Chypre: les responsables s'attaquent à l'épineuse question des terres

Les dirigeants chypriotes grec et turc se sont attaqué lundi aux deux épineuses questions des ajustements territoriaux et des biens spoliés, qui ont pendant des décennies empêché tout accord de paix entre les deux parties de l'île divisée, a indiqué l'Onu.

Chypre est coupée en deux depuis 1974 et l'invasion du tiers nord de l'île méditerranéenne par la Turquie, en réaction à un coup d'État nationaliste visant à la rattacher à la Grèce.
Les ajustements territoriaux et les compensations pour les terrains et maisons spoliés sont parmi les dossiers les plus complexes et controversés d'un processus de paix relancé en mai, avec l'espoir de mettre un terme à plus de quatre décennie de division.

Ces deux points de friction "ont été au centre de la réunion qui s'est tenue aujourd'hui" lundi, a déclaré l'émissaire de l'Onu, Espen Barth Eide, à l'issue du dernier round de discussions entre le dirigeant chypriote turc Mustafa Akinci et son homologue chypriote grec Nicos Anastasiades à Nicosie.
"Les deux responsables se sont accordés sur le respect du droit individuel à la propriété", a indiqué M. Eide.

Lors de l'invasion turque de 1974, quelque 200.000 personnes ont fui du jour au lendemain, les Chypriotes grecs vers le sud et les Chypriotes turcs vers le Nord, abandonnant derrière eux tous leurs biens, maisons et terrains.

Nombre de propriétés chypriotes-grecques dans le Nord sont désormais occupées par des Chypriotes-turcs, des colons turcs, ou par des étrangers, après des achats controversés.
Selon l'émissaire de l'Onu, "les propriétaires dépossédés et les habitants actuels doivent avoir plusieurs choix" devant eux dont "la compensation, l'échange ou la réinstallation".
Une Commission des Propriétés indépendante sera mise en place pour résoudre les différends, sur la base des critères définis par les deux parties, a précisé M.Eide.

Selon l'émissaire de l'Onu, les deux dirigeants chypriotes sont aujourd'hui déterminés à continuer de négocier à un rythme soutenu en vue de faire de Chypre un Etat fédéral unifié.
Nombre de Chypriotes estiment que l'alchimie entre les deux hommes pourrait créer le climat de confiance nécessaire pour parvenir à un accords de paix, longtemps inenvisageable.

La question chypriote a également été évoquée lors de consultations informelles au sein du Conseil de sécurité à New York la semaine dernière, a indiqué l'émissaire de l'Onu aux deux dirigeants.
Le Conseil de sécurité a "reconnu les efforts déployés" par M. Akinci et M. Anastasiades.
Les prochains pourparlers reprendront le 1er et 14 septembre après une pause estivale.