Au lendemain de l'agression perpétrée sur une route de la Békaa-Nord contre une voiture transportant l'évêque Hanna Alwan et le père Élie Nasr, le chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, a dénoncé « un incident inadmissible », jugeant « également inadmissible que les forces de l'ordre n'aient pu retrouver l'agresseur et l'arrêter ».
Le chef des Forces libanaises s'exprimait lors d'un grand dîner offert à Maarab en l'honneur des deux évêques de Baalbeck-Deir el-Ahmar, Hanna Rahmé et Semaan Atallah, auquel assistait notamment un représentant du mufti de Baalbeck et un grand nombre d'édiles municipaux, de moukhtars et de notables de la région de Deir el-Ahmar.
M. Geagea faisait allusion à l'interception du convoi épiscopal par le dénommé Mohammad Dourra Jaafar, qui a obligé l'évêque à l'écouter plaider en faveur de la libération de son épouse arrêtée dans la nuit, et soupçonnée d'être impliquée dans l'enlèvement du jeune Marc Hajje Moussa.
« Je suis étonné de constater que les forces de sécurité peuvent pourchasser et arrêter très rapidement des islamistes terroristes liés aux événements régionaux, alors que ces mêmes forces tardent ou se révèlent impuissantes à arrêter des bandits de grand chemin et des voyous », a ajouté M. Geagea.
Le chef des Forces libanaises a exhorté le commandant de l'armée, le général Jean Kahwagi, et le directeur des FSI, le général Ibrahim Basbous, « à agir au plus vite », estimant que « la situation dans la Békaa est devenue intenable dernièrement, avec la recrudescence des rapts, comme celui des ressortissants tchèques, ou comme celui de Marc Hajje Moussa qui n'a été libéré que contre le versement d'une rançon ».
« Aujourd'hui, a enchaîné M. Geagea, c'est un évêque qui est victime d'un incident. Qu'attend-on de plus ? Qu'un cheikh soit enlevé, ou une religieuse, ou de nouveau des touristes, ou d'autres Libanais ? C'est inadmissible. Des ordres doivent être donnés à des forces de sécurité qui ont fait leurs preuves, pour que les habitants de la Békaa puissent vivre en toute tranquillité et sécurité, comme leurs compatriotes libanais dans d'autres régions. »
Le double crime de Btedii
Par ailleurs, Samir Geagea a jugé tout aussi inadmissible que plus d'un an après le double crime de Btedii, ses auteurs ne soient toujours pas arrêtés, alors que leurs lieux de résidence sont connus.
Le chef des Forces libanaises faisait allusion à un couple du village de Btedii tué par des membres du clan chiite des Jaafar, dont le crime demeure impuni, alors même que ceux qui l'ont commis ont été identifiés.
Allant encore plus loin que Samir Geagea, le député Chant Chinchinian, qui assistait au dîner, a dénoncé « la bande de Hamzé Jaafar qui menace le vivre-ensemble et la paix civile et mène la région au bord de la discorde confessionnelle ».
Le parlementaire a mis au défi le Hezbollah, « principal parrain direct ou indirect de ces bandes stipendiées, de prouver le sérieux de ses intentions de vouloir préserver la paix civile et la stabilité interne ».
Harb condamne
De son côté, le ministre des Télécommunications Boutros Harb a dénoncé avec vigueur l'incident dont ont été victimes l'évêque Alwan et le père Nasr : « Nous mettons en garde contre un effondrement du prestige de l'État au profit des gangs de tueurs. » M. Harb a mis en garde contre « la prolifération des armes illégales, source d'une insécurité aujourd'hui à la limite de la discorde ». Le ministre a appelé les forces de sécurité « à frapper d'une main de fer, afin de protéger la paix civile et la coexistence ».