et à la voix douce, il était ceinture noire de karaté en Nouvelle-Zélande quand il a découvert le jiu-jitsu. Moins de trois ans après – déjà ceinture bleue, la deuxième du jiu-jitsu –, il a pris un avion pour Rio.
Le jiu-jitsu n'était connu qu'en Asie, mais en 1914, le maître japonais Mitsuyo Maeda a migré au Brésil, où il a introduit ce sport en donnant des cours aux fils de l'entrepreneur Gastao Gracie, à Belem, la capitale de l'État amazonien du Para. C'est le fils cadet de Gracie, Helio, écarté du jiu-jitsu en raison de son physique fragile, qui allait faire l'histoire. D'après la légende, Helio a passé des années à observer ses frères jusqu'à ce qu'on lui donne une chance de lutter. Il a alors eu l'idée d'adapter les mouvements traditionnels à son physique. Et il a eu raison. En sophistiquant les techniques, Helio a vaincu tous ses adversaires facilement par soumission et sans même leur porter de coup violent. Ainsi naissait le jiu-jitsu brésilien, le BJJ, un sport devenu l'empire de la famille Gracie.

« Jeu d'échecs physique »
Mais c'est le fils aîné d'Helio Gracie, Rorion, qui est devenu le plus célèbre en lançant l'Ultimate Fighting Championship (UFC) aux États-Unis, dans les années 1990. Venait de naître le MMA, qui, depuis, n'a eu de cesse de se règlementer et de se professionnaliser. Le reste de la famille n'a pas non plus perdu son temps : « J'ai ici des étudiants des Bermudes, d'Argentine, d'Iran, de France », déclare Rolker Gracie, 51 ans, un autre des enfants d'Helio, assis en tailleur sur le tapis vert et rouge de « l'Académie Gracie », dans la zone sud et touristique de Rio. « Je vais à des séminaires en Afrique, à Buenos Aires, et mes frères vont en Israël, au Koweït, partout, dit-il. J'ai un frère en Espagne, un autre à Honolulu, un à San Diego et un frère et deux sœurs à Los Angeles. Tous enseignent le jiu-jitsu. »
Alors que les Gracie sont l'aristocratie du jiu-jitsu, un authentique membre de la royauté d'Abou Dhabi, le cheikh Tahnoon ben Zayed, s'est imposé comme le plus grand promoteur de ce sport. Fan de l'UFC, le cheikh Tahnoon a fondé son propre club à Abou Dhabi, avec des tournois annuels et des récompenses allant jusqu'à 40 000 dollars. L'émirat est ainsi devenu une nouvelle capitale de cet art martial, qui doit figurer pour la première fois aux Jeux d'Asie à Djakarta, en 2018.
Les Brésiliens considèrent le jiu-jitsu comme un « art doux », certains le comparent à un « jeu d'échecs physique » car les coups sont interdits. Mais la soumission se fait au moyen de clés de bras ou d'asphyxie, où les lutteurs perdent parfois brièvement connaissance... aussi ce concept de « doux » est-il relatif.

Sebastian SMITH/AFP

Plaqué au sol à plat ventre dans un gymnase de Rio, Jason Lee a le bras pris par son adversaire dans une clé douloureuse. Mais ce Néo-Zélandais de 26 ans est content. Il a traversé la moitié de la planète pour vivre ça.Tout comme les chefs pâtissiers font des pèlerinages en France ou les mystiques en Inde, des jeunes du monde entier viennent à Rio de Janeiro apprendre le...

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