Allemagne: des manifestants creusent des tombes à Berlin, en soutien aux migrants

Environ 5.000 personnes ont manifesté dimanche à Berlin selon la police, à l'appel d'un collectif controversé qui a creusé des tombes symboliques en face du Parlement pour dénoncer la tragédie des migrants attirés par l'Europe.

Le "Centre pour la beauté politique", un collectif d'artistes militants allemands, avait initialement prévu de se rendre devant les bureaux de la chancelière Angela Merkel, pour y enterrer des cadavres de migrants décédés aux frontières de l'Europe.

La ville de Berlin a interdit cette manifestation. Mais les participants ont renversé les barrières de sécurité élevées autour du Reichstag, le bâtiment du Parlement situé non loin de la chancellerie.
Sur la pelouse face à l'édifice historique, ils ont creusé des dizaines de petits trous, et ont planté des croix surmontés de slogans tels que "Les frontières tuent" et "Les forteresses tombent".
Ils ont aussi apporté trois cercueils, qui étaient vides, a précisé un porte-parole de la police à l'AFP.
La plupart des manifestants se sont ensuite dispersés sur les ordres des forces de police, mais une "petite minorité" a été arrêtée pour troubles de l'ordre public.

Des militants du collectif avaient déjà organisé l'enterrement d'un réfugié syrien à Berlin vendredi. Le groupe assurait que l'homme était mort en Méditerranée et que son cadavre reposait depuis six semaines dans une chambre froide en Sicile.
Plus tôt dans la semaine, une autre cérémonie du même genre avait eu lieu dans un cimetière musulman de la capitale allemande.

L'initiative ne laisse pas l'opinion berlinoise indifférente. Le collectif et son slogan "Les morts arrivent", sont perçus comme macabres et au mépris de toute éthique par certains. Les militants expliquent pour leur part vouloir braquer les projecteurs sur une tragédie qu'il serait trop facile de résumer en quelques chiffres.

Le naufrage d'un navire d'environ 800 migrants en Méditerranée a relancé le débat au sein de l'Union européenne sur son traitement de l'immigration. Quelque 1.800 personnes sont déjà mortes depuis le début de l'année, lors de leur traversée sur des embarcations de fortune depuis les côtes d'Afrique et du Proche-Orient.