Irak : heurts entre policiers et miliciens à Bagdad

Des heurts ont opposé jeudi à Bagdad la police à des forces paramilitaires, nouveau signe des tensions entre le pouvoir et les milices chiites qui l'assistent dans son combat contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Avant l'aube, environ 15 hommes de la force Hachd al-Chaabi ont pris d'assaut un bâtiment en construction du ministère de la Santé dans le quartier Zayyouna. "Les gardes (du bâtiment) ont prévenu la police qui a envoyé environ 60 hommes avec des véhicules blindés pour expulser les hommes armés", selon un responsable du ministère de l'Intérieur.
Les hommes armés ont alors ouvert le feu blessant trois policiers, a précisé un colonel de police. Les miliciens ont fini par quitter le bâtiment.
"Les échanges de tirs ont duré au moins une heure", a indiqué une voisine, Wafa Mohammed. "On était chez nous, terrorisés, et on n'avait aucune idée de ce qui se passait dans la rue".
Un commerçant du quartier a indiqué que des membres des forces de sécurité avaient négocié avec les miliciens après l'arrêt des tirs.

Les Hachd al-Chaabi sont les Unités de mobilisation populaire, une coalition de groupes paramilitaires à majorité chiite à qui le gouvernement irakien a fait appel pour l'aider à reprendre des zones aux mains de l'EI.
Ces milices sont, en théorie, sous le commandement du Premier ministre mais échappent dans les faits largement à son contrôle.

Le ministre de l'Intérieur Mohammed al-Ghabbane a demandé au Premier ministre Haider al-Abadi, à son parti et aux autres groupes politiques, "de soutenir (son) ministère dans ses efforts contre les groupes indisciplinés", selon un communiqué de son bureau.
M. Ghaban est lui-même membre de l'organisation Badr, bras politique de l'une des plus importantes milices chiites d'Irak.

En juin 2014, quand l'EI a lancé son offensive dans le nord de l'Irak s'emparant notamment de Mossoul, la deuxième ville du pays, et avançant vers Bagdad face à des forces de sécurité en déroute, le Premier ministre d'alors, Nouri al-Maliki, avait annoncé que le gouvernement armerait des volontaires pour mener le combat.
Des centaines de milliers d'Irakiens ont répondu à l'appel, mais les milices chiites qui existaient déjà sont devenues le noyau de ces forces.
Jouissant d'un grand prestige populaire, les milices sont néanmoins critiquées pour leur relative impunité, en particulier dans les zones urbaines.