Le chef du CPL, le général Michel Aoun, est revenu à la charge hier au sujet de la nomination d'un nouveau commandant en chef de l'armée, lors de la conférence de presse qu'il a tenue au terme de la réunion hebdomadaire de son bloc parlementaire, hier, à Rabieh.
Commentant les récentes informations de presse sur une éventuelle convocation du Conseil des ministres, avec, à l'ordre du jour de la réunion, le dossier des nominations sécuritaires, qui serait cependant renvoyé aux calendes grecques durant la réunion, le général Aoun s'est dit opposé à des assises gouvernementales qui seraient une « mascarade » ou un « piège ». « Nous avons entendu parler d'un Conseil des ministres-piège. Il s'agit peut-être de rumeurs, mais soyez sûrs, si c'est le cas, qu'il n'aura pas lieu. De toute façon, le processus des nominations ne peut pas se solder par un échec parce que des noms de candidats ont été avancés et approuvés par tout le monde », a-t-il insisté, avant d'ajouter : « S' ils veulent convoquer une réunion pour la forme seulement, nous devons leur dire que nous ne sommes pas dans une impasse pour accepter ce genre de compromis. Il faut qu'un Conseil des ministres débouche sur la nomination de la personne que nous avions convenu de désigner » à la tête de l'armée, en l'occurrence le général Chamel Roukoz.
Le chef du CPL a rejeté ensuite en vrac les mises en garde relatives à l'impact négatif de la paralysie des institutions sur l'économie du pays. « Nous pouvons considérer que la situation des ménages n'est pas bonne, mais la raison est tout autre. Nous sommes en possession d'une étude qui montre, chiffres à l'appui, que la situation économique du Liban est excellente. Le problème est que le Liban "pillé" ne peut pas assurer aux fonctionnaires et aux enseignants leurs droits », a-t-il indiqué, en estimant que c'est « la mauvaise gestion de l'administration et des ressources qui empêche l'État de satisfaire les revendications de ces derniers ».
Le général Aoun a également contre-attaqué en accusant ceux « qui protestent contre la détérioration économique de ne pas payer leurs impôts ». « L'impôt sur le revenu des sociétés, dont les banques et les professions libérales, se chiffre à près de 783 millions de dollars alors que la proportion d'évasion fiscale équivaut au double de la somme perçue », a-t-il dit, en demandant aux médias de publier l'étude économique « obtenue des institutions de l'État » – que son courant devait par la suite distribuer – « pour que les Libanais puissent la lire à tête reposée ».
Il s'en est pris plus particulièrement aux organismes économiques et aux syndicats des travailleurs, les accusant d'être de collusion « alors qu'ils ne défendent que leurs propres intérêts et ne représentent qu'eux-mêmes ». « Le seul souci de ceux qui se nomment organismes économiques est d'exploiter la population parce qu'ils sont porteurs d'une pensée politique dont l'objectif est de barrer la voie à des gens qui, comme nous, veulent réaliser de véritables réformes », a-t-il dit.
Le chef du CPL s'est interrogé sur le point de savoir pourquoi le dossier économique est mis en avant à chaque échéance nationale. « Sous le mandat Mikati, le gouvernement est resté 11 mois sans se réunir et aucune catastrophe ne s'est produite. C'est le gouvernement qui se bloque aujourd'hui. Les problèmes en suspens peuvent être réglés en un quart d'heure. Il faut juste qu'"ils" respectent les lois et la Constitution et qu'"ils" approuvent ce qui doit l'être », a-t-il ajouté.
Commentant l'affaire des fuites de vidéos de torture à Roumieh, le général Aoun a imputé au service de renseignement des Forces de sécurité intérieure (FSI) la responsabilité des actes de torture infligés par des policiers à des détenus islamistes dans cette prison.
« La responsabilité incombe au service des renseignements des FSI car ce n'est pas la première fois » que de tels scandales éclatent, a-t-il dit, estimant qu'il s'agit d'une « erreur d'individus et non d'une institution » comme les FSI.
Critiquant les réactions dans la rue à ce scandale, il a considéré que « c'est quand l'État ne prend pas des mesures légales à l'encontre des responsables que les mouvements de contestation deviennent légitimes », avant de mettre en relief l'impact de ces mouvements sur la stabilité et la sécurité du pays.
Liban
Aoun : Nous n’accepterons pas une réunion-piège du Conseil des ministres
Le chef du CPL s'en prend aux organismes économiques.
OLJ / le 24 juin 2015 à 01h30
commentaires (5)
A l'obsession suprême s'ajoute une autre !
Halim Abou Chacra
11 h 14, le 24 juin 2015